Murdochville : l’heure des choix
MURDOCHVILLE – La mairesse de Murdochville compte sur Québec pour financer 95 % des travaux d’infrastructures de 37,3 millions de dollars d’ici dix ans. Elle promet d’impliquer la population si des choix doivent être faits.
Jeudi soir devant une centaine de citoyens, la Ville a présenté les estimations commandées à la firme BPR.
Murdochville doit mettre aux normes ses systèmes d’alimentation en eau potable et de traitement des eaux usées, en plus de refaire ses conduites d’eau et d’égout. Ces travaux totaliseront 9,7 millions $.
Il faudra 13 millions pour remplacer les vieux ponceaux et refaire certaines rues. Le centre de ski du Mont-Miller a besoin d’un chalet et d’un remonte-pente neufs, au coût de 4,6 millions $. La Ville devra aussi investir près de 6 millions pour réparer l’aréna.
« Pas question de fermer »
« Nous avons des infrastructures qui ont 60 ans [l’âge de la ville], et de grosses infrastructures, car nous étions une grosse ville », a déclaré la mairesse Délisca Ritchie Roussy. Murdochville a déjà compté 5000 habitants, comparativement à 800 aujourd’hui.
La mairesse a clos d’emblée le sujet de la fermeture. « Il n’est pas question de fermer Murdochville ou de nous relocaliser. On doit travailler tous ensemble pour conserver nos acquis. »
Un peu sonnés
Pendant la présentation, les citoyens ont parfois semblé sonnés par l’addition des millions.
La Ville semble vouloir « s’accrocher au passé », a commenté le citoyen Réjean Lord. « Est-ce que [ces infrastructures] répondent aux besoins d’une ville de 800 personnes ou de 5000? », a-t-il demandé.
Manon Lawrence, une commerçante, est partagée. Rénover l’aréna, « c’est sûr que c’est cher, mais c’est nécessaire pour nos jeunes et nos ados. »
Un citoyen a relativisé les coûts. « On voit ça gros, mais si on réussit à obtenir 95 % [de Québec], il reste à payer 2 millions, soit 200 000 $ par an. » Un autre a demandé à la mairesse s’il était réaliste d’espérer cette contribution de 95 %, et si elle avait un plan B.
« On fera les demandes et on verra après si on rêve en couleurs », a répondu Mme Roussy. Elle refuse pour l’instant d’envisager des « sacrifices », préférant dire qu’on trouvera « des solutions » et que la population sera consultée.
La mairesse tendue
La mairesse a semoncé l’assemblée avant de commencer. « La Sûreté du Québec est dehors, j’ai juste à téléphoner pour qu’on vienne arrêter la personne. […] Je ne veux pas de chicane, les médias sont ici ce soir. » Pendant la période de questions, la mairesse a expulsé le citoyen Réjean Lord, mécontente qu’il l’ait interrompue.
« Des exceptions à négocier », selon Lelièvre
Contacté par GRAFFICI.CA, le ministre responsable de la région, Gaétan Lelièvre, n’a pas fermé la porte à une aide de 95 % pour l’aqueduc et l’égout. « De base, l’aide est de 60 %. Ça s’est déjà rendu à 95 % dans le passé mais le maximum est plutôt de 85 % aujourd’hui. Il y a toujours des mesures d’exception à négocier. »
Par contre, il est improbable que Murdochville reçoive 95 % de subvention pour son aréna et son centre de ski, a ajouté le ministre. « Pour les infrastructures de loisirs et de développement économique, c’est d’habitude plus bas que 85 %. »
Québec n’a « aucunement la volonté de fermer Murdochville », réitère le ministre, surtout que Pétrolia (à Bourque), Orbite Aluminæ et Ressources Pélican (carrière de calcaire) ont des projets dans le secteur.
Des finances saines, mais serrées
Murdochville n’a pas de dette, mais peut difficilement emprunter à cause de la faible valeur de son parc immobilier. Une maison moyenne est évaluée à 32 000 $ et ses propriétaires paient 1630 $ en taxes municipales.
Murdochville souhaite obtenir 120 000 $ de redevances annuelles d’EDF Énergies nouvelles, qui construira bientôt un parc éolien de 74 mégawatts près de la ville.
En 2002, Murdochville a perdu son principal employeur, la fonderie de cuivre Noranda.