La tradition musicale de Douglastown sauvegardée
DOUGLASTOWN – Une partie du riche héritage musical de Douglastown est dorénavant préservé sur disque. Le Centre communautaire Douglas et ses partenaires ont rassemblé les archives de plusieurs résidents ainsi que leurs souvenirs.
Bernard Rooney, un résident de Douglastown, se rappelle de sa première soirée de danse. « J’avais neuf ans. Ma mère jouait du violon, ma sœur, de la guitare. Et moi, j’ai dansé mon premier set carré avec Ruby Briand [une dame de la place]! »
À son tour, M. Rooney a appris le violon. Dans les années 60, il achète une enregistreuse à bobines. « On a toujours eu une maison pleine de monde, qui chantait et qui faisait la fête. J’ai voulu enregistrer ça. »
Cinquante ans plus tard, ses archives et celles d’autres résidents sont immortalisées sur Douglastown/ Musique et chansons de la Gaspésie. Le disque rassemble 46 courtes pièces interprétées au violon, à la voix, à l’harmonium ou à l’harmonica, du New Carlisle Waltz au Carleton County Breakdown en passant par le Gaspé Reel et le Belledune Quickstep.
Un « carrefour » de cultures
Luc Chaput, qui a eu l’idée du CD, avait l’intuition que la culture musicale de Douglastown était particulièrement riche. Il entendait dire qu’il fallait trois concerts à la St-Patrick pour entendre tous les talents locaux. « Je me suis dit : il y a quelque chose à fouiller. »
M. Chaput et Linda Drody ont recueilli témoignages et enregistrements. À Douglastown, les partys de cuisine s’organisaient de façon spontanée, tout comme les « picnic dances » en plein air, une tradition spécifique au village. « Pour eux, la musique était une façon de supporter la vie difficile, analyse M. Chaput. Ça les requinquait et c’était le ciment de la communauté. Et la danse était un sport national. »
Si Douglastown a la réputation d’un village à tradition anglophone irlandaise, « on a réalisé qu’il y avait beaucoup de mixage linguistique », dit M. Chaput.
Ce « carrefour » d’influences diverses distingue Douglastown, estime Glenn Patterson, ethnomusicologue et co-réalisateur du projet avec une autre ethnomusicologue, Laura Risk, qui ont fait le tri dans 70 heures d’enregistrements. Un ingénieur du son a « nettoyé » les pistes retenues.
Quand Bernard Rooney a prêté ses bobines, il ne pouvait plus les écouter depuis des années parce sa machine était brisée. Une fois reçues les copies CD de ses bobines, il a attendu des semaines avant de les écouter. « J’avais tellement peur que ce soit mauvais. [Finalement], je ne peux pas croire que ça sonne si bien, que ce soit si net. »
Le disque est disponible au Centre communautaire Douglas et au Musée de la Gaspésie. Il peut être commandé en ligne sur le site web www.trentesouszero.com, sous la rubrique Catalogue/groupes.