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30 mai 2013 10 h 20

Affaire Marjorie Raymond : l’éthique de Carl Langelier ébranlée

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SAINTE-ANNE-DES-MONTS - L'ex-journaliste Carl Langelier, du FM 93 à Québec, a admis avoir manqué de rigueur pour obtenir des entrevues exclusives, à l’ouverture de son procès, mercredi, au palais de justice de Sainte-Anne-des-Monts.

Carl Langelier est accusé en vertu de l’article 130 du Code criminel. L’homme se serait fait faussement passer pour un enquêteur de police lorsqu’il a interviewé l’adolescente identifiée comme celle qui aurait poussé Marjorie Raymond au suicide, Jade Isabel-Rioux et sa mère, Sandra Isabel.

Témoignages des plaignantes

Lors de leur témoignage, les requérantes ont raconté que le 30 novembre 2011, un homme a appelé très tôt le matin à leur domicile. La mère, Sandra Isabel, soutient qu’il s’est présenté, mais qu’elle ne se souvient plus du nom. Cependant, elle dit se rappeler qu’il a mentionné qu’il était un enquêteur de la Sûreté du Québec. Comme elle refusait d’accorder des entrevues aux médias, c’est sur cette base qu’elle a accepté de répondre à ses questions.

«Il m’a dit que ma fille avait écrit, sur son Facebook, qu’elle s’en foutait de la mort de Marjorie parce que, de toute façon, c’était une charrue», a raconté Mme Isabel. L’homme lui a ensuite demandé s’il pouvait poser quelques questions à sa fille.

Il a alors demandé à l’adolescente si c’était vrai qu’elle avait écrit ces propos sur Facebook, ce qu’elle a nié catégoriquement. «Je me suis mise à pleurer, a-t-elle relaté devant le juge. Je lui ai dit que j’allais vérifier si je ne m’étais pas fait voler mon mot de passe. J’ai raccroché et je suis allée vérifier sur mon Facebook. Il y avait rien.»

Témoignage de l’accusé

Lors des témoignages de Sandra Isabel et de sa fille Jade, l’accusé est demeuré placide. Mais après, lorsqu’il a été confronté aux questions du procureur de la Couronne, Me Gérald Maltais, il apparaissait nerveux, se balançant d’une jambe à l’autre et tapant fréquemment sur la surface de bois avec ses mains lorsqu’il répondait.

À plusieurs reprises, Carl Langelier a nié avoir usurpé la fonction d’un enquêteur de police. Il a dit que, selon lui, la confusion pouvait être liée au fait qu’il se soit présenté comme un journaliste d’enquête. Mais il a quand même admis certaines fautes professionnelles. «J’ai bien fait mon travail, mais j’ai manqué sur l’éthique pure», a-t-il avoué. De plus, il n’a pas avisé les deux femmes qu’il les enregistrait, ni demander l’autorisation de diffuser les enregistrements.

Langelier a également admis ne pas avoir vérifié les propos à partir desquels il a interviewé Jade Isabel-Rioux. «Vous n’avez pas vérifié l’information et vous l’avez quand même questionnée là-dessus, a lancé Me Maltais. Elle vous dit non et vous passez quand même l’extrait.»

Après la diffusion de cet extrait d’entrevue, l’animateur de l’émission du FM 93, Sylvain Bouchard, a affirmé que les propos disgracieux que Jade aurait supposément tenus sur son compte Facebook n’étaient finalement pas d’elle. «Les propos étaient inexacts, mais c’est mon animateur qui m’a transmis ces informations-là, s’est défendu Carl Langelier. J’ai présumé que ce que l’animateur avait vu était le contenu réel du Facebook de Jade Isabel-Côté.» D’ailleurs, tout au long de son contre-interrogatoire, Langelier a nommé l’adolescente comme étant Jade Isabel-Côté, plutôt que Jade Isabel-Rioux.

Après une pause au procès, Carl Langelier est revenu à la barre et a lu un article du code de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec stipulant qu’il est permis, pour un journaliste, de mentir dans certaines situations.

À la fin du contre-interrogatoire, la Couronne a déposé une requête au juge François Boisjoli afin de pouvoir présenter une contre-preuve visant à mettre en doute la crédibilité de l’accusé. Le magistrat a pris la requête en délibéré et a ajourné le procès. Carl Langelier, représenté par Me Serge Goulet, devra revenir en cour le 11 juillet.