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Blogue citoyen

2 février 2017 10 h 08

UN ALBUM À PERCÉ, UN ROMAN À CARLETON

David Lonergan

Blogueur culturel

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Charlot Tempo
Écrit par Émilie Devoe et joliment illustré par Mylène Henry, Charlot Tempo (Bayard Canada) est, comme l’affirme le sous-titre, « une (vraie) histoire de fou ». Charlot (pour les intimes), un fou de Bassan comme il se doit, vit sur l’île Bonaventure (évidemment).

Un jour, alors qu’il survole la mer entre le village de Percé et son île, il entend des musiciens qui donnent leur concert à l’orée du quai. Il en est tout bouleversé : c’est magnifique. Aussi décide-t-il d’apprendre, lui aussi, à jouer d’un instrument.

Mais ce n’est pas si simple pour un oiseau, aussi fou soit-il, de manœuvrer un instrument. Son bec est trop long pour le piccolo, ses ailes ne lui permettent pas de pincer les cordes du banjo, ni ses pattes palmées de flatter les touches du piano.

Il est tellement désespéré qu’il refuse même de plonger pour attraper des harengs comme le lui suggère son ami Gaston, un goéland, qui s’élance en « trompétant » une mélodie de circonstance. Charlot a alors une révélation : la voix est aussi un instrument puisqu’elle crée de la musique. La finale est à la hauteur du récit (à vous de la découvrir).

Les illustrations de Mylène Henry sont entre réalisme et fantaisie, habitées de couleurs vives. Elle varie ses mises en plan, crée beaucoup de mouvements dans ses images et donne à Charlot des émotions (joie, déception, surprise et d’autres).

Le texte se faufile au creux des illustrations, jamais envahissant, toujours en symbiose avec l’image : les deux apportent des éléments qui se complètent, ce qui enrichit l’expérience de lecture et permet d’inciter l’enfant à qui vous lisez le texte à verbaliser sur tout ce que montrent les illustrations. Cet album s’adresse aux enfants jusqu’à 7 ans.

La ligne imaginaire
La ligne imaginaire, qui s’adresse aux enfants de 9 à 12 ans, est le premier roman de Nancy Godbout, une enseignante de carrière. Originaire de Maria, elle vit à Trois-Rivières. La narratrice dont on ne connaîtra rien rencontre par hasard dans un parc Julien, un homme âgé, qui se confie à elle spontanément. Il lui raconte l’aventure extraordinaire qu’il a vécue alors qu’il avait 11 ans. C’est le récit de cette aventure qui compose le roman.

Les « parents » ont décidé que la famille passerait une semaine de vacances à Carleton-sur-Mer dans un chalet qui borde la mer. Les trois enfants sont enthousiastes. Katrina, 14 ans, est la « méchante » et a fait de son petit frère, Julien, 11 ans, son souffre-douleur. Myra, 12 ans, protège discrètement son frère afin de ne pas s’attirer les foudres de Katrina. Les « parents », jamais différenciés, sont totalement inconscients des relations entre les enfants.

Dès la première journée, Julien découvre sur la plage une roche en forme de pied et une vieille longue-vue qui recèle un parchemin, trouvailles qu’il cache précieusement dans un coin de la plage. En retournant chercher les objets durant la nuit, il rencontre Gustave, un vieux phoque avec qui il communique mentalement. Gustave lui dit que la pierre et la longue-vue auront un rôle à jouer dans la suite des événements et que Julien sera au centre de ceux-ci.

Les chapitres suivants se partageront entre le récit des vacances familiales avec une excursion à Percé et une promenade en kayak et les événements beaucoup plus tragiques qui mettent en scène des pirates venus sans doute du passé et voguant sur leur bateau à voile. Fantastique et réalisme se fondent l’un dans l’autre, ce qui en soi est une piste intéressante, mais l’arrimage grince à quelques reprises. Ces pirates veulent récupérer le trésor enfoui dans l’île aux Hérons et vont se heurter aux animaux déterminés à protéger ce trésor qui doit revenir à une âme pure qui saura l’utiliser au profit de tous.

Évidemment, vous l’aurez deviné, Julien est cette âme pure. De nombreuses péripéties animent le récit jusqu’à la victoire finale et définitive contre les pirates, la récupération du trésor et la transformation presque magique du comportement de Katrina qui se repend de son attitude vis-à-vis Julien. Tout est bien qui finit bien. À vous de découvrir ce qui s’est passé.

Si la lecture est aisée et le récit bien mené, ce roman n’est pas sans quelques failles (personnages peu caractérisés, intrigue parfois confuse) qui expliquent pourquoi il a été refusé par plusieurs maisons d’édition comme l’avoue, un peu naïvement, l’auteure dans la note qui clôt l’ouvrage. Elle a alors décidé de créer sa maison d’édition, Le Point Bleu, pour se publier et, tant qu’à y être, d’en faire une véritable maison ouverte à d’autres auteurs. Elle a d’ailleurs publié par la suite Un biscuit sans pépites de Diane Longpré. Des guides pédagogiques bien structurés accompagnent les deux ouvrages.