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30 juillet 2013 15 h 42

Fracturation : Gaspé demande des normes plus sévères

GASPÉ - Québec devrait interdire la fracturation dans les zones habitées tant que l’expertise n’est pas assez développée pour rendre la technique la plus sécuritaire possible, recommande la Ville de Gaspé au gouvernement.

Gaspé a fait parvenir un mémoire au ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, pour commenter son projet de règlement provincial sur la protection de l’eau potable.

Le projet est un « premier pas intéressant », note la Ville. Toutefois, les normes proposées « ne sont pas suffisantes car elles ne tiennent pas compte du type de réservoir et du type de formation géologique où se localiseront les forages », indique le mémoire. La protection devrait être plus importante dans le cas d’un réservoir non conventionnel, c’est-à-dire susceptible d’être fracturé pour en extraire le pétrole ou le gaz, croit le conseil municipal.

La fracturation consiste à injecter en profondeur, à forte pression, un mélange d’eau (ou d’un autre liquide), de sable et de produits chimiques pour créer des fractures que le pétrole ou le gaz pourront emprunter.

Distances « nettement insuffisantes »

Dans son projet de règlement, Québec propose une distance minimale de 300 mètres entre un forage et un prélèvement d’eau potable, ainsi que l’obligation pour l’industriel de présenter une étude hydrogéologique dans un rayon de deux kilomètres du forage.

« Les distances établies pour effectuer des opérations de fracturation sont nettement insuffisantes pour s’assurer d’une protection adéquate de l’aquifère », indique la Ville.

Dans son mémoire, la municipalité cite notamment une étude publiée en 2011 par un groupe de chercheurs américains, dont Stephen G. Osborn, qui ont relevé des concentrations de méthane 17 fois plus élevées dans l’eau souterraine de secteurs situés à moins d’un kilomètre de puits de gaz de schiste fracturés, comparativement à des formations géologiques semblables, mais non exploitées.

Selon Gaspé, il ne suffit pas d’adopter les normes les plus sévères en Amérique du Nord, comme s’en vante le ministre Blanchet. « Plusieurs territoires sont actuellement en révision de leur réglementation et il est appréhendé que lesdites normes soient rehaussées », rappelle Gaspé. La protection de l’aquifère doit plutôt être le but visé, croit le conseil.

Des contrôles indépendants

Les suivis et les contrôles des forages doivent être la responsabilité du ministère de l’Environnement plutôt que d’être laissés aux mains de l’industrie, ajoute Gaspé. Ces suivis devraient s’étendre au-delà des dix ans suivant la fin de l’exploitation préconisés dans le projet de règlement, recommande la Ville.

Québec doit aussi établir une distance minimale entre un forage et un cours d’eau de surface, une norme absente du projet de règlement. 

Gaspé recommande qu’un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement soit requis avant tout forage, et pas seulement pour l’utilisation de la fracturation, comme c’est le cas actuellement. 

Le maire de Gaspé, François Roussy, a averti qu’il ne commenterait pas la position prise par Gaspé dans son mémoire.

En décembre, Gaspé a adopté son propre règlement sur l’eau potable, qui interdit d’injecter dans le sol, par forage ou tout autre procédé, tout fluide susceptible d’altérer la qualité de l’eau à moins de deux kilomètres d’un puits artésien. Ce règlement, qui sera supplanté par celui de Québec, a pour effet d’empêcher Pétrolia de forer Haldimand n° 4, un puits prévu à 350 mètres de résidences et à 800 mètres d’un puits artésien.