Ossements à Forillon : probablement des naufragés du Carrick’s
CAP-DES-ROSIERS -- Les os humains trouvés sur une plage de Cap-des-Rosiers en 2011 appartiennent « fort possiblement » à des naufragés du navire irlandais Carricks morts en 1847, indique le rapport du coroner publié récemment.
Les os et fragments d’os appartiennent à plusieurs enfants et adultes. Ils « sont usés et d’aspect ancien », indique le pathologiste du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal qui les a examinés. « L’aspect courbé de certains de ces os suggère fortement la présence d’une carence nutritionnelle du vivant de la ou des victimes », ajoute-t-il.
Les 167 passagers du Carrick’s étaient des Irlandais qui fuyaient la famine. Partis de Sligo en Irlande au printemps 1847, une tempête les a jetés sur des récifs au large de Cap-des-Rosiers quelques semaines plus tard.
Il y a eu 48 survivants. Les 87 corps retrouvés sur la plage ont été enterrés dans une fosse commune. En 1900, un monument aux victimes a été érigé sur l’emplacement approximatif de la sépulture. Les os ont été découverts non loin de ce monument.
Même si le coroner Jean-Marc Picard conclut à des « morts de cause inconnue », les circonstances de la découverte « soulèvent la forte possibilité » qu’il s’agisse des naufragés du Carrick’s, écrit-il.
Datation à venir
Les ossements sont toujours au département d’anthropologie de l’Université de Montréal. Au cours des prochains mois, on y mènera des analyses pour les dater, et éventuellement des analyses d’ADN pour connaître l’origine (irlandaise ou autre) des victimes.
La professeure Isabelle Ribot, responsable du dossier, réserve son opinion pour l’instant. « Pour les périodes récentes, c’est plus difficile de dater [les ossements], dit-elle. Le contexte des sépultures n’est pas très précis non plus : il n’y a pas d’artéfacts. »
Au cimetière
Georges Kavanagh, descendant de la seule famille de rescapés qui s’est établie à Cap-des-Rosiers après le naufrage, souhaite que les ossements soient enterrés dans le cimetière du village.
Aucun autre ossement n’a été retrouvé depuis 2011, mais la mer continue de gruger la berge, note M. Kavanagh. Puisque Parcs Canada songe à déplacer le monument aux naufragés pour le protéger de l’érosion, « ce serait l’occasion de fouiller pour voir si la fosse commune est là et de la déplacer [vers le cimetière] », dit-il.
Parcs Canada consulte
Par courriel, les gestionnaires du parc Forillon indiquent qu’à la suite du rapport du coroner, « Parcs Canada souhaite prendre les mesures nécessaires pour consulter les communautés concernées ».