« La Gaspésie possède tous les outils pour se développer »
GASPÉ – "La Gaspésie possède des bases afin de mieux s'en tirer économiquement au 21e siècle", selon le chargé de projet à l'Institut de recherche en économie contemporaine et professeur associé au département de sociologie à l'Université Laval, François L'Italien.
« Est-ce que la Gaspésie est autonome ou autosuffisante? Je ne crois pas. Si elle l’était, elle n’aurait pas autant besoin de grands projets salvateurs pour voir ses collectivités se revitaliser », explique le chercheur.
Il cite notamment le passé de Chandler avec la papetière Gaspésia ou encore le projet de cimenterie de Port-Daniel. « Ça révèle aussi que lorsque ces projets n’existent pas, les capacités entrepreneuriales sont limitées. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien, mais il y a encore une capacité limitée de définir de façon structurante l’avenir », analyse M. L’Italien.
Toutefois, la région possède des outils qui pourraient favoriser son développement. M. L’Italien parle notamment du TechnoCentre éolien et la filière éolienne, le consortium en foresterie, le Cégep de la Gaspésie et des Îles, le secteur des pêches et une occupation du territoire diversifiée. « Il y a beaucoup d’éléments pour que la Gaspésie tire bien son épingle du jeu en dépit du fait qu’elle est éloignée des grands centres et des grands marchés », avance M. L’Italien.
Selon lui, il ne faut pas répéter « l’erreur » de tout miser sur la cimenterie pour assurer l’avenir de la Gaspésie. « À court terme, on ne peut pas s’en passer, mais ce n’est pas ça qui fera l’avenir de la Gaspésie. Les leviers régionaux devront être repris en charge par la communauté », dit-il.
Il faut qu’autour du projet, il se développe un vaste chantier de développement général de l’économie.
Une transition régionale
Les acteurs socio-économiques et la population en général doivent s’impliquer davantage dans l’économie afin d’avoir « un maximum d’actifs sous leur coordination », poursuit le chercheur.
À cet effet, il souligne les bons coups des acteurs du milieu avec la création de la Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine ou encore la Régie intermunicipale de transport Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
« De vouloir développer une expertise éventuellement dans tous les champs économiques dont elle dispose, ce n’est pas du luxe. C’est tout à fait dans le sens de ce que le 21e siècle pourrait avoir l’air dans un scénario optimiste », indique M. L’Italien.
De cette façon, la région pourra tirer des avantages de l’exploitation des ressources du territoire à son profit. M. L’Italien ne veut pas utiliser le terme « redevance ». « Il faut exiger qu’une partie de la production et de l’extraction des ressources naturelles aille pour capitaliser des fonds régionaux de diversification et de transition économique et énergétique. On l’a vu dans d’autres pays », croit le chercheur.
Il estime que le point de départ pourrait être que 1 ou 2 pour cent. « On aurait une base de capitalisation pour des stratégies de diversification régionale. »
Maintenir le train
À ses yeux, le train doit faire l’objet d’une attention particulière. M. L’Italien y voit un actif « extraordinaire ». « Ça devrait être une priorité de tous les paliers de gouvernement de repartir le chemin de fer et de le repositionner dans le développement. On a parlé de stratégie maritime. Le train est un actif stratégique pour développer le marché de l’exportation, affirme sans détour M. L’Italien. On ne peut pas penser développer la Gaspésie sans le train. »
M. L’Italien participait au premier colloque « La Gaspésie face aux enjeux du 21e siècle », qui se tenait mercredi et jeudi, au Cégep de la Gaspésie et des Îles, campus de Gaspé.