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13 mars 2012 16 h 54

Fous de Bassan de l’île Bonaventure : déclin inexpliqué de la colonie

La colonie de fous de Bassan de l’île Bonaventure, à Percé, a diminué de 20 % entre 2009 et 2011, selon un décompte du Service canadien de la Faune (SCF).

Les raisons du déclin sont inconnues, mais des chercheurs québécois et terre-neuviens se regroupent pour tenter de l’expliquer. Le personnel du SCF vient tout juste de compléter le travail de moine de compter les fous sur ses photos aériennes prises en juillet 2011.

Résultat : la colonie comptait environ 47 800 couples nicheurs à cette date, comparativement à près de 60 000 en 2009. Dès l’été 2010, les chercheurs du SCF avaient noté une baisse. Ils avaient d’abord cru que la date de l’inventaire, plus tardive qu’à l’habitude, pouvait avoir joué, ce qui n’est finalement pas le cas.

Des questions

Jusqu’en 2009, la population de fous à l’île augmentait régulièrement depuis 30 ans. Avec le récent déclin, les fous de Bassan sont revenus à leur niveau du début des années 2000. «Ce n’est pas catastrophique, mais la tendance est à la baisse, alors il faut se poser des questions», affirme Jean-François Rail, du SCF, biologiste aux oiseaux marins.

«Ça peut être des mauvaises conditions climatiques, une maladie, la faible abondance des proies, dit M. Rail. Il y a une limite, aussi, à la taille des colonies. Les ressources des fous peuvent être épuisées.»

D’autres colonies aussi

Les chercheurs nord-américains sur le fou de Bassan se sont réunis récemment. Ils formeront un groupe d’étude pour échanger de l’information et chercher les causes.

Une démarche d’autant plus nécessaire que le déclin ne touche pas que l’île Bonaventure. «Il y a des signes de stabilisation ou de déclin dans toutes les colonies nord-américaines, même si la tendance est plus frappante à l’île Bonaventure», affirme M. Rail. Cinq autres colonies, moins importantes que celle de Percé, se trouvent dans le golfe du Saint-Laurent et à l’est de Terre-Neuve.

Et le déversement de pétrole?

Le déversement de pétrole dans le golfe du Mexique, en avril 2010, peut-il expliquer le déclin? Non, répond M. Rail. «Les fous qui nichent à l’Île Bonaventure étaient déjà presque tous rendus à la colonie à cette date-là.» Seuls les jeunes âgés d’un ou deux ans restent dans le Sud en été. Et ceux-là ne viendront nicher à l’île qu’à l’âge de cinq ans, soit en 2014.

Toutefois, «même s’il n’y a plus de nappe de pétrole, ça ne veut pas dire que l’habitat (du golfe du Mexique) n’est pas impacté», ajoute M. Rail. Environ le quart de la population adulte de l’île Bonaventure passe l’hiver dans le golfe du Mexique. Les autres se tiennent au large des côtes de la Floride et plus au nord jusque vers Cape Cod.

Le déversement d’avril 2010 a déjà enclenché un suivi plus serré des fous de l’île Bonaventure. Ils sont dénombrés chaque année plutôt qu’aux cinq ans. Leur aire d’hivernage sera étudiée plus à fond. Et des chercheurs tenteront de détecter des traces de contaminants chez les fous, et  leurs éventuels effets physiologiques.

Des falaises et du poisson

Les fous de Bassan viennent se reproduire d’avril à octobre sur l’île Bonaventure. Ils profitent des eaux poissonneuses des alentours, où l’on peut les voir plonger en piqué pour attraper du poisson. Sur l’île, ils trouvent aussi des falaises pour nicher et un habitat protégé, où les prédateurs sont moins nombreux.

Le couple est fidèle au même nid chaque année. Il couve un œuf qui éclot vers la Saint-Jean. Pour s’alimenter et ramener de la nourriture à leur poussin, les parents font tour à tour des sorties en mer d’une durée moyenne de 28 h, lors desquelles ils parcourent 132 kilomètres en moyenne. L’envergure d’un fou peut atteindre 1,80 mètre, et son poids, 3,2 kg.

Des fous… et des visiteurs

En 2009, la colonie de l’île Bonaventure était devenue la plus importante colonie de fous au monde, détrônant celle de Saint-Kilda, en Écosse. Chaque année, 100 000 personnes font une croisière à l’île Bonaventure. De ces visiteurs, 60 000 débarquent sur l’île. Le territoire est sous protection provinciale, avec le parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé.