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15 octobre 2015 16 h 47

AUX URNES GASPÉSIENS : DES OUTILS POUR FAIRE VOTRE CHOIX

GASPÉ — Des enjeux cruciaux pour la Gaspésie se décident à Ottawa, une réalité qui devrait motiver les Gaspésiens à aller voter en grand nombre le 19 octobre. Le journal GRAFFICI a identifié quatre de ces enjeux dans son édition d’octobre, puis a demandé aux candidats des deux circonscriptions de notre territoire de se prononcer. Voici notre analyse de leurs engagements. Les réponses intégrales de tous les candidats ayant répondu à notre appel sont également disponibles ici, dans la section Dossiers, sous la rubrique Politique de GRAFFICI.CA.

ASSURANCE-EMPLOI

La réforme de l’assurance-emploi, entrée en vigueur en janvier 2013, a fait mal aux Gaspésiens, en particulier aux travailleurs saisonniers. La fin des cinq semaines supplémentaires de prestations dont bénéficiait la région a fait tomber bien des chômeurs dans le « trou noir » du printemps. La définition « d’emploi convenable » peut maintenant les contraindre à accepter un emploi à 70 % de leur salaire précédent, jusqu’à une heure de route de leur domicile.

Cette réforme fait presque l’unanimité contre elle. Même le candidat conservateur qui a répondu à nos questions, Jean-Pierre Pigeon dans Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, veut convaincre son gouvernement de « moduler » le régime d’assurance-emploi dans les régions de l’Est du Canada où les industries sont saisonnières.

Les candidats libéraux souhaitent abolir la réforme et réduire de deux à une semaine le délai avant de recevoir des prestations. Néo-démocrates et bloquistes vont plus loin en demandant de réduire à 360 heures le seuil d’admissibilité – il est de 420 heures actuellement – et de baser le calcul des prestations sur les 12 meilleures semaines.

Le candidat néo-démocrate Philip Toone et les candidats bloquistes, ainsi que le chef de Forces et Démocratie et candidat dans Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia, Jean-François Fortin, s’engagent à faire cesser ce qu’ils appellent  le « pillage » de la caisse d’assurance-emploi, soit d’utiliser ses fonds autrement que pour aider ses cotisants, travailleurs ou employeurs.

INFRASTRUCTURES ET TRANSPORTS

Le transport aérien occupe le haut du pavé dans le discours de plusieurs candidats, dont la libérale, le conservateur et le bloquiste dans Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Une façon de développer le tourisme pour la libérale Diane Lebouthillier, ou de rassurer les personnes âgées qui pourraient avoir besoin de soins rapides selon le conservateur Jean-Pierre Pigeon. Le bloquiste Nicolas Roussy y va d’une proposition concrète : réduire certaines taxes sur le transport aérien pour les vols régionaux. Pour évaluer la portée d’une telle mesure, il faudrait toutefois chiffrer le montant de ces taxes.

Le néodémocrate Philip Toone met le train en première place dans sa réponse, en faveur du retour de Via Rail et de la participation du fédéral à la réfection du rail.

Quant à Jean-François Fortin, de Forces et Démocratie, propose de décentraliser les enveloppes vers les élus des régions et les leaders locaux.

La volonté de Transports Canada de transférer les quais industriels  fait grincer des dents plusieurs candidats. Il faut d’abord bonifier le programme de cession, dit M. Toone du NPD. Et surtout, réparer les quais en premier lieu, renchérit M. Roussy du Bloc.

Retenons aussi la promesse d’appui du candidat libéral Rémi Massé au projet de route des belvédères à Matapédia et sur Les Plateaux.

FONCTION PUBLIQUE FÉDÉRALE

Pendant les années au pouvoir des conservateurs, de 2006 à 2015, le nombre d’employés de la fonction publique fédérale a diminué de 28 % en Gaspésie et aux Îles, soit l’équivalent de 71 emplois à temps plein.

Le conservateur Jean-Pierre Pigeon accepte cette baisse et juge qu’il faut stabiliser le nombre de fonctionnaires au niveau actuel. C’est une démographie et une économie plus fortes qui permettront d’en créer de nouveaux, estime-t-il. M. Pigeon oublie peut-être que plusieurs emplois ont été perdus au parc Forillon, des personnes qui offraient des services touristiques, et chez Services Canada, où les services se donnent de toute façon de plus en plus par téléphone et par Internet.

La plupart des autres candidats protestent contre cette baisse du nombre de fonctionnaires, « une cure d’amaigrissement trop sévère »  et un « manque total de compréhension pour la région de la part du gouvernement conservateur », disent les libéraux Rémi Massé et Diane Lebouthillier.
Ottawa doit déconcentrer les ministères fédéraux vers les régions, disent en chœur les bloquistes, néo-démocrates et libéraux. La bloquiste Kédina Fleury-Samson, dans Avignon—La Mitis—Matapédia—Matane, tranche en concédant qu’il est « peu probable » que les bureaux régionaux fermés reviennent. Elle demande un statut particulier pour la Gaspésie, « qui faciliterait l’implantation de projets pilotes locaux ».

DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

Sur ce sujet, il y autant de propositions que de candidats. Rayonnement des produits gaspésiens à l’international selon le bloquiste Nicolas Roussy, énergies renouvelables selon Kédina Fleury-Samson, du même parti.

Jean-François Fortin de Forces et Démocratie revient sur son mantra de décentralisation en proposant de renforcer le mandat des Sociétés d’aide au développement des collectivités, une créature du fédéral présente dans les régions.

Le néodémocrate Philip Toone en profite pour glisser qu’il est « inacceptable » que Développement économique Canada ait « laissé dormir une somme cumulée de 131,6 M$ » dans ses coffres depuis l’exercice 2010-2011.

Les candidats Rhinocéros – qui ont tous deux répondu aux questions du GRAFFICI— ne sont pas non plus à court d’idées. Éric Normand veut inverser un éventuel pipeline Énergie Est pour transporter la bière des microbrasseries gaspésiennes vers les grands centres. Maxime Boudreau (alias Rhino’Boy) veut placer un dôme au-dessus des Chic-Chocs pour garder un couvert de neige à l’année longue et favoriser le tourisme à skis. À défaut d’être sérieuses, ces propositions attirent l’attention sur deux secteurs d’activité en développement en Gaspésie.

AUX URNES GASPÉSIENS

La soirée électorale du 19 octobre sera sûrement loin d’être ennuyante, avec sept candidats dans Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia, six dans Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, et une grande proportion d’entre eux qui mènent une campagne énergique. Si une partie des Gaspésiens votera selon ses convictions, certains pourraient être tentés de faire des calculs stratégiques. Et certains candidats ont essayé de faire vibrer cette corde de plus en plus souvent au fur et à mesure que la campagne avançait.

M. Pigeon est candidat d’un parti qui a bien changé depuis l’époque où il était le « bras gauche » (un lapsus commis en débat) du député Charles-Eugène Marin, député fédéral de Gaspé de 1984 à 1993. « Je suis un progressiste », dit M. Pigeon, un mot disparu de l’étiquette des progressistes-conservateurs fédéraux depuis leur fusion avec l’Alliance canadienne en 2003. À mots couverts, le candidat a souvent admis que ses convictions diffèrent de celle de son parti. Mais il est d’avis que comme député gaspésien au sein des conservateurs, il serait en mesure d’infléchir le cours des décisions.

La candidate libérale Diane Lebouthillier a aussi souvent insisté sur cet argument du pouvoir lors du débat organisé par Radio-Gaspésie le 14 octobre. Selon Mme Lebouthillier, les libéraux formeront le prochain gouvernement et une députée libérale pourra influencer ses actions.
Les Gaspésiens pourraient toutefois se souvenir de certaines décisions passées du Parti libéral, un parti qui souhaitait lui aussi transférer les quais fédéraux et qui a aminci la couverture des chômeurs. Le néodémocrate Philip Toone, dont le parti n’a jamais été au pouvoir à Ottawa et qui n’a donc pas ce handicap, a d’ailleurs interpellé Mme Lebouthillier sur les actions passées de son parti. « Y’a 20 ans, j’étais pas là », a plus d’une fois répondu la candidate libérale.
Une chose est sûre : les Gaspésiens ont l’embarras du choix et n’ont pas vraiment d’excuse pour rester chez eux le 19 octobre. Les bas taux de participation de l’élection de 2011, soit 53,8 % dans Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et 59,7 % dans Haute-Gaspésie—La Mitis—Matane—Matapédia, sont très faciles à battre. Et il est à souhaiter qu’ils soient dépassés lundi, vu les enjeux cruciaux contrôlés par le fédéral dans notre région.

Note : Dans Avignon—La Mitis—MataneMatapédia, le néodémocrate Joël Charest et le conservateur André Savoie n’ont pas répondu aux questions de Graffici. Nous n’avons pas réussi joindre la candidate du Parti vert, Sherry Springle. Dans Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le candidat du Parti vert Jim Morrison est le seul à ne pas avoir répondu aux questions.

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