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24 janvier 2013 15 h 26

Gaspé : Pétrolia suspend ses activités à Haldimand

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Devant l'ampleur de la controverse dans le dossier qui l’oppose à la Ville de Gaspé, Pétrolia a choisi de suspendre momentanément ses activités au puits Haldimand no° 4.

C’est au cours d’une conférence de presse tenue jeudi après-midi à Gaspé que le président de l’entreprise, André Proulx, a fait part de cette décision, tout en indiquant son intention de ne pas quitter la région.  

«Je peux vous dire que la foreuse ne partira pas de Gaspé», a lancé d’entrée de jeu M. Proulx, ce qui lui a valu des applaudissements d’un groupe d’une vingtaine de personnes en faveur de l’exploration et de l’exploitation du pétrole à Gaspé.

Toutefois, un certain nombre d’équipements en location devront être démobilisés vers d’autres lieux de forage au Canada.

«Climat plus serein» 

«Cette décision a été prise afin de permettre aux divers intervenants reliés au dossier de pouvoir discuter dans un climat plus serein et qui fait davantage appel au rationnel qu’à l’émotivité», a-t-il indiqué.

Pétrolia est toujours d’avis que le règlement municipal visant à protéger les sources d’eau potable adopté par la Ville de Gaspé le 19 décembre dernier outrepasse les pouvoirs de la municipalité et brime les droits de l’entreprise.

«Je suis déçu de l’attitude de la municipalité et non de celle du gouvernement. Je peux vous affirmer qu’ils [le gouvernement] ont mis tous les efforts nécessaires pour en arriver à des solutions possibles», a précisé M. Proulx.

Même s’il détient un avis juridique favorable, indiscutable selon lui, André Proulx ne veut pas utiliser la voie judiciaire pour avoir gain de cause. «On ne gagnera pas avec un jugement qui va certainement donner raison à Pétrolia. Je n’aurai pas raison et les citoyens n’auront pas raison. On n’a jamais voulu travailler comme ça. Je veux continuer à tenir la porte ouverte», a expliqué le président.

Solution possible 

M. Proulx souhaite toujours trouver une solution équitable pour tous, notamment en passant par une suspension temporaire du règlement, mais il soutient n’avoir reçu aucune ouverture de la part de Gaspé.

«Pour l’instant, il faut laisser l’émotivité. On a besoin d’une ou deux semaines pour laisser la poussière retomber», a lancé M. Proulx, qui ne peut dire combien de temps il est prêt à attendre.

«Moi, c’est une perte nette d’au-dessus de 3 millions de dollars que je laisse sur la table», a-t-il affirmé, précisant qu’il n’a pas l’intention de demander une compensation à Québec. 

Réactions

La Ville de Gaspé accueille favorablement la décision de Pétrolia. Le maire, François Roussy, n’a pas l’intention de suspendre l’application du règlement municipal, tel que suggéré par Pétrolia. «Tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas une modification des lois et des règles du gouvernement du Québec qui va permettre le développement de cette industrie en respect de la population, de l’environnement et de l’eau potable, on se doit d’appliquer une telle réglementation.»

La balle est donc dans le camp du gouvernement, estime M. Roussy. «Québec a tous les outils pour faire un nouveau cadre réglementaire qui respecte sa volonté de développer les hydrocarbures avec les plus hauts standards en terme d’environnement et d’acceptabilité sociale», a dit M. Roussy.

Pour sa part, le ministre délégué aux Régions et député de Gaspé, Gaétan Lelièvre, souligne que cette décision permettra à l’ensemble des parties concernées par ce dossier de mieux cerner l’ensemble des enjeux. De passage dans la MRC du Rocher-Percé jeudi, M. Lelièvre a qualifié de «sage» la décision de Pétrolia. «Cela va nous permettre de poursuivre les discussions», a-t-il déclaré.

Le ministre reconnaît que son gouvernement a du travail à faire entourant cette question, notamment en modernisant la Loi sur les mines. «On va s’affairer à moderniser la Loi sur les mines avec, je l’espère, la collaboration des autres partis politiques le plus rapidement possible. La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a pris la décision de déposer un projet de loi à l’Assemblée nationale dès la rentrée parlementaire [prévue à la mi-février]. Et le ministre de l’Environnement a la volonté de déposer une réglementation visant notamment la protection de l’eau potable».

De son côté, le président de la Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé, Frédéric Côté, croit qu’il s’agit d’une décision responsable dans le contexte. «C’est à l’avantage de tous les partis de se donner le temps de trouver une solution satisfaisante.»