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22 octobre 2011 19 h 57

Hydrocarbures dans le Golfe : les Mics Macs lancent le mouvement d’opposition

Les Mics Macs de Gesgapegiag organisent la première manifestation en Gaspésie d'opposition à l'exploitation des hydrocarbures dans le Golfe St-Laurent.

Entre 200 et 250 personnes ont marché samedi dans une protestation populaire organisée par le fils du chef de bande Guy Condo, Quentin. Vers 14h00, citoyens blancs et autochtones, environnementalistes de la Baie, certains maires et le député de la Gaspésie et des Îles à Ottawa, Philip Toone ont marché derrière les trois chefs des nations micmaques gaspésiennes, mais aussi Konrad Sioui de la Nation huronne-wendat, Anne Archambault des Malécites et le chef de l’Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard.

Tour à tour, les chefs ont pris la parole pour demander un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans le Golfe. « Il ne faut pas attendre un déversement de pétrole comme celui du Golfe du Mexique », a scandé Quentin Condo, qui souhaite que les populations côtières soient consultées et qui se réjouissait de voir ce regroupement naissant d’opposants gaspésiens. 

Celle qui a inspiré la manifestation, la présidente d’Attention Fragîles des Ïles-de-la-Madeleine et porte-parole de la Coalition St-Laurent qui compte entre autres des représentants des cinq provinces du Golfe, de Nature Québec et de la Fondation David Suzuki, Danielle Giroux était également sur place. « C’est après avoir rencontré Quentin lors de présentations publiques dans la région en septembre dernier qu’il a eu l’idée de rassembler les Premières nations dans cet événement », explique-t-elle. « Je sens qu’en Gaspésie, les gens commencent à être sensibilisés, surtout quand on leur donne de l’information comme aujourd’hui ». 

La Coalition demande aux gouvernements de resserer les règles légales et techniques et de mesurer tous les impacts de l’exploration et de l’exploitation pétrolière dans le Golfe avant d’aller de l’avant.

Urgence de forer ?

L’entreprise Corridor Resources prévoit déjà un premier forage dans les eaux territoriales de Terre-Neuve dans un gisement sous-marin nommé Old Harry situé à 80 km des Îles-de-la-Madeleine et à un peu plus de 300 km des berges de Gaspé. Au Québec, un moratoire a cours depuis 1998, mais pourrait être levé en 2012, et le gouvernement Charest est favorable à l’exploration et l’exploitation pétrolière en mer. 

Consultations 

Québec a lancé récemment une consultation sur le sujet sur Internet et prévoit des ateliers de partage d’information avec des communautés autochtones et des organismes régionaux. Une tournée dans certaines communautés côtières de l’est du Canada dont Gaspé (1er novembre), Chandler (2 novembre) et Bonaventure (3 novembre) est également prévue. Danielle Giroux se questionne sur le degré de transparence du gouvernement. « La consultation est basée sur l’évaluation environnementale stratégique de la firme Genivar, un document de 671 pages très technique. Les séances sur le terrain se passeront avec des groupes choisis par le gouvernement », explique-t-elle. 

Le rôle du fédéral

Le député de la Gaspésie et des Îles, Philip Toone a profité de l’événement pour dénoncer la décision prise en juin par le ministre canadien de l’environnement Peter Kent de refuser une commission d’examen fédérale. « La commission d’examen s’apparente à un bureau d’audiences publiques comme cela se fait au provincial. Ça permettrait une consultation plus large », croit Danielle Giroux. Le chef de l’Assemblée des premières nations, Ghislain Picard a sommé Ottawa de respecter la Déclaration des nations unies sur les droits des peuples autochtones de 2007 qui prévoit que ceux-ci soient consultés lorsque des projets d’exploitation des ressources naturelles risquent d’avoir un impact important sur le milieu naturel.