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24 avril 2012 9 h 53

Cimenterie de Port-Daniel : un BAPE est exigé par les écologistes

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Le projet de cimenterie devant voir le jour à Port-Daniel suscite la grogne chez les écologistes  du fait qu’il ne sera pas soumis à l’examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

L’avis de ce projet, dont Le Devoir a obtenu copie en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, indique qu’il a été déposé par son promoteur avant le 22 juin 1995, date à laquelle les normes environnementales ont été resserrées par le gouvernement de Jacques Parizeau. Il n’a donc pas à être soumis aux évaluations du BAPE, confirme le ministère québécois de l’Environnement (MDDEP).

Toujours concernant ce projet, un rapport d’analyse du MDDEP daté du 7 février 1996 souligne que «la principale répercussion provient des émissions atmosphériques, lesquelles comprennent des matières particulaires, des oxydes d’azotes, du monoxyde de carbone, du dioxyde de carbone, du dioxyde de soufre, des métaux lourds et des substances toxiques telles des HAP [hydrocarbures aromatiques polycycliques]». Dans un autre rapport (15 juillet 1996), obtenu également par Le Devoir, on note parmi les impacts appréhendés l’éventualité d’un déversement et l’entrave aux activités de pêche.

Selon Denis Boucher, le porte-parole de Gisement McInnis, le promoteur de la nouvelle cimenterie, «le projet est assujetti à des normes environnementales excessivement strictes. On veut faire de cette cimenterie un modèle en Amérique du Nord». Une situation qui n’a rien pour rassurer le président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), André Bélisle. De fait, une des options envisagées pour chauffer le four de l’usine est le coke de pétrole, un sous-produit du raffinage du pétrole. Or, Gisement McInnis n’est pas en mesure de déterminer pour l’heure ni la quantité, ni sa provenance, ni sa teneur en soufre. «Pour nous, c’est clair, on va demander un BAPE. Ça n’a pas de bon sens de ne pas avoir un BAPE avec un projet de cette envergure! On ne connaît même pas le pourcentage de soufre qu’il va y avoir dans le coke de pétrole, voyons donc! C’est pour ça qu’on a besoin d’un BAPE pour y voir plus clair sur l’ensemble du projet!», a-t-il laissé entendre au quotidien montréalais.

Un BAPE dans la Baie-des-Chaleurs

GRAFFICI.CA a parlé à la porte-parole de la Coalition Éco-Vigilance Baie-des-Chaleurs, Cynthia Dow, qui joint sa voix à l’AQLPA en demandant elle aussi un BAPE. «Je dois dire que les gens d’Éco-Vigilance sont choqués de cette nouvelle-là. Nous trouvons inconcevable le fait qu’il y n’aura pas de BAPE. C’est le droit des citoyens  de savoir ce qui va arriver chez eux. Deuxièmement, c’est le devoir du gouvernement d’assurer que les informations circulent et nous comptons faire cause commune avec l’AQLPA.»

Un BAPE s’impose selon elle, « Écoutez, c’est un minimum d’avoir une instance indépendante qui examine l’impact du projet. Il nous faut une information complète pour le public et s’il n’y en a pas, on pourrait faire nos propres audiences publiques». Mme. Dow rappelle qu’il est «fini» le temps où les compagnies de l’extérieur de la région «vont dire aux Gaspésiens quel type d’air qu’ils doivent respirer et quel type d’eau qu’ils doivent boire. Nous sommes inquiets, vous savez».

Ce projet, qui pourrait voir le jour dans trois ans, est présentement évalué à entre 500 millions et 750 millions de dollars. De 400 à 500 emplois seront créés lors des travaux et près de 150 emplois permanents pendant l’exploitation du site qui contient 450 millions de tonnes de calcaire. La production annuelle pourrait atteindre deux millions de tonnes de ciment qui seront destinées aux marchés étrangers.