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25 avril 2012 16 h 27

La population de caribous sérieusement menacée

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La population de caribous de la Gaspésie poursuit un déclin tel que sa disparition complète pourrait devenir inéluctable. Le troupeau ne compterait plus qu’entre 88 et 105 individus, dont seulement 2,8% de faons.

C’est ce qui ressort du dernier inventaire réalisé l’automne dernier et dont il a été question lors d’une rencontre d’information initiée par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), vendredi à Sainte-Anne-des-Monts.

«La précarité actuelle de la harde de caribous en Gaspésie est principalement attribuable au faible effectif de la population, au faible taux de survie des faons dû à la prédation et à l’habitat préférentiel restreint, fournit comme explication la porte-parole du Ministère, Mélinda Lalonde. La fragilité de cette population est exacerbée par un habitat qui est favorable aux prédateurs et à leurs proies.»

Ceci fait donc dire à la biologiste que le cervidé de la Gaspésie est si vulnérable face aux menaces potentielles que des mortalités supplémentaires pourraient même précipiter le déclin vers des niveaux si faibles que la disparition complète pourrait devenir inévitable.

Solutions

Parmi les solutions envisagées, le MRNF prévoit réviser son plan d’aménagement mis en place en 1999 visant à réduire l’impact de la coupe forestière sur l’habitat du caribou. Un projet, en collaboration avec l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), devrait démarrer bientôt afin d’identifier les éléments les plus significatifs du déclin de ce grand cervidé, ce qui permettra de mettre des mesures en place.

Outre l’UQAR, l’équipe de rétablissement du caribou de la Gaspésie, coordonnées par le MRNF, est composée de personnes-ressources du Service canadien de la faune et du milieu régional, soit de la Conférence régionale des élus de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine ainsi que de la MRC de la Haute-Gaspésie.

Les causes

«Sur l’échelle de vie d’un peuplement forestier, peu d’effets seront notés avant encore plusieurs années, prévient la coordonnatrice de l’équipe de rétablissement du caribou. Ainsi, il y a encore, à l’intérieur et autour de l’aire fréquentée par le caribou, la présence de jeunes peuplements forestiers qui favorisent la présence de nourriture et des densités importantes d’autres cervidés comme l’orignal et, conséquemment, de leurs prédateurs, tels que le coyote et l’ours noir.»

Ce sont ces mêmes prédateurs qui s’attaqueraient aux faons et qui limiteraient leur nombre. «À court terme, la poursuite d’un programme de contrôle des prédateurs du caribou est nécessaire», soutient l’experte.

La croissance des activités humaines, surtout à caractère récréotouristique, qui sont pratiquées dans l’habitat du quadrupède, dérangent le troupeau vivant principalement dans le parc de la Gaspésie et contribuent à sa précarité. Le MRNF a intensifié, depuis l’an dernier, ses activités de communication afin de sensibiliser la population régionale à la conservation de cette espèce.

Un déclin qui se poursuit depuis plus de 60 ans

Lors des premiers inventaires de la population de caribous de la Gaspésie dans les années 1950, le nombre d’individus était estimé entre 700 et 1 500. Au cours des années 1980, la harde a subi une chute vertigineuse, passant de 250 à 300 têtes. En 1984, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada a désigné le cheptel gaspésien comme étant menacé.

Selon le MRNF, le nombre de jeunes caribous devrait être d’au moins 17% pour assurer une croissance de la population. Mais dans les années 1980, il n’était plus que de 2%. Ce constat a ainsi donné lieu à l’élaboration du premier plan de rétablissement de la horde jugée précaire.

La mise en œuvre de ce plan a permis un meilleur contrôle de la prédation dans les années 1990 à 1996, favorisant alors une légère augmentation du pourcentage de veaux. La situation du caribou lors de cette période n’avait jamais présenté un bilan si positif depuis les dix années précédentes.

Cependant, dès 1998, le pourcentage de faons est retombé en chute libre. Devant un décompte d’environ 140 bêtes, le gouvernement du Québec a désigné le caribou de la Gaspésie comme étant vulnérable, marquant ainsi le début de la réalisation du deuxième plan de rétablissement 2002-2012.

Au milieu des années 2000, le nombre de rennes a légèrement augmenté jusqu’à 200. Le quart d’entre eux était des faons. «Vraisemblablement, le contrôle des prédateurs en 2001 avait permis de hausser le taux de survie des jeunes», fait remarquer Mélinda Lalonde. Mais cette amélioration fut bien éphémère puisque, dès 2008, le cheptel a enregistré une nouvelle diminution, forçant par le fait même le gouvernement à désigner l’animal comme étant menacé.