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13 novembre 2012 15 h 32

Affaire Mesrine : lancement d’un nouveau livre

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La maison d'édition Wilson & Lafleur fait paraître cette semaine le livre «Mesrine, le tueur de Percé: une fraude judiciaire». 

Dans son dernier docu-roman de 450 pages, l’avocat à la retraite et auteur Clément Fortin conclut que Jacques Mesrine était coupable du meurtre d’Évelyne Le Bouthillier, commis à Percé en 1969.

L’aubergiste du Motel Les Trois Soeurs avait été retrouvée morte étranglée. Au même moment, la police recherchait activement un truand d’origine française, Jacques Mesrine et sa compagne, Jeanne Schneider, pour l’enlèvement raté du riche homme d’affaires montréalais, Georges Deslauriers. Leurs empreintes digitales avaient été relevées sur des objets ayant appartenu à la victime. Les deux comparses avaient alors été inculpés du meurtre.

Le procès avait débuté à Percé, mais avait dû être ajourné, suite à un malaise ressenti par le procureur de la Couronne. Au début de l’hiver de 1971, Mesrine et Schneider ont subi leur procès devant la Cour du banc de la reine à Montmagny.

«Malgré une preuve circonstancielle accablante, leurs machinations ont séduit des jurés naïfs, qui rendront un verdict de non-culpabilité, écrit Me Fortin. Il ne fait pourtant aucun doute que Jacques Mesrine et sa concubine, Jeanne Schneider, étaient coupables.»

Un procès hanté par l’affaire Coffin?

L’auteur, dont le dernier docu-roman s’intitulait «L’affaire Coffin, une supercherie?», établit un lien entre le procès des Français inculpés du meurtre de Percé et celui de Coffin, qui avait eu lieu en 1954. «Je me suis aperçu que, dans l’affaire Mesrine, le juge Paul Miquelon avait représenté le ministère public au procès de Wilbert Coffin, indique Clément Fortin. De plus, Mesrine et Schneider étaient représentés par le plus grand criminaliste de l’époque, Raymond Daoust, dont les accointances avec la pègre étaient connues.»

«Ces deux personnages s’étaient croisés devant la Commission Brossard, créée à la suite de la publication du livre de Jacques Hébert, «J’accuse les assassins de Coffin», paru en 1963, poursuit-il. Mesrine affirme qu’il a lu le livre d’Hébert, avec tous les mensonges qu’il contenait. Donc, selon moi, l’affaire Coffin a hanté le procès de Mesrine.»

«À l’époque, les journaux avaient rapporté ce cri poussé par Mesrine au juge Miquelon comme quoi il n’y aurait pas une autre affaire Coffin», ajoute Me Fortin. C’est d’ailleurs ce lien entre les deux procès qui lui a donné le goût d’écrire sur Mesrine.

«Dans le cas de Mesrine, je dis que c’était une fraude judiciaire parce qu’un crime envers la société doit être puni, continue-t-il. Je n’ai pas de préjugés, mais le jury était composé de cultivateurs qui n’avaient aucune connaissance du milieu criminel. Il y a beaucoup de causes qui sont considérées comme des erreurs judiciaires. Dès qu’on en parle, comme l’affaire Dumont, que le public s’en mêle et les médias aussi, on conclut à l’erreur judiciaire.»

Tâche ardue

Avant d’en arriver à ses propres conclusions, le Gaspésien d’origine s’est soumis à un véritable travail de moine. L’auteur, qui habite Saint-Sauveur depuis une trentaine d’années, aura mis deux ans, interrompus par la maladie et le décès de sa femme, pour passer à travers les 3 346 pages de transcriptions sténographiques du procès de Mesrine et Schneider.

Il a aussi épluché les deux livres écrits par Jacques Mesrine, «L’instinct de mort» et «Coupable d’être innocent», publiés en 1977 et 1979. «Je me suis fait un malin plaisir de soulever les contradictions entre ses écrits et ses témoignages en cour», indique-t-il. Il a aussi basé sa recherche sur le livre de Jeanne Schneider, paru en 1980, «Je n’ai pas le droit à l’oubli». Il a également analysé l’ouvrage «Mesrine, fragment d’un mythe» du journaliste et documentariste français Philippe Roizès. «J’ai relevé au moins trois erreurs dans ses textes», note Clément Fortin.

Il a séjourné à Montmagny pendant une semaine afin de consulter des documents en lien avec ce procès et est allé voir la cellule où Jacques Mesrine avait été emprisonné.

Difficultés

L’auteur fait état de toutes les embûches qu’il a dû affronter pour parvenir à ses fins. Il écorche au passage Bibliothèque et archives nationales du Québec, le ministère de la Sécurité publique du Québec et la Grande Bibliothèque de Montréal. «Au Centre d’archives de Rimouski, on m’a informé que le dossier avait été détruit, déplore-t-il. Plus tard, j’apprends de Philippe Roizès qu’il y avait bel et bien, à Rimouski, un dossier concernant Mesrine.»

Il dénonce également le fait qu’il n’ait jamais pu mettre la main sur le dossier de la Cour d’appel et celui de la police. «Néanmoins, je dois exprimer ma satisfaction à l’égard des Centres d’archives de Montréal et de Gatineau pour avoir répondu avec célérité à mes demandes», tient-il à dire.

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