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19 octobre 2011 10 h 46

Forillon : les expropriés en route pour des excuses

Des expropriés de Forillon sont en route vers l’Assemblée nationale pour recevoir les excuses des députés, plus de 40 ans après la création du parc fédéral. Toutefois, si ces excuses ne sont suivies d’aucun geste concret, plusieurs expropriés resteront sur leur faim.

Herbert Perry, 74 ans, est monté ce matin dans l’autobus à destination de Québec, avec une quarantaine d’autres expropriés. Les excuses? «C’est juste un plaster sur le bob», lance M. Perry. Le gouvernement savait ce qu’il faisait : il doit maintenant rouvrir les dossiers des expropriés, et rajuster les compensations, juge M. Perry.

M. Perry n’a jamais digéré la façon dont il a été exproprié. «Je n’étais même pas là quand l’évaluateur est venu. Je n’ai pas pu discuter. C’était « prenez ce qu’on vous donne » ». Les Perry ont reçu 14 000 $ pour une maison et une terre d’un mille de long. À l’époque, il en coûtait le double pour un bungalow sur un petit terrain.

«Étape majeure»

Marie Rochefort, porte-parole du Regroupement de personnes expropriées de Forillon et leur descendance, estime que les excuses de l’Assemblée nationale sont «une étape majeure, et les expropriés commencent à prendre conscience de leur importance.» Par la suite, les expropriés pourront continuer à réclamer des excuses des gouvernements eux-mêmes et des compensations financières.

Trop tard?

Les excuses sont «un petit soulagement» qui atténuera la rancune d’Yvette Ferguson Element, de Cap-des-Rosiers. Mais elles arrivent bien tard. À 83 ans, la dame n’a plus la santé pour un trajet de 700 kilomètres en autobus. Son mari, atteint de la maladie d’Alzheimer, n’aura pas conscience des excuses. Son frère Henri, exproprié lui aussi, est décédé il y a déjà 22 ans.

Des sceptiques

Fernand Bouchard fait le voyage parce qu’il estime de son devoir de surveiller les démarches. «Mais si ça reste juste des excuses, ce n’est pas assez», affirme l’organisateur du comité de revendication des expropriés de 1972 à 1978. M. Bouchard croit qu’il est toujours temps d’indemniser les expropriés pour le déracinement social dont ils ont été victimes.

Son frère Charles Bouchard n’ira pas à Québec, par principe. Pour l’homme de 87 ans, les excuses de l’Assemblée nationale sont «de la frime» et font partie de «l’opération-charme» de Parcs Canada. M. Bouchard exige plutôt des «gestes concrets», comme la réouverture aux voitures de la route du Portage, dans l’arrière-pays de L’Anse-au-Griffon.

«Méthodes abusives»

La motion d’excuses rappelle que le gouvernement du Québec a exproprié 225 familles et 1500 terres, pour remettre des terrains inhabités au gouvernement fédéral. «Les méthodes utilisées à l’époque furent largement dénoncées par les diverses instances judiciaires […] comme abusives, irrespectueuses des droits de la personne et inhumaines», souligne le texte.

En février 2011, les députés de l’Assemblée nationale ne s’étaient pas entendus sur le libellé d’une motion. Cette fois-ci, la motion sera déposée conjointement par le député libéral de Gaspé, Georges Mamelonet, et le député péquiste de Matane, Pascal Bérubé.