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26 janvier 2017 13 h 52

CHAGAGAGA!

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C’était dans l’une de mes courses folles en forêt.

À mes côtés, mon acolyte : Forest !

(Labrador brun de 8 ans)

« Nous courûmes dans les chemins de terre longeant la rivière, telles deux gazelles en quête de liberté, respirant l’air pur de la forêt (…) »

Le vent dans la face, essoufflés, on se regarde et je jurerais qu’il me sourit.

Je m’arrête soudain.

Boom!

J’aperçois un gros merisier cassé en deux en pleine forêt.

Un éclair me traverse l’esprit :

« Le chaga est un champignon sauvage qui contient d’importantes quantités d’antioxydant. Il est rare et pousse sur les bouleaux, mais aussi sur les merisiers. »

-L’arbre est cassé, c’est peut-être ma chance!

Je coupe en plein bois et Forest me suit de près… J’approche lentement du merisier et pour la première fois de ma vie, je trouve du chaga.

SCORE !!

Je contourne l’arbre et découvre plusieurs autres morceaux de l’autre côté.

Mes yeux comme ma bouche s’arrondissent et un courant électrique me traverse le corps.

C’est un peu haut, mais en grimpant sur le tronc d’arbre cassé, je calcule que je peux facilement l’atteindre.

Une bouffée d’espoir m’envahit les poumons et je me gonfle le chest.

Fuck yeah!

Je dis à Fofo de rester proche et je me mets aussitôt un pied et puis un autre sur le tronc d’arbre en m’agrippant aux branches, mais dès le premier pas, je glisse et me cogne la caboche en plein sur une grosse branche!

-Aye!

Belle prune, la Gazelle!

J’essaie encore. Ça glisse. Ça glisse. Oh, jeez! Ça glisse vraiment! … Mes super souliers à crampons de Trail Runner glissent sur l’écorce de merisier!

-Merde!

Ma Déesse intérieure me hurle : c’est beaucoup trop dangereux retourne chez vous quessé tu fais là ???!

Je veux ce chaga, là là là, tout de suite maintenant, t’as-tu compris, Bibi?

JE VEUX CE CHAGA !!

Que faire ?

Peut-être que si … j’enlevais mes souliers ? … Je glisserais moins… ?

-Uh …

J’ai le réflexe de regarder à gauche et puis à droite, puis j’ai un soupir de fille fâchée.

Je délace mes souliers, les jette au sol un peu fort (pas trop loin)! Et j’y vais nu bas!

(Consciente que si quelqu’un me surprend, j’aurai l’air vraiment tarte.)

Étonnamment, j’ai beaucoup plus de grippe.

-Yeah!

Je grimpe le grand tronc de merisier comme un singe pas trop habile.

Je trouve ça de plus en plus haut.

Je regarde droit devant moi, repousse l’idée que ce que je suis en train de faire est complètement stupide et m’encourage à voix haute que tout va très très très très très bien.

Forest se liche les pattes sans même me regarder.

J’ATTEINS (finalement) le chaga! Je souris exagérément, en respirant bruyamment, l’air encore plus tarte.

Je me lève debout, branlante, décroche un premier morceau de chaga avec les mains et me déchire presque la face avec un sourire qui doit valoir 1000 piasses.

-Yahoo!!

Je le jette par terre (pas trop loin) et je m’approche du deuxième morceau, beaucoup plus gros. J’essaie de l’extirper avec mes mains, sans résultat encourageant.

Je sors alors mon (petit) couteau de poche.

Vous savez, faire la bonne affaire, mais avec le mauvais outil ?

Sans mettre trop de détails, mon couteau m’a involontairement fermé sur l’index droit avec toute la pression que je mettais pour tenter de récolter le chaga qui est pratiquement soudé à l’arbre.

-Aye!

J’observe mon doigt tremblant et j’ouvre de grands yeux.

-Oh …

Ma main se colore rapidement d’un rouge que je connais très bien.

Les gouttes tombent les unes après les autres sur moi, sur l’arbre et sur mon chaga…

Je réalise en un éclair dans quelle sorte de situation je me suis mise et l’adrénaline embarque sur-le-champ!

Panique pas. Panique pas. Panique pas. Panique pas. PANIQUE PAS !

Je me souviens que je dois bouger prudemment parce que COMME UNE TARTE, je suis perchée dans un arbre nu bas.

Je commence ma descente de reculons, m’agrippant fermement avec mes dix orteils et neuf doigts fonctionnels, beaucoup plus vite que j’ai monté.

Je saute sur le sol et cherche aussitôt mes souliers, mais je constate qu’un bandage est prioritaire.

Le sol est humide et mes pieds deviennent rapidement mouillés. J’ouvre mon sac et réalise que je n’ai aucune trousse de premiers soins avec moi.

-Tu traînes avec toi des allumettes, une boussole, un sifflet, des rubans, de l’eau, une lampe frontale, un coupe-vent, des gants, des bas de laine, des mitaines, des jujubes énergétiques, mais pas de trousse de premiers soins!!?

Respiration rapide.
Je contrôle ma panique.
Je reste logique.
Je n’ai pas de réaction impulsive de fille qui capote.

Merde. Merde. Merde. Merde. MERDE !!

Je me fais un bandage rapide avec un linge à vaisselle qui traîne dans le fond de mon sac (??). Les mains tremblantes, j’enfile mes souliers avec difficulté, je trouve mon morceau de chaga et le sacre dans mon sac, l’enfile sur mes épaules et l’attache bien serré sur moi.

Je me rappelle que je suis à une vingtaine de minutes à pied de mon char et que je vais devoir courir pour m’y rendre.

-Mais je suis là pour ça anyway, non ?

Je m’adresse à Forest qui est déjà sur ses quatre pattes :

-Forest ! … We go back now !!!

(…)

À voir mon doigt devenir enflé, déformé et mon ongle que je craignais de voir tomber, une douloureuse torsion d’angoisse s’est installée dans le fin fond de mes tripes jusqu’à l’hôpital.

Pas eu de point de suture, mais quelle aventure !!!

Leçon du jour, la gazelle :

Se promener en forêt seule peut stupidement devenir dangereux. Il ne faut pas se laisser emporter trop vite par l’excitation si on n’a pas les bons outils avec soi!

Et traîner une trousse de premiers soins avec moi est vraiment pas une mauvaise idée, as well 🙂

J’ai compris ma leçon!

La recette!

Gin chaud forestier, chaga et sapin baumier
(pour 4 petites tasses)
-1 1/2 tasse d’infusion de chaga
-Environ 3 pouces de rameaux de sapin baumier
-1/2 bâton de cannelle
-2 onces de votre gin favori (dans mon cas, Piger Henricus)
-1 once de sirop d’érable

Infusion de chaga
-2 litres d’eau
-5 morceaux de chaga de la grosseur d’une balle de golf

Mettre l’eau dans un grand chaudron avec les morceaux de chaga. Ouvrir le feu au maximum et porter à ébullition. Lorsque ça bout, baisser le feu à moyen et laisser mijoter pendant 1 heure. Éteindre le feu, mettre le couvercle et laisser ainsi toute une nuit. Le lendemain, tamiser le liquide et entreposer dans deux bouteilles de vin vides et propres.

Gin chaud forestier
Dans une casserole, verser les 3 tasses d’infusion de chaga, le rameau de sapin baumier et le demi-bâton de cannelle. Ouvrir le feu au maximum et porter à ébullition. Une fois le liquide à son point d’ébullition, laisser bouillir encore 1 minute. Éteindre le feu, ajouter le sirop d’érable et le gin, tamiser le liquide, verser dans des tasses, prêt à être consommé.