Jocelyne Gallant : Au cœur de la solidarité des Plateaux
CARLETON-SUR-MER, mars 2019- En 2009, à son retour dans son village natal de Saint-Alexis après 32 ans passés en France, Jocelyne Gallant se destinait au documentaire. Depuis, elle a réalisé trois films. Elle a fondé le journal communautaire Tam Tam, qui est distribué gratuitement dans tous les foyers des cinq municipalités du secteur de Matapédia et des Plateaux. Elle a mené deux ans durant le chantier donnant naissance à la Table Concert’Action territoire solidaire Matapédia et les Plateaux. Finalement, l’été dernier, à deux mois d’avis, elle a organisé avec sa sœur Sylvie le Festival des cordes de bois, qui a connu un succès phénoménal. GRAFFICI vous amène à la rencontre de cette dame au cœur du mouvement solidaire des Plateaux.
De 27 à 54 ans, Mme Gallant a vécu à Valbon, sur la Côte d’Azur. Elle y enseignait l’informatique pour gagner sa vie, mais elle s’est aussi investie intensément sur le plan social. «On dirait que c’est une maladie…», dit-elle avec humour en énumérant à notre demande ses implications là-bas.
Élue municipale pendant 14 ans, elle a aussi été engagée pendant 15 ans, de 1991 à 2006, dans une association de Maisons des jeunes qui a notamment fondé en 1998, un foyer offrant chambres et logements en communauté à prix modique à de jeunes travailleurs. Elle s’est aussi investie de 1999 à 2009 dans la Maison d’économie solidaire, un regroupement d’associations œuvrant dans l’économie solidaire, notamment en France et en Afrique. Finalement, elle a été présidente de 2005 à 2007 d’Alliance Provence, une association qui a développé le principe de la vente directe de produits locaux (système de paniers de légumes bio). «Alors que des groupes de consommateurs existaient déjà autour de Marseille, j’ai lancé le premier groupe dans mon département des Alpes Maritimes, qui en compte aujourd’hui près d’une vingtaine. »
Retour au bercail
Mme Gallant dit avoir eu l’idée de revenir au pays pour prendre un pause de toute cette implication sociale. En 2009, elle s’établit à Saint-Alexis pour se consacrer à sa passion du cinéma et fondera, en 2012, la Maison de production des Plateaux. « J’ai fait trois films localement, dont un qui a rayonné plus largement», dit-elle en soulignant Les métiers de Doré . Sortie en 2015, cette œuvre met en scène Doré Gagnon Belzile, une centenaire d’Amqui, et sa passion pour le tissage qui ne l’a pas lâchée jusqu’à la toute fin de sa vie.«Après Les métiers de Doré, je me suis fait attraper par l’histoire solidaire.
J’avais déjà consenti au projet de journal communautaire Tam Tam que j’ai fondé avec Denise Jalbert en 2011. On peut pas dire non à Denise ! (…) Puis, il m’est arrivé la même chose en 2015. J’avais d’autres projets de films, mais quand un groupe de citoyens m’a approchée, je n’ai pas su dire non».
Un constat qui génère l’action
De 2015 à 2017, Mme Gallant a mené une étude approfondie de la situation de Matapédia et des Plateaux. «Devant mon diagnostic, mon constat, les gens ont réagi en disant : on est sur le bord d’un précipice, il faut qu’on bouge ! ».
C’est ainsi qu’en octobre 2017, était lancée la Table Concert’Action territoire solidaire Matapédia et Les Plateaux. Cette action citoyenne a notamment pour but de renforcer la fierté locale et le sentiment d’appartenance en regroupant les forces vives de chacune des cinq municipalités de Matapédia et des Plateaux. Après avoir mené ce projet à terme, Jocelyne Gallant a tiré sa révérence au moment du lancement officiel de la Table.
« Je croyais bien être sortie d’affaires, dit Mme Gallant à la blague, jusqu’à ce que ma sœur Sylvie m’appelle en juin, pour que je l’aide à lancer la machine pour le Festival des cordes de bois qui était prévu pour septembre, poursuit-elle (…) Ça doit être mon inconscience, mais j’ai encore décidé d’embarquer. »
Préparé en moins de deux mois, le premier Festival des cordes de bois a connu un vif succès. Pas moins de 150 cordes de bois aux formes diverses et originales ont fait jaser, ici comme ailleurs, en plus d’attirer bien du monde. sur les Plateaux dans un véritable défilé qui a duré plus de deux mois. Pour Jocelyne Gallant et toute l’équipe, c’est mission accomplie ! «Le but était de faire participer les gens et de les rendre fiers, de faire rayonner et d’attirer du monde chez nous.
Et on peut dire que ça a vraiment fonctionné (…) Ce que je trouve le plus intéressant là-dedans, c’est que les gens ont beaucoup participé même si, au départ, ils ne pensaient pas pouvoir le faire; ils ont découvert qu’ils pouvaient imaginer des choses et les réaliser et ça, c’est formidable ! »
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«Sans les autres, on n’arrive à rien!»
Comme elle était à l’extérieur du pays, GRAFFICI a demandé à Mme Gallant de fournir une photo qui la représenterait bien. Quelle surprise de recevoir celle-ci où elle pose au sein d’un groupe, pas vraiment en avant plan. Pourquoi ? : «Parce que moi, je suis quelqu’un qui ne travaille pas toute seule. Sans les autres, on n’arrive pas à faire des projets. Si on arrive à réaliser quelque chose, c’est parce qu’il y a un groupe solide qui se crée. Cette photo de groupe représente la réussite, une base solide. Je me vois au centre du groupe, le cœur du groupe. Mais je ne suis pas seule et je n’ai pas besoin d’être en avant. Ce qui m’importe, c’est de construire des bases solides. »
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