Bilan de campagne dans Bonaventure
CARLETON-SUR-MER – Si les électeurs de Bonaventure ont l’impression que la campagne électorale qui s’achève a été parfois terne, dominée par les enjeux nationaux, les gens s’entendent pour dire qu’ils passeront sans doute une soirée électorale enlevante.
La nouvelle réalité de la circonscription de Bonaventure, qui inclut Chandler depuis 2011, n’en fait plus un fief libéral, comme l’ont prouvé les élections de septembre 2012, une bataille gagnée par le député péquiste sortant Sylvain Roy.
La lutte actuelle a été dominée par deux candidats, le péquiste Roy et le libéral Damien Arsenault. Quant à Patricia Chartier, du Québec solidaire, elle a réussi lors des deux débats radiophoniques à lancer les meilleures répliques ou à imposer jusqu’à un certain point les sujets abordés lors des échanges avec ses adversaires.
Jean-Marc Landry, de la Coalition avenir Québec, a été grandement désavantagé par les positions de son chef, François Legault, dans des dossiers sensibles dans la circonscription, comme le projet de cimenterie de Port-Daniel, ou sensibles à l’échelle nationale, comme l’avenir de la production d’énergie éolienne.
M. Legault s’est souvent servi de ces enjeux régionaux pour s’attirer des sympathies dans les milieux urbains ou dans les banlieues, et cette stratégie de division a souvent mis M. Landry sur la défensive, même s’il a eu des occasions d’expliquer que la Coalition avenir Québec était davantage opposée à l’ampleur de l’appui donné par le gouvernement Marois à la cimenterie, qu’au projet lui-même.
Il s’est trouvé dans une situation tout aussi inconfortable en évoquant la possibilité d’envoyer aux boules à mites la filière éolienne, qui donne du travail à près de 1 000 personnes en Gaspésie et dans la région de Matane.
Voir François Legault réclamer la fermeture des agences de santé et des commissions scolaires, bref une centralisation des pouvoirs, a également nui à Jean-Marc Landry, d’autant plus que le programme de la Coalition avenir Québec ne prévoit pratiquement rien pour les régions à l’est de Québec, même la stratégie Saint-Laurent.
Sylvain Roy a sillonné, comme son adversaire libéral Damien Arsenault, la circonscription avec assiduité, tout le long de la campagne. À la différence de l’élection de 2012, M. Roy a dû s’habituer à être plus souvent la cible des attaques de ses adversaires, les quatre même qu’au cours de la dernière campagne.
Pour cette raison peut-être, et aussi parce qu’il a souvent insisté sur le fait que les décisions gouvernementales se prennent en caucus ou par le conseil des ministres, le candidat péquiste a été prudent dans ses engagements, se limitant généralement à les qualifier de défis.
M. Roy a notamment été prudent sur la question de l’appui financier que donnerait un gouvernement péquiste à la remise à niveau du tronçon ferroviaire Matapédia-Gaspé. Il a monté d’un cran son engagement en fin de campagne en signifiant qu’il faut considérer le transfert vers le chemin de fer de fonds allant aux routes. Il s’est par contre abondamment servi des engagements de 450 M$ annoncés par Pauline Marois, le 31 janvier, à l’endroit du projet de cimenterie de Port-Daniel.
Damien Arsenault est allé plus loin que Sylvain Roy en matière d’infrastructures, assurant que le Parti libéral, grâce à sa Stratégie maritime, aurait des fonds pour assurer l’avenir des ports commerciaux de Chandler, Paspébiac, New Richmond et Carleton, pour peu que les autorités locales montrent de l’intérêt dans ce dernier cas.
Il a aussi pris un engagement inconditionnel sur la question du chemin de fer. Par contre, M. Arsenault a été plus discret que Sylvain Roy et Patricia Chartier dans les débats, et il est resté coi quand ses adversaires ont fait remarquer que les programmes d’infrastructures des libéraux avaient créé une surchauffe justifiant la mise sur pied de la Commission Charbonneau.
L’environnement a été largement évacué des enjeux présentés par les candidats, si ce n’est par Patricia Chartier, qui l’a placé haut dans son programme. Les candidats Roy, Arsenault et Landry ont fait référence à ce thème, mais en le subordonnant à des projets industriels.
Le candidat d’Option nationale, Louis-Patrick Saint-Pierre, étudiant en histoire à l’Université Laval, a eu peu de chances de se faire valoir, avec une campagne électorale placée en pleine session. Il a tout de même trouvé le temps de faire deux incursions dans la région.
Patrick Dubois offrira enfin un choix à ceux qui veulent que leur vote soit annulé et comptabilisé dans le taux de participation.