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Éditorial
23 juin 2015 10 h 53

LA MÉTHODE

Thierry Haroun

Libre arbitre

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Les premiers reportages sur ce projet nous proviennent de Radio-Gaspésie et Radio-Canada au mois d’avril. On y apprenait que l’idée est de transporter le gaz provenant du site Bourque (détenu par Pétrolia et situé près de Murdochville) via un gazoduc qui sera acheminé vers une unité de liquéfaction installée dans un port de la région. Par la suite, il sera dirigé vers la Côte-Nord. Les chiffres dévoilés sur la place publique à ce moment-là au titre de ce projet étaient de 500 M$ et 250 emplois, selon l’entreprise.

Vous avez bien lu! 500 M$ et 250 emplois. On retient pour nos archives. À ce moment-là, on notera aussi que les municipalités intéressées à recevoir cette manne vont de Gaspé à Sainte-Anne-des-Monts, en passant par Grande-Vallée et Cloridorme. En faisant une telle sortie dans les médias, la firme fait monter les enchères entre les municipalités tout en maintenant un flou sur le site qui sera choisi. Une bonne vieille méthode qui marche à tout coup. Il s’agit que de penser à Orbite Aluminæ qui avait fait le même coup à ses débuts en mettant en concurrence Grande-Vallée, Cap-Chat et Murdochville. On citera aussi le projet de ferrochrome de la firme Allican au début des années 2000 qui laissait entendre que son projet aurait pu prendre place sur la Côte-Nord, en Gaspésie, voire à Thetford Mines.

Revenons à Tugliq. Six semaines plus tard, soit au début de juin, CHNC apprend que Tugliq n’avait toujours pas déposé son avis de projet au ministère de l’Environnement. Au moment où ce média appelle l’entreprise pour un commentaire, ça adonnait justement que la direction de la firme était dans la région pour une dizaine de jours pour rencontrer des élus de plusieurs municipalités pour leur parler de son projet et « mieux le définir » en vue de « déposer prochainement » l’avis de projet. Voilà ce qu’avait à dire à CHNC le porte-parole, Alexandre Boucher, qui travaille pour la firme de communication National.
C’est que voilà, la direction de Tugliq est tout à coup devenue plus prudente, préférant passer par une firme de communication, histoire de s’assurer de contrôler le message. Mais que dit National au fond? Pas grand-chose. On parle de dizaines de millions de dollars et on dit que l’emplacement n’est pas choisi. Mais elle parle quand même aux élus qui ont, comme d’habitude, accepté de jouer le jeu, mais sans connaître les détails puisque l’avis de projet n’est pas déposé. C’est un détail majeur. Résultat? Grande-Vallée veut l’obtenir tout comme Gaspé, etc. Ce qui fait l’affaire de Tugliq. On voit déjà venir le reste de la rengaine : on commande un sondage qui nous annonce que la population est en faveur, on a en poche quelques résolutions de municipalités et d’organismes qui vantent le projet et après on se présente devant les bras financiers de Québec et Ottawa afin de se donner toutes les chances d’obtenir des aides financières.
On est bien contents pour l’entreprise, mais elle devra déposer son avis de projet rapidement pour démontrer le sérieux de sa démarche, car sans avis de projet on parle dans le vide. Maude Prud’homme du groupe écologique Tache d’huile, avait bien raison de déclarer ceci : « La firme fait les choses à l’envers. Qu’elle dépose l’avis de projet au ministère de sorte qu’on puisse considérer l’ensemble du projet et l’ensemble des risques, connaître les avantages ou encore ses conséquences. »

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Bibliothèque Clément-Trudel

Le Libre arbitre propose à la Ville de Percé de nommer sa bibliothèque municipale en l’honneur de l’ancien journaliste et citoyen de Percé, Clément Trudel, décédé récemment. Son legs est immense pour la Gaspésie, puisqu’il a mis sur pied, dans cette bibliothèque, une collection (Suite marine) constituée de plus de 500 titres d’auteurs gaspésiens ou traitant de la région.

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