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21 juillet 2017 16 h 12

TOUS DE RETOUR AU BERCAIL

Gilles Gagné

Journaliste

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DOUGLASTOWN, juillet 2017 -- La Gaspésie veut retenir davantage ses jeunes, après trop de générations touchées par l’exode et les familles éparpillées. La région réussit au-delà des espérances quand des fratries complètes reviennent s’installer dans la région. GRAFFICI vous présente quatre familles où tous les frères et sœurs sont de retour. Aujourd’hui, les Kennedy de Douglastown.

Les Kennedy de Douglastown vivent dans un rayon d’un kilomètre à peine les uns des autres, dans le village où ils ont grandi. Deux des trois enfants de Stella et Bryce Kennedy se sont même établis sur la terre du premier ancêtre Kennedy. Rencontre avec Tanya, Casey et Briana.

« J’ai choisi la foresterie parce que je savais que je pourrais faire une carrière ici. J’aime le rythme de vie, la disponibilité d’activités dehors : le kayak, le ski, la chasse, la pêche. Ma blonde est de Saint-Majorique et elle voulait revenir elle aussi. C’est une belle place pour élever une famille », dit Casey Kennedy. Une famille, ils en élèvent toute une : cinq enfants de 2 à 11 ans.

Pour Casey, 40 ans, deuxième enfant de la famille, la proximité de la parenté est un avantage : « Ma belle-mère est notre gardienne. Mes enfants n’ont jamais eu besoin de fréquenter une garderie. Et mes parents sont à deux maisons. »

« À Douglastown, on est la sixième génération de Kennedy, poursuit Casey. Nos enfants sont la septième. On a toujours eu un sentiment d’appartenance, de fierté, d’être de Douglastown. Le terrain appartenait à mon père, et avant à mon grand-père. Mon père est fier qu’on soit établis là. »

Le trio Kennedy, de langue maternelle anglaise, parle un bon français. Leurs parents y ont veillé. Les aînés ont entamé leur scolarité sous les premiers gouvernements du Parti québécois, à l’ombre de la Loi 101 et du référendum sur l’indépendance du Québec. « On a fait notre primaire en français, il n’y avait pas de discussion. Après, on a fait notre secondaire en anglais », indique Briana, la benjamine.

« On voulait qu’ils aient la possibilité de vivre ici. On est dans une province francophone, il fallait qu’ils parlent français », confirme Stella Kennedy. Les parents n’ont jamais donné de consigne ou de conseil sur un retour en région. « En même temps, ils disaient que c’était possible, de travailler, de vivre ici », rapporte Tanya, l’aînée de 41 ans.

« Nous-mêmes, on a décidé de rester ici, ajoute Stella. On ne voulait pas passer seulement nos vacances en Gaspésie, à l’endroit où on aurait aimé vivre. On voulait vivre à l’année où ça nous plaisait. »

Depuis son retour, Casey Kennedy a navigué entre des emplois en foresterie et en éolien. Il travaille actuellement pour EDF, qui exploite des parcs éoliens. « Je n’ai jamais eu de difficulté à trouver un emploi. Si tu veux, tu vas trouver », dit-il.

Briana a dû être patiente mais à 32 ans, elle enseigne l’histoire, son domaine d’études, au campus de Gaspé du cégep. « Je suis revenue en région tout de suite [après mes études]. J’ai travaillé pour une compagnie d’assurances, pour le Centre communautaire Douglas, pour la Banque TD. »

Briana a obtenu son diplôme de l’Université du Nouveau-Brunswick, à Fredericton. Casey a gradué de la même institution comme ingénieur forestier. L’aînée, Tanya, a étudié à l’Université de Victoria en Littérature anglaise, et dans un collège du Yukon auparavant. Leur expérience est celle de beaucoup d’anglo-gaspésiens, qui quittent le Québec pour fréquenter l’université. « On a tous vu autre chose et c’était notre choix de revenir », résume Tanya, qui travaille comme assistante de bureau.

Mme Kennedy remarque une autre particularité chez ses enfants : « Quand ils sont partis à l’université, ils étaient déjà en couple. Ils sont partis ensemble et sont revenus ensemble. »

Au moment de l’entrevue, Briana était en visite dans les Territoires du Nord-Ouest, où son conjoint gaspésien travaille comme camionneur pour desservir des communautés isolées. « Ce qui me tient à la maison, ce sont mes parents et mes beaux-parents. Quand mon chum est sur les chemins de glace, je n’aurais pas l’aide que j’ai là si je n’étais pas à Gaspé », dit cette mère d’une fillette de trois ans.

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