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Société
2 décembre 2015 17 h 48

TUGLIQ : UN BEAU GRAND BATEAU…

Bilbo Cyr

Blogueur

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Alors on nous annonce comme un cadeau que Gaspé et Sandy Beach aient été choisis pour amarrer tant que cela durera une usine flottante de liquéfaction de gaz, pour nourrir les ogres du nord et leur appétit d’énergie. En pleine conférence de Paris sur le climat! Clap-clap-clap. La complaisance est assurée par les larbins de service qui osent prononcer les mots « acceptabilité sociale » comme un mantra pseudo-écolo destiné à les dédouaner de faire aussi piètre figure en tant que représentants d’une population qu’ils ont encore « oublié » de consulter. Qu’à cela ne tienne. On redoublera de sophismes et on parlera d’unanimité (politicienne), d’accueil du milieu très favorable (à quoi donc?), de retombées fiscales (pour un bateau…) et de création d’emplois (amovibles).

L’aplatventrisme ambiant et le coude à coude politique que l’on voudrait faire passer pour un consensus ne sont que la répétition d’un mauvais scénario qu’on l’on commence à connaitre par cœur. Le lobbyiste gras au bas des communiqué est toujours le même, quel que soit le projet.  Pourquoi je ne suis pas surpris d’apprendre qu’il a acquis son expérience de surdité professionnelle auprès d’un ministre qui est toujours en poste  et qui excelle particulièrement à cet art? La chose la plus importante dans la fabrication de consentement, c’est de ne pas entendre ce que les gens ont à dire. Je me demande sur quelles études se basent nos décideurs pour affirmer que tout le monde est d’accord. Il y a bien du monde qui sont plus du monde que d’autres…
On va nous le peindre en vert, ce beau grand bateau. Il sera pour de l’énergie propre, durable, prévisible, pas chère. Pour un développement durable et respectueux de nos ressources, pour le bien commun, pour le partage de la richesse, pour la tarte aux pommes chaude qui sort du four et les cadeaux de Noël. Non, il n’y aura pas de questions posées dans un cadre neutre. Quand l’arrière-pays gaspésien aura terminé d’être fracturé pour en extraire le gaz de schiste (oui, pour ceux qui ne suivent pas ou qui ne veulent pas voir, c’est de cela qu’il s’agit), le bateau larguera les amarres et ira s’ancrer plus loin. Peut-être qu’on spéculera encore sur Anticosti à ce moment. Peut-être que la cimenterie brulera encore du coke de pétrole et qu’on pourra nous refacturer publiquement sa reconversion au gaz…

Enfin, encore une fois, je ne suis pas certain si le plus grand risque de ce projet réside dans ses capacités intrinsèques et connexes à bousiller le milieu naturel en justifiant de facto une plus grande exploitation de combustibles fossiles, ou dans l’érosion déjà constatable du pouvoir démocratique des citoyens qui vivent sur le territoire et l’absence évidente de volonté des élus de questionner quelque facette que ce soit autrement que via la lorgnette du promoteur, pour nous mettre devant le fait accompli le plus vite possible. Nous sommes devenus un état pétrolier! On a trop investit, il faut continuer… Pis il est trop tard pour un BAPE…

Et vogue la galère!