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23 mai 2019 15 h 38

Les pêches commerciales à l’âge des technologies

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CHANDLER, mai 2019 - Les gens désignent souvent les pêches commerciales comme une «activité traditionnelle» pour la Gaspésie. Pourtant, les progrès technologiques sont appliqués aux pêches avec une assiduité accrue depuis une bonne soixantaine d’années, notamment lors du renouvellement de la flotte côtière au moyen des Gaspésiennes, dans la seconde moitié des années 1950. Récemment, Dave Cotton, de Rivière-au-Renard, et Samuel Roussy, de Gascons, ont développé des outils technologiques originaux d’un autre niveau, des outils qui sont en train d’avoir un impact sur les scènes nationale et internationale. Graffici vous amène à leur rencontre.

Jobel: du projet étudiant à la révolution de la collecte de données sur les pêches

 Jobel, voilà le nom de l’outil électronique qui remplace désormais les journaux de bord en papier dans les bateaux de pêche en Gaspésie et qui s’installe sur un nombre grandissant de flottes pour devenir la norme.

Né d’un projet d’études, le logiciel est maintenant reconnu par Pêches et Océans Canada comme un outil officiel pour la collecte des données. Samuel Roussy, chargé de projet logiciel pour le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG) était sur les bancs d’école en 2014, dans le programme génie logiciel à l’École de technologie supérieure de Montréal.

Le fils de pêcheur gaspésien a décidé de mettre sur pied, comme projet de fin d’études, une page Web / logiciel qui faciliterait la vie des professionnels du domaine. Testé à bord de certains bateaux un été, l’outil s’est vite imposé comme étant une solution aux premiers journaux de bord, manuels ou informatiques.

«Au départ, la collecte de données n’était pas officielle. Les pêcheurs utilisaient les journaux de bord électroniques et remplissaient les données aussi à part, pour mon projet», se rappelle M. Roussy.

Cependant, il était évident que les premiers journaux de bord électroniques, tels qu’ils existaient en 2014, n’étaient pas la solution la plus pratique. Dispositif physique comprenant un ordinateur, celui-ci s’avérait difficile à implanter dans les petites embarcations sans cabine pour le protéger des intempéries. De plus, les mises à jour étaient plutôt complexes et demandaient l’intervention d’un technicien.

«Avec Jobel, on propose une page Web qui se met à jour toute seule, qui peut fonctionner hors réseau avec un système de cookies et qui peut être utilisée sur n’importe quelle devise : cellulaire, ordinateur, tablette », spécifie M. Roussy.

La formule est simple, il s’agit d’un abonnement avec nom d’utilisateur et mot de passe, et la page se présente sous la forme d’un sondage avec des cases à cocher et à remplir. Les données GPS sont enregistrées toutes seules et les données qui se répètent d’une sortie à l’autre sont mémorisées, ce qui facilite la manipulation.

Un outil qui se généralise

Jobel est maintenant l’outil préconisé par Pêches et Océans Canada pour bâtir les statistiques concernant les différents types de pêche. Implanté au coût de près d’un million$, il est administré par le Regroupement des pêcheurs professionnels de la Gaspésie.

Deux emplois à temps complet se rattachent à sa gestion, et une grappe de programmeurs et techniciens se greffe à l’équipe en saison de pêche, une situation qui pourrait devenir plus permanente, avec l’utilisation du logiciel par d’autres flottes.

« Dans les secteurs comme la Nouvelle- Écosse, la pêche au homard se fait en hiver. Ça veut dire qu’on pourrait avoir des gens au support technique qui travaillent à l’année », explique Samuel Roussy.

C’est que l’utilisation de Jobel se répand de plus en plus. Obligatoire en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, le logiciel est maintenant accessible sur la Côte-Nord et au nord du Nouveau-Brunswick et il continue de prendre de l’expansion.

Jobel : utile pour l’environnement

La certification de pêche durable du Marine Stewardship Council, dont bénéficient les pêches de la région, peut être obtenue grâce à des données prélevées avec Jobel. Les statistiques permettent de documenter certaines pratiques de pêche pour servir à l’obtention de la certification.

De plus, Jobel permet d’en savoir plus sur les changements au sein des espèces marines. «Les pêcheurs déclarent leurs prises accessoires. À titre d’exemple, si on déclare qu’on a attrapé une certaine espèce de poisson, cela peut permettre de suivre cette espèce dans le milieu », affirme M. Roussy.

En lice pour un prix

Le RPPSG est présentement finaliste au prestigieux concours d’affaires Les Mercuriades, piloté par la Fédération des Chambres de Commerce du Québec, avec Jobel. Les résultats seront connus le 29 avril.

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