Coupure budgétaire : les CPE de la Baie-des-Chaleurs inquiets
Les centres de la petite enfance (CPE) de la Baie-des-Chaleurs estiment que les coupures de 56 millions de dollars dans le réseau des garderies auront des impacts directs sur les services offerts aux enfants.
La ministre de la Famille, Nicole Léger, a annoncé la semaine dernière que le budget des garderies sera réduit de 56 millions de dollars. Les compressions, qui entreront en vigueur à partir du 1er juillet, seront d’environ 38 millions de dollars pour les CPE et de 18,3 millions de dollars pour les garderies privées.
En conférence de presse mercredi matin à Maria, la directrice du CPE de la Baie à Maria, Julie Dalpré et son homologue du CPE Pouce-Pousse à New Richmond, Josée Porlier, ont affirmé que les parents doivent s’attendre à ce que les services offerts à leurs enfants soient directement touchés.
Dans la Baie-des-Chaleurs, les compressions représenteront 50 000$ annuellement pour le CPE de la Baie, 35 000$ pour le CPE Pouce-Pousse, 22 000$ pour le CPE Aux Joyeux Marmots et 17 000 pour le CPE La marinière.
«Ces coupures mettent nos CPE en péril. Actuellement, 80% des subventions servent à payer le salaire de nos employés. Et le 20% qui reste sert surtout à payer nos frais courants», souligne la directrice du CPE Pouce-Pousse, Josée Porlier, qui craint que les administrateurs n’aient pas le choix de couper dans les services éducatifs et alimentaires.
«Ce qu’on coupe toujours en premier dans les CPE, ce sont les conseillères pédagogiques. [Ce service], c’est ce qui nous permet de faire des suivis pour les enfants en besoin particulier, notamment», se désole pour sa part la directrice du CPE de la Baie, Julie Dalpré.
Les CPE Pouce-Pousse et de la Baie prévoient par ailleurs terminer leur prochaine année financière avec un déficit. À l’échelle provinciale, 51% des CPE sont en déficit.
Une stratégie pour favoriser la maternelle 4 ans ?
Les deux directrices estiment par ailleurs que les coupures financières camouflent la volonté du gouvernement Marois de déplacer tous les enfants de quatre ans vers la maternelle à temps plein.
Les coupures dans les CPE, a précisé, Mme Dalpré, vise d’ailleurs principalement les subventions pour cette clientèle. «Nous n’avons toujours pas de directive claire du ministère, mais selon nous, il s’agit d’une façon subtile d’envoyer les quatre ans dans les maternelles», dit-elle.
Sans ces subventions, les CPE devront sérieusement réfléchir à l’idée de ne plus accueillir les enfants de quatre ans. «Si on les garde, on s’assure de faire un déficit», poursuit Mme Dalpré.
Dans ce contexte, plusieurs CPE seront tentés de revoir leur projet de développement en vue d’obtenir plus de places, croit-elle. «J’avais prévu de déposer un projet au mois de juin pour avoir 20 places supplémentaires pour les quatre ans dans ma bâtisse. Si je les retire, je ne sais plus si je serai en mesure de remplir des places avec les autres clientèles.»
Josée Porlier rapporte que cette situation créée beaucoup d’inquiétude chez les parents qui prévoyaient envoyer leur enfant de quatre ans dans un CPE cette année. «Si on dit aux parents que nous ne pouvons plus les accueillir, est-ce que les écoles sont prêtes à prendre la relève ? Si les écoles ne les prennent pas, plusieurs enfants se retrouveront sans place», craint-elle.
Les deux directrices suivront de près les discussions entre l’Association québécoise des centres de la petite enfance et la ministre Léger au cours des prochains jours. Elles espèrent que le gouvernement fera marche arrière et comptent interpeller les députés locaux à ce sujet.