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21 novembre 2016 13 h 31

CHASSER EN GASPÉSIE… EN 1933

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CARLETON-SUR-MER, novembre 2016 - La chasse fait partie des plus anciennes traditions de la région gaspésienne, tant chez les Autochtones que chez les nouveaux arrivants qui, depuis le 17e siècle, ont implanté des communautés sur le pourtour de la péninsule, encerclant un immense territoire giboyeux qui continue d’être un paradis de la chasse.  Mais au fil des décennies, les règles de la chasse ont bien changé. 

Publiée par le ministère de la Voirie du Québec en juillet 1933, la brochure La Gaspésie Histoire. Légendes. Ressources. Beautés, considérée comme étant le premier guide touristique de la région, aborde la chasse comme un élément attractif au niveau de la clientèle touristique. En page 27, on peut y lire : « Les forêts gaspésiennes sont en outre très giboyeuses et, à leur utilité industrielle, s’ajoutent l’attrait de la chasse. Dans la région des Shickshocks, particulièrement, on rencontre en abondance le caribou, l’orignal, l’élan, l’ours et la plupart des petits animaux à fourrure. C’est la contribution des forêts aux ressources touristiques de la Gaspésie ». L’invitation était donc lancée à la clientèle touristique et aux disciples de Nemrod, ce surnom donné aux chasseurs en référence à Nemrod, ce personnage biblique, «vaillant chasseur devant l’Éternel», petit-fils du légendaire Noé qui fut le premier roi après le Déluge.

En ce début des années 1930, le permis de chasse n’est pas encore obligatoire pour les Gaspésiens et les Gaspésiennes et l’ensemble des Québécois. Seuls les résidents du Québec d’origine non britannique doivent se procurer un permis de chasse, nommé « licence de chasse » à l’époque. Ce permis coûte 1$ pour un caribou, 1$ pour un orignal et 1$ pour deux chevreuils. Les non-résidents du Québec, qu’ils soient des États-Unis ou des autres provinces canadiennes, doivent payer 25$ pour le permis de chasse ou 10$ s’ils sont membres d’un club privé de chasse et de pêche. Pour l’ensemble du Québec, le permis deviendra obligatoire pour tous les chasseurs à compter de l’année 1940.

En termes de réglementation, il était interdit de se servir de chiens pour chasser, tuer ou prendre l’orignal, le chevreuil ou le caribou. Il était également interdit de chasser une heure avant le lever du soleil ou deux heures après son coucher. La réglementation concernait également l’interdiction de vendre et d’acheter de la viande de bois. L’interdiction comportait également une clause interdisant d’avoir des engins de chasse ou du gibier « dans les chantiers ou autres travaux publics ».

Au début des années 1930, les périodes de chasse étaient bien différentes de celles en vigueur aujourd’hui. Pour l’année 1933, dans les comtés de la Gaspésie, la chasse à l’orignal était permise du 20 septembre au 31 décembre alors que le chevreuil pouvait être chassé du 1er septembre au 30 novembre. Quant à la chasse au caribou, elle était défendue pour une période de 5 ans au Québec mais elle était permise dans les comtés de Gaspé-Nord, Gaspé-Sud, Bonaventure et Matane du 20 septembre au 31 décembre. Rappelons qu’il y a quelques décennies, les caribous étaient présents sur l’ensemble du territoire de l’Est-du-Québec et des Maritimes. Graduellement, la population de caribous a été décimée tant par la chasse que par la prédation. Si bien qu’aujourd’hui, les caribous survivants se retrouvent uniquement au sommet des montagnes du parc national de la Gaspésie.

À l’époque, pour de nombreux Gaspésiens, la chasse était loin d’être une activité sportive. Tant la chasse que la pêche faisaient partie de la survie pour nombre de familles de défricheurs installées sur les terres de colonisation en ce début des années 1930. Pour ces familles de colons, la chasse devenait la seule possibilité d’avoir de la viande à se mettre sous la dent. C’était donc une question de survie.

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NOTE SUR L’AUTEUR
Retraité du parc national de Miguasha depuis le printemps 2014, Paul Lemieux habite Carleton-sur-Mer. Bachelier en histoire, il a toujours eu à coeur le patrimoine et le développement régional. Il est d’ailleurs bénévole, presque à temps plein, de l’Écomusée Tracadièche, de Corporation de gestion et de mise en valeur du mont St-Joseph et du Musée de la Gaspésie à Gaspé. Il nous offre des bribes d’histoires sur GRAFFICI.CA.