La FPJQ régionale dénonce la mairesse de Mont-Saint-Pierre
NEW RICHMOND — La section Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine-Matane de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) dénonce la décision de la mairesse de Mont-Saint-Pierre, Lynda Laflamme, d’interdire dorénavant aux journalistes de filmer les assemblées publiques du conseil municipal.
Dans un communiqué émis ce jeudi, la section régionale de la FPJQ rapporte que la mairesse attendait les journalistes de pied ferme lors de la séance du mercredi 15 janvier. « Dès leur entrée dans la salle du conseil, elle les a avertis qu’ils n’auraient pas le droit de filmer. Elle a exigé que le caméraman Claude Côté, de Radio-Canada, range sa caméra. Mme Laflamme a prétexté que le fait de filmer cette séance, qui se veut par ailleurs démocratique, mettait les citoyens mal à l’aise. Pour justifier son interdit, elle a brandi l’article 142 du Code municipal, qui énumère certains pouvoirs et devoirs généraux des maires, mais ne traite aucunement du travail des journalistes », raconte la présidente de la section régionale, Geneviève Gélinas.
Selon la FPJQ, l’interdiction des caméras vidéo va à l’encontre du droit du public à l’information.
Mme Gélinas signale en outre que ce n’est pas la première fois que les journalistes se heurtent à la fermeture de la mairesse Laflamme.
« Depuis son élection en novembre, elle omet presque systématiquement de retourner leurs appels», ajoute Mme Gélinas.
La mairesse se défend
En entrevue accordée à GRAFFICI.CA, la mairesse se défend. « Il y a un seul dossier sur lequel je refuse de répondre aux journalistes et c’est le cas (Giovani) Mancini (de la Vallée Taconique) et (Sylvain) Ouellet (son mari) qui est un conflit de nature privé qui est devant la justice et qui ne concerne pas la municipalité. C’est mon avocat qui m’a dit de ne pas répondre. Pour tous les autres dossiers, je n’ai pas de problème à parler aux journalistes », se justifie la mairesse.
Concernant l’interdiction de filmer le conseil municipal, Mme Laflamme n’a pas l’intention de reculer. « Ça rend les gens du public mal à l’aise et j’ai le droit, selon le MAMROT (ministère des Affaires municipales des Régions et de l’Occupation du territoire), d’interdire les caméras dans la salle du conseil », affirme la mairesse. « Les journalistes sont les bienvenus dans la salle et peuvent faire leur travail, excepté qu’ils ne peuvent filmer », soutient Mme Laflamme.
Pas un cas unique
Mont-Saint-Pierre n’est pas la seule municipalité à interdire les caméras dans sa salle de conseil. Lors d’une vérification faite par la FPJQ régionale il y a un an, cinq municipalités faisaient de même, soit Petite-Vallé, Cloridorme, New Carlisle, Sainte-Thérèse-de-Gaspé et La Martre. Il n’a pas été possible de vérifier, mais rien n’indique que les choses aient changées dans ces municipalités.
La section régionale de la FPJQ rappelle donc à Mme Laflamme et à l’ensemble des élus municipaux de la Gaspésie que pour exercer leur rôle, les journalistes ont besoin non seulement de filmer les assemblées du conseil, mais aussi d’interviewer les élus et d’avoir un libre accès aux documents municipaux et aux employés municipaux.
D’Ailleurs, en 2010, la FPJQ demandait d’ajouter un article à la Loi sur les cités et villes pour permettre l’enregistrement et la diffusion des débats des conseils dans leur totalité. Elle réclamait aussi à la Fédération québécoise des municipalités et à l’Union des municipalités du Québec un programme de formation, avec la collaboration de la FPJQ, sur le travail des journalistes à l’intention des élus. À la lumière des événements de Mont-Saint-Pierre, la FPJQ régionale est d’avis que ces recommandations, loin d’être mises en pratique, sont plus que jamais d’actualité.