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11 avril 2012 14 h 57

Pétrole : déception et surprise en Gaspésie

Des Gaspésiens se disent «surpris» et «déçus» que le comité de l’évaluation environnementale stratégique (EES) sur le gaz de schiste ne prévoit pas traiter des techniques de fracturation dans le domaine du pétrole.

Le comité a rendu public récemment son plan de réalisation. Le document de plus de 80 pages prévoit plusieurs études à réaliser avant de permettre ou non le développement du gaz de schiste, mais pas de recherche spécifique au pétrole.

Le président du comité, Robert Joly a affirmé au Devoir que son comité «n’a pas le mandat d’étudier la question pétrolière», même le gouvernement du Québec l’a mandaté pour traiter de toute «question pertinente relative à l’exploration et à l’exploitation des ressources pétrolières et gazières».

Normandeau avait dit…

Pourtant, il y a un an, Nathalie Normandeau, alors ministre des Ressources naturelles, avait annoncé que toute activité de fracturation sur l’ensemble du territoire québécois serait assujettie à l’EES, qu’elle soit dans du schiste ou un autre type de roche (comme c’est le cas en Gaspésie), dans les domaines pétrolier ou gazier.

«L’objectif est de combler le déficit de connaissances, de favoriser l’acceptabilité de cette filière ainsi que de permettre un resserrement et un renforcement des règlements et lois en vigueur», affirmait Mme Normandeau le 16 mars 2011.

«Décevant», selon le maire Roussy

«Mme Normandeau s’était engagée à ce que l’évaluation inclue la Gaspésie, rappelle le maire de Gaspé, François Roussy, pour qu’on ne soit pas une région cobaye. Pour nous c’était acquis.» Le maire juge «décevant» que le comité de l’EES ne prévoit pas de recherche spécifique au pétrole.

«Notre volonté, c’est de demander une évaluation sur la fracturation dans le cas de pétrole, ajoute M. Roussy, parce qu’on sait que des compagnies envisagent d’en faire. Si c’est bon pour les basses terres du Saint-Laurent, c’est bon pour la Gaspésie.»

En mai 2011, le conseil municipal de Gaspé a adopté une résolution interdisant la fracturation sur son territoire parce qu’il jugeait manquer d’information indépendante.

Un mémoire… oublié

Alain Gallant, membre d’Ensemble pour l’avenir durable du grand Gaspé, se dit «déçu» et «surpris» que l’EES ne couvre finalement pas les activités pétrolières. «Que ce soit pour le pétrole ou le gaz de schiste, c’est de la fracturation quand même», dit-il.

L’organisme de Gaspé, qui milite pour un moratoire sur la fracturation, avait déposé l’un des 59 mémoires remis au comité de l’EES. «On y disait justement qu’il ne fallait pas oublier la question du pétrole», rapporte M. Gallant.

Ensemble pour l’avenir durable du grand Gaspé craint que les tests d’injectivité réalisés par Pétrolia en novembre dernier à Gaspé, et le forage annoncé d’un puits horizontal, soient un prélude à des travaux de fracturation.

Chez Pétrolia

«On n’a pas de réaction à donner puisqu’on n’a pas de projet de fracturation, donc on n’est pas touchés», affirme André Rivest, conseiller à la direction de Pétrolia.

«Ce n’est pas une technique [la fracturation] qu’on exclue, ajoute M. Rivest, mais nos études nous poussent à conclure qu’on n’en a pas besoin pour mettre en production [le gisement] Haldimand.

Au ministère du Développement durable de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), la porte-parole du ministre Pierre Arcand affirme que le comité de l’EES est «un comité indépendant» et qu’il faut donc s’adresser à ses membres.

La porte-parole rappelle que les activités de fracturation demeurent assujetties aux mêmes conditions que le gaz de schiste. Ces activités doivent faire l’objet d’une recommandation au ministre par le comité de l’EES et obtenir un certificat d’autorisation du ministère du MDDEP.

Au moment d’écrire ces lignes, le président du comité de l’EES, Robert Joly, ne nous avait pas rappelé.