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Culture
23 novembre 2020 14 h 36

Œuvres littéraires 2020 ; partie 3

CARLETON-SUR-MER | Annulations de lancements, tenue d’événements exclusivement virtuels et pandémie de COVID-19 prenant d’assaut l’attention des médias : les auteurs et autrices présentant au public une nouvelle œuvre en 2020 ne l’ont pas eu facile. Force est de constater que ces créateurs n’ont pas, règle générale, eu droit à la visibilité sur laquelle ils auraient pu fort probablement compter dans un autre contexte. GRAFFICI a ainsi choisi de leur offrir une occasion supplémentaire de vous parler de ce qui constitue, pour plusieurs d’entre eux, le fruit de plusieurs années de travail. Voici quelques-unes des nombreuses œuvres parues ou à paraître plus tard cette année et conçues par des Gaspésiens d’origine ou d’adoption

La Traversée des écrivains
Collectif d’auteurs (récit de voyage)


256 pages, publié aux Éditions La Presse

Peut-être dit-on à tort que l’immensité réduit au silence, qu’un paysage est « à couper le souffle ». Tout en verve, tout en souffle, littéraire celui-là, une dizaine d’auteurs en font la preuve dans La Traversée des écrivains – La Gaspésie par monts et par mots, condensé d’expériences individuelles nourries de collectif dans le cadre de la Traversée de la Gaspésie (TDLG).

«On a invité des écrivains à venir marcher la Gaspésie et de s’en inspirer», expose Claudine Roy, fondatrice des célèbres randonnées. Sur 256 pages, les scribes mandatés témoignent des sommets des Chic-Chocs et des vallées de l’Estran, des falaises de Forillon et des embruns du Saint-Laurent au fil de trajets réalisés bottines aux pieds.

Davantage encore, les Éric Dupont, Anaïs Barbeau-Lavalette et Marie-Ève Cotton, pour n’en nommer qu’une poignée, racontent cette cohésion humaine émanant de l’effort de groupe à travers les liens tissés avec les participants. Des relations d’une grande intensité, souvent insoupçonnées, desquelles émergent de nouvelles perspectives. Parce que la plus grande des distances à parcourir est parfois d’ordre spirituel.

Témoignage à rebours

Directrice des communications de la TDLG et elle-même écrivaine, Geneviève Lefebvre chérit l’idée de rapailler des écrivains le temps d’une traversée. Claudine Roy, franchement enthousiasmée, donne son aval au projet. Sont alors lancées les invitations: au total, dix autrices et auteurs, presque tous néophytes du trek gaspésien, répondent à l’appel.

Parmi celles-ci, la cinéaste et romancière Johanne Fournier, qui, sous des traits fictifs, propose une réflexion à rebours. «Je savais que tous les autres écrivains allaient témoigner de l’expérience comme telle, indique celle derrière le documentaire Cabines. Comme je ne suis pas une grande montagnarde, j’ai profité de l’occasion pour mettre la caméra dans l’autre sens.» La Matanaise dévoile la Gaspésie d’une autre époque, celle des enfants aux bateaux de bois qui découvrent les touristes. Un récit universel, ultimement. «Cet arriver-partir, les gens qui regardent et les gens qui sont regardés, j’ai été habitée de ça toute ma vie», philosophe-t-elle.

Legs

Enfin, pourquoi témoigner de l’expérience des traversées? Parce que les paroles s’envolent, les écrits restent. «Je trouve que ce livre est l’un des beaux legs que les grandes traversées vont laisser à la Gaspésie et au Québec, confie Claudine Roy. Ce sont de super écrivains qui écrivent sur un événement créé par nous, Gaspésiens. Pour moi c’est important de laisser ça.»


Jalonnant le parcours que forment les mots, des images exceptionnelles saisies par l’objectif de photographes randonneur.  Photo : offerte par ricochetdesign.qc.ca

 

La mort d’un commis de dépanneur
Jean-François Aubé (roman)


232 pages, publié chez Lévesque éditeur

Privé du proverbial lancement public, le roman La mort d’un commis de dépanneur s’offre aux lectrices et lecteurs depuis le 20 octobre. Auteur de nouvelles et de Nouvelle, où il réside depuis juillet, initialement cinéaste, Jean-François Aubé signe une oeuvre à l’humour grinçant où sont dépeintes les affres de la dépendance. Cigarette, alcool et jeu, triumvirat au sommet de tout bon dépanneur, auxquels s’ajoute la dépendance, moderne et insidieuse, aux réseaux de rencontres. Le royaume des amours jetables.

« Je trouvais ça assez tragique comme univers, explique Jean-François Aubé. Des gens sont vraiment accros à ça. Ils ne réussissent jamais à construire des relations durables parce qu’il semble toujours y avoir quelqu’un de plus hot. » Aux côtés des accros du dépanneur Song et Song, où le narrateur, endetté, trouve un emploi alimentaire, celui-ci vit son propre problème de dépendance.

Primordiale littérature

Pour certains écrivains, la pandémie de coronavirus, et plus particulièrement le confinement qu’elle impose, est l’occasion de créer : l’écrivain est toujours un peu confiné, dit-on. Pour Jean-François Aubé, ç’a été tout le contraire. « J’ai trouvé ça difficile, j’ai été beaucoup moins créatif », admet celui qui a enseigné le cinéma au Cégep de la Gaspésie et des Îles (campus de Gaspé) pendant près de huit ans. La littérature peut-elle permettre néanmoins de mieux comprendre la crise, de mieux s’en sortir ? « Je crois beaucoup au pouvoir de la littérature, affirme le nouveau romancier. La relation intime qui est tissée entre le lecteur et le livre, je trouve qu’elle est plus propice à la réflexion, à un recul aussi. »


L’écrivain et cinéaste Jean-François Aubé.
Photo : offerte par Jean-François Aubé.

Lire la partie 1 de l’article par Roxanne Langlois

Lire la partie 2 de l’article par Roxanne Langlois