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10 février 2022 16 h 17

CAMPS DE JOUR : BON CAMP QUAND MÊME!

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Le froid hivernal nous rappelle que l’été est encore loin. Pourtant, pour les gestionnaires des camps de jour, il est temps de se mettre à la tâche pour être fin prêts lorsque les jeunes « campeurs » arriveront après la fin des classes.

Contrairement à un camp de vacances ou un camp spécialisé, un camp de jour est une activité locale offerte par une municipalité, un organisme sans but lucratif ou encore plus rarement par une entreprise privée. On y offre généralement un programme d’activités variées comme des jeux de groupe, des activités de sport ou de plein air, des activités socioculturelles, des sorties, etc. Sauf exception, le campeur assure son transport, apporte son repas et il ne couche pas sur place. La plupart des camps offrent un service de garde en début et en fin de journée.

Au Québec, on estime qu’environ 200 000 jeunes prennent la route des camps de jour chaque été alors qu’en Gaspésie, on en dénombre approximativement 1200. Mais voilà que tout n’est pas rose au pays des camps de jour… Depuis plusieurs années, les responsables font face à plusieurs problèmes, le plus criant étant sans doute la difficulté de recruter de la main-d’oeuvre étudiante qualifiée et parfois, même de la main-d’oeuvre tout court. Il faut admettre que la tâche de moniteur n’est pas de tout repos.

Dans bien des cas, les employeurs embauchent par défaut, des étudiants de plus en plus jeunes, sans expérience, sans formation et disons-le franchement, trop souvent, sans toute la maturité qui incombe à une telle responsabilité. Beaucoup d’étudiants, en particulier les garçons, vont ailleurs pour une tâche moins exigeante, un salaire plus élevé et de meilleures conditions de travail.

Au fil des ans, le pallier provincial a mis en place une formation standardisée, le DAFA pour Diplôme d’aptitudes à la fonction d’animateur. C’est une amélioration en ce qui a trait à la formation mais la trentaine d’heures qu’elle dure ne peut en général pallier les autres carences attribuables au fait que le camp de jour repose presqu’uniquement sur du personnel étudiant.

N’allez pas croire que toutes les difficultés vécues durant la période de septembre à juin, que ce soit à l’école ou ailleurs, disparaissent une fois l’été arrivé. Ce sont les mêmes jeunes dans un environnement différent. Il faut en parler aux professeurs, aux éducateurs, aux intervenants jeunesse pour mieux comprendre l’état de la situation. À l’école, il arrive qu’une équipe (enseignant, éducateur, orthopédagogue, etc.) prenne en charge un jeune avec des besoins particuliers. Au contraire, au camp de jour, il arrive qu’un moniteur étudiant prenne en charge une équipe de jeunes dont plusieurs ont des besoins particuliers. Bien sûr, il faut comprendre que les objectifs sont différents d’un contexte à l’autre, mais le jeune, lui, demeure le même.

Même si c’est en été, prendre en charge un jeune, assurer sa sécurité, le divertir, lui faire vivre des expériences enrichissantes, lui offrir des services adaptés à ses besoins, n’est pas plus facile. Les moniteurs étudiants font ce qu’ils peuvent et souvent, ils accomplissent des prouesses. C’est sans compter que les parents, et c’est compréhensible, s’attendent bien souvent à des services qui se rapprochent de ceux offerts dans un centre de la petite enfance (CPE) ou dans un service de garde en milieu scolaire. Il faut dire qu’aucune loi n’encadre les camps de
jour ou de vacances au Québec. Toutefois, les camps peuvent recevoir une certification au sein de l’Association des camps du Québec (ACQ), en respectant certains critères de qualité et de sécurité.

Bizarrement, un enfant de 0 à 5 ans qui fréquente un CPE ou un autre, de 5 à 12 ans, qui lui fréquente un service de garde en milieu scolaire, reçoit l’aide de l’état par le biais de son institution. Par contre, un enfant de 5 à 12 ans qui fréquente le camp de jour en période estivale n’en reçoit pas ou presque! Les gestionnaires de camps de jour comme les municipalités et les organismes sans but lucratif doivent se débrouiller avec leurs propres moyens. Est-ce à dire qu’aux yeux de l’État, cet enfant compte moins en été? Que les communautés doivent se débrouiller par elles-mêmes pour offrir des services accessibles, de bonne qualité et à prix modique? J’en déduis que l’État accorde une importance variable à un enfant selon la période de l’année.

Il faut bien se rendre à l’évidence que pour assurer la pérennité des camps de jour, il faudra changer des façons de faire. Rajouter plus de ressources humaines et plus de financement, de la part de l’État notamment. Plus de personnel qualifié, plus d’adultes formés et expérimentés comme responsables sur le terrain. Sans exclure les étudiants à qui on pourrait offrir un meilleur encadrement et de meilleures conditions de travail.

Les camps de jour sont des activités quelque peu banalisées car après tout l’été, c’est les vacances, on relâche! Laissons donc nos jeunes, si précieux, sous la responsabilité de moniteurs étudiants qui font leur possible, avec les moyens du bord, tout en souhaitant un service en continuum de ce qui se fait le reste de l’année. Tout n’est pas sombre. Mais si on prenait conscience de l’importance de ce service en été si on se donnait les moyens d’offrir des camps de jour de meilleure qualité et si on mettait en place un cadre de fonctionnement plus uniforme pour tous les camps, plus connecté aussi avec les autres institutions, nos jeunes en seraient les premiers bénéficiaires.

En espérant que ça change bientôt, bon camp quand même!

Photo : Jean-Philippe Thibault