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9 mai 2012 12 h 10

La politique dans le sang

Nicole Appleby prendra sa retraite en 2013, au terme de son troisième mandat comme mairesse de New Richmond. Son parcours lui a valu une réputation de femme autoritaire, quelques cicatrices et détracteurs. Même ces derniers reconnaissent son ardeur au travail et son succès à garder sa ville à flot.

Nicole Appleby se souvient du matin du 4 août 2005, quand la Smurfit-Stone a annoncé la fermeture de la cartonnerie de New Richmond. «Tout le monde était un peu déboussolé. J’ai dit : « S’il y avait eu une explosion, des morts, ç’aurait été une vraie catastrophe, mais là, c’est une fermeture ». C’est arrivé plus vite qu’on pensait, mais on avait un plan pour diversifier l’économie.»

Dans sa hâte à diversifier, Mme Appleby s’est mis à dos des syndiqués, qui lui reprochent d’avoir planté le clou trop vite dans le cercueil de la cartonnerie. La mairesse avait fait la tournée des compagnies de pâtes et papiers sans eux. Elle persiste et signe. «Je n’avais pas besoin d’eux autres.»

Sept ans après la fermeture, «elle a réussi à instaurer un climat de gagnant à New Richmond. C’est une battante», reconnaît le maire de St-Alphonse, Gérard Porlier.

Jean-Guy Poirier, préfet de la MRC Bonaventure, la décrit comme «une personnalité forte» et «une bête politique», dont se méfient plusieurs maires de petites municipalités. «Ça n’a pas toujours été le grand amour entre nous», rappelle le préfet, à qui Mme Appleby a déjà demandé de démissionner. Ça va mieux, dit-il, parce que Mme Appleby a eu «l’intelligence» et «la sagesse», de «s’adapter à la MRC dans l’intérêt de sa ville».

Une enfance «teindue rouge»

Troisième de sept enfants, Nicole Appleby a grandi à Saint-Alphonse dans une famille «teindue rouge vin», décrit sa sœur aînée, Vyola. Le père, Irvin Appleby, était organisateur pour le député libéral Bona Arsenault. «Ç’a été toujours été politique chez nous. Papa amenait les gens voter, puis il les ramenait à la maison prendre un petit gin ou un verre de vin», illustre Vyola.

La jeune Nicole assistait aux assemblées de cuisine du haut de l’escalier. Elle en tirait des arguments pour des «discussions animées» sur le chemin de l’école, avec ses camarades dont les familles soutenaient plutôt l’Union nationale.   

Devenue adulte, Mme Appleby a d’abord enseigné, puis ouvert deux boutiques de vêtements pour enfants avec son mari, Gilles Arbour. Jusqu’à ce que ce dernier lui fasse remarquer que ses activités de militante libérale lui prenaient plus de temps que le commerce. «J’avais trop le goût de faire de la politique», dit-elle.

À 39 ans, Mme Appleby retourne donc aux études «pour s’outiller». Elle s’installe dans un trois et demi à Québec, avec ses trois enfants et son chien, et entame un bac en sociologie. Son mari reste à New Richmond pour s’occuper des magasins. «Les gens placotaient, se souvient Nancy Arbour, leur fille aînée. Ça disait « Est-ce que Gilles et Nicole sont séparés? Qu’est-ce qui va arriver aux enfants? « .» Mme Appleby ne s’en souciait pas. «En politique, il faut que tu aies une carapace. Si tu écoutes ce que tout le monde dit…»

À la fin de son bac, le député libéral de Bonaventure, Gérard D. Lévesque, la recrute comme attachée politique. Quand les libéraux prennent le pouvoir en 1985, M. Lévesque devient ministre des Finances, et Mme Appleby, son chef de cabinet. Elle le restera presque dix ans.

«Je pense que j’ai fait ma job. Il n’a pas eu de pelure de banane», dit Mme Appleby. Des pelures pour M. Lévesque, peut-être pas. Pour elle, oui, même si elle estime avoir «tout fait au meilleur de sa conscience». Lorsqu’elle tente de devenir députée de Bonaventure en 1994, la presse évoque ses liens avec la controverse du centre de ski Pin Rouge. L’usure du gouvernement libéral et l’appétit du PQ pour la circonscription la mènent à la défaite.

«Je n’ai pas d’amertume, dit-elle aujourd’hui. Les électeurs n’ont pas voulu de moi, tant pis.» Mme Appleby fait bien attention de ne pas dire «tant pis pour eux». Mais c’est ce qu’on comprend.

À l’approche des élections municipales de 2002, des gens l’appellent à Calgary, où elle est «partie à l’aventure». Son fils Steeve pense qu’elle a «toujours eu en tête de refaire de la politique. Quand elle a vu une porte s’ouvrir…» «J’ai commencé par dire « non, non, on est trop bien », rapporte Mme Appleby. Puis, je me suis dit « pourquoi ne pas faire profiter New Richmond de mon expérience? »»

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