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15 décembre 2013 23 h 46

La grogne monte chez les chasseurs

GASPÉ – La grogne monte chez des chasseurs gaspésiens, qui souhaitent garder leur camp en forêt publique même si la loi l’interdit. Depuis 2010, les employés du ministère  des Ressources naturelles (MRN) ont affiché 856 avis de prise de possession sur des camps en Gaspésie. 

Le dossier touche plus largement des milliers de chasseurs qui ont construit un chalet ou immobilisé une roulotte sur leur territoire de chasse à l’orignal au fil des décennies en Gaspésie.

Seulement dans le secteur de Grande-Vallée, le président de l’association chasse et pêche locale, Bermans Minville, estime que « pour mes 550 membres, il y a au moins 300 à 350 campements dans le bois. Et je dirais que moins de dix ont été légalisés ».

Loi claire

La Loi sur les terres du domaine de l’État est pourtant claire : le propriétaire d’un bâtiment érigé sans droit a sept mois pour s’identifier auprès du ministère et prendre un arrangement pour le déplacer à au moins un kilomètre. Sinon, le MRN en prend possession et peut le démolir ou le brûler. Le ministère ne régularise plus de camp depuis 1989.

M. Minville sent que la surveillance du MRN s’est intensifiée dans son secteur, ce qui agace ses chasseurs. « À un moment donné, on va se mettre les 550 à l’orée du bois et vous allez revirer de bord, mes petits amis! », lance-t-il.

Payer pour rester?

Ses membres sont prêts à payer 200 $ à 300 $ par an pour régulariser leur camp, déclare M. Minville.

L’idée de payer pour rester est toutefois loin de faire l’unanimité parmi les chasseurs. Le président régional de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, Alain Poitras, est contre. « Les gens diraient : moi, je paie, je suis chez nous […] Ce serait la guerre du Vietnam. Là, c’est déjà la guerre, mais on s’en sort sans dommage quand même tous les ans. »

M. Poitras demande plutôt à ses membres d’éviter de s’approprier le territoire public, dans un contexte où les chasseurs se multiplient en forêt, et les tensions aussi. La vente de permis de chasse à l’orignal a presque doublé depuis 15 ans en Gaspésie, passant de 12 741 en 1998 à  24 533 en 2012.

Pas plus de surveillance, dit le MRN

Le MRN n’a pas resserré sa surveillance, précise le directeur régional Marc Lauzon. Mais ses techniciens ont fait plus d’inventaires forestiers et ont donc repéré davantage de camps illégaux. Des 856 dossiers, 399 ont été réglés, soit que le propriétaire l’a déplacé ou que le ministère en a disposé. Aucun dossier ne s’est rendu en cour, indique M. Lauzon.

Une loi légitime, selon le député Roy

La loi doit être maintenue telle quelle, croit le député péquiste de Bonaventure, Sylvain Roy. « Les gens savaient qu’ils n’avaient pas le droit, mais ils ont pris le risque de se construire des camps de chasse. »

Selon le député, il faut protéger l’accès aux terres publiques. « Si on laissait ça aller, dans 100 ans, il n’y aura plus un pouce carré de territoire public accessible. »