Cimenterie : l’étude tant attendue est écorchée par les écologistes
PORT-DANIEL-GASCONS - Ciment McInnis rend public sur son site Internet la mise à jour de l'étude de répercussions sur l'environnement de son projet de cimenterie d'un milliard de dollars à Port-Daniel-Gascons. Un document qui est loin de satisfaire les écologistes de la région.
La documentation tant attendue produite par Génivar, qui comprend des centaines de pages et de multiples annexes et autres figures, confirme que depuis sa première version en 1998, la capacité annuelle de production du projet a été augmentée de 1 million à 2,2 millions de tonnes métriques. Et que les travaux de construction vont reprendre à la fin de l’année. Par ailleurs, l’étude indique que les autorisations requises pour la construction des installations seront obtenues de manière progressive d’ici 2015. Et l’exploitation devrait débuter en 2016, si tout va comme prévu.
L’étude, qui confirme que le coke de pétrole (un dérivé du raffinage de l’or noir) servira de combustible pour chauffer le four, démontre que les répercussions environnementales seront d’importance « mineure à moyenne » pour les sols, la qualité des eaux de surface, le bruit, les sédiments et la qualité de l’air ambiant, notamment. Il est par ailleurs précisé plus loin que « les impacts appréhendés sur la qualité de l’air des futures émissions découlant des activités du projet ont été évaluées de manière conservatrice à l’aide d’une modélisation de la dispersion atmosphérique ».
On lit aussi que les principales sources d’émissions de particules totales ou fines reliées à l’exploitation de la carrière sont le forage, le sautage, le chargement de matériel, le routage, le déchargement au concasseur ainsi que le gaz d’échappement des véhicules utilisés.
Maintenant, le choix des substances retenues pour la modélisation comprend, outre les particules, du dioxyde d’azote, du dioxyde de soufre, du monoxyde de carbone, de l’ammoniac, des hydrocarbures aromatiques polycycliques ainsi que des dioxines et furannes. De plus, indique-t-on, les métaux lourds présents dans les matières premières (calcaire et additifs) et dans le combustible utilisé (le coke de pétrole) sont susceptibles d’être rejetés dans l’atmosphère. Or, il existe des normes d’air ambiant, ajoute le document pour 11 de ces métaux, soit l’argent, l’arsenic, le baryum, le béryllium, le cadmium, le chrome, le cuivre, le plomb, le mercure, le thallium et le zinc.
Dynamitage à l’heure des repas?
Toujours selon la documentation, l’usine fonctionnera 24 heures par jour, entre 330 et 365 jours. À la carrière, une journée par semaine est réservée pour le sautage tandis que des activités de forage et de transport du calcaire auront lieu quatre jours par semaine tout au long de l’année. Un taux d’extraction relativement régulier de 18 000 tonnes de calcaire par jour est prévu.
Il y aura du dynamitage d’une moyenne de 65 000 tonnes par semaine. Chaque sautage sera filmé. Un processus d’amélioration continue sera mis en place afin d’analyser continuellement le modèle de dynamitage. Le dynamitage aura lieu préférablement le mercredi, jour d’arrêt des opérations de forage, autour de l’heure du midi ou à 17 heures. Un préavis de 24 heures sera envoyé aux intervenants désignés parmi la communauté afin d’avertir de la date et l’heure précise de chaque dynamitage.
Réactions
Malgré les assurances que des mesures d’atténuation et suivis environnementaux seront conduits tout au long de l’exploitation, comme l’indique la documentation, le président d’Environnement Vert-Plus, Bilbo Cyr, n’est pas rassuré pour autant. « Je retiens surtout les bouts qui manquent. J’aurais aimé avoir les questions qu’a posées la Santé publique de la Gaspésie. J’aurai aimé avoir les questions qu’ont posées les fonctionnaires du ministère de l’Environnement. L’étude en question n’est pas complète. Elle aurait besoin de passer par un processus de révision qui soit indépendant ». Mais le ministère de l’Environnement n’a-t-il pas donné son accord à cette étude? « Il faut demander ça au député de Bonaventure, Sylvain Roy, qui est remarquablement absent dans ce dossier », répond Bilbo Cyr.
« Il faut un regard indépendant sur les impacts de ce projet pour lequel les contribuables auront à risquer 300 millions de dollars », de renchérir le porte-parole de la Coalition Éco-Vigilance Baie-des-Chaleurs, Michel Goudreau, qui demande au gouvernement du Québec, tout comme son collègue Bilbo Cyr, la tenue d’un bureau d’audiences publiques sur l’environnement.