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9 septembre 2012 18 h 25

Le «vieil âge et le rire» en avant-première à Cap-au-Renard

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C’était presque salle comble dans la chapelle de Cap-au-Renard, vendredi, pour l’avant-première du dernier documentaire de Fernand Dansereau, «Le vieil âge et le rire». L’événement était animé par la comédienne Louise Portal.

L’œuvre de 66 minutes, produite par Les Films Outsiders, était présentée dans le village de 268 habitants avant sa sortie montréalaise prévue le 9 novembre, puis ensuite dans l’ensemble du Québec. Pourquoi La Martre avant Montréal? «C’est parce que la productrice du film, Ginette Petit, a séjourné, cet été, à ma maison de Cap-au-Renard, explique Louise Portal. Elle a découvert la chapelle et a tellement aimé son séjour ici qu’elle a décidé d’offrir cette projection gracieusement au comité de la chapelle.»

Ce comité, maintenant connu sous le nom de Cap-au-Renard en couleurs, a pris la balle au bond et a décidé d’inscrire l’événement à sa programmation culturelle.

Les 54 personnes qui ont pris part à la projection étaient de tous âges. Il y avait passablement d’aînés, mais aussi des intervenants œuvrant auprès de cette clientèle. Certains ont d’ailleurs livré des témoignages intéressants lors de la causerie qui a suivi le visionnement.

Il faut aussi dire que le sujet touche une réalité en Haute-Gaspésie. Selon le dernier bulletin statistique régional de l’Institut de la statistique du Québec, 22% de la population de cette MRC est âgée de plus de 65 ans, contre 15,7% au Québec.

Le film

Fernand Dansereau présente le fruit de sa recherche portant sur la relation entre l’âge et le rire, en se référant à des études scientifiques relatives aux effets bénéfiques du rire par rapport à la santé des aînés. Le réalisateur présente le travail de Dr Clown, même si l’entreprise a été au cœur d’une controverse à cause d’une subvention de près de 300 000 $, reçue du gouvernement du Québec. Dr Clown a pour mission de faire rire les bénéficiaires de centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD).

Le moyen-métrage s’ouvre sur une discussion entre cinq comédiens âgés: Kim Yarochevskaya, Gérard Poirier, Andrée Lachapelle, Marcel Sabourin et Aubert Palascio. Le documentaire nous transporte ensuite à Paris, à la rencontre d’experts qui se sont penchés sur l’âgisme. «Pour bien vieillir, il faut aimer la vie, indique un psychiatre en gérontologie, le Dr Olivier de Ladoucette. Il faut avoir des projets.»

Le réalisateur s’est également entretenu avec le philosophe français Robert Misrahi, âgé de 86 ans. «Il n’y a pas de vie après la mort, j’en ai la preuve, affirme-t-il. Je n’ai donc pas à avoir peur puisqu’il n’y a rien. D’où l’importance de se préoccuper de l’avant!» Le maître zen Albert Low croit, pour sa part, que trop de vieilles personnes ne sont pas sages parce qu’elles ont trop peur.

On revient au Québec pour assister à un souper entre quatre sœurs âgées qui discutent de leur état. Ces témoignages donnent parfois droit à des moments drôles, parfois à des commentaires touchants.

Un conférencier, dont les jours sont décomptés à cause du cancer, conseille à ses auditeurs de prendre une petite dose quotidienne de RPH (rire, plaisir, humour). «L’acceptation de la mort est la condition pour bien vivre, croit le gérontologue Gilbert Leclerc. C’est le point tournant.»

«Le vieil âge et le rire» présente aussi le témoignage poignant de la psychologue et auteure Édith Fournier, dont le conjoint, le cinéaste Michel Moreau, était atteint de la maladie d’Alzheimer lors du tournage du documentaire. Depuis, l’homme est décédé. Il s’est éteint il y a quelques jours. Mme Fournier confiait: «Je n’ai rien à attendre des progrès de Michel. S’il y a quelqu’un qui doit progresser, c’est moi. J’ai perdu mes ambitions, mes rêves, mais c’est une délivrance parce que ça donne accès à une dimension de la vie et de l’amour. C’est une vie plus intérieure.»

Fernand Dansereau n’occulte pas le quotidien des personnes en institution et de la routine des travailleurs qui sont à leurs services. Ces images sont présentées avec beaucoup de respect des individus.

D’autres personnalités interviennent dans le documentaire pour parler du thème de la vieillesse. France Castel, Jean Lapointe, le père Benoît Lacroix et Gilles Latulippe. C’est parfois très drôle. «Je n’ai pas vu passer ma vie pendant 15 ans parce que j’étais rond, dira Jean Lapointe. J’ai donc 60 ans! Quand je serai mort, je serai mort de rire!» «On ne peut pas être vieux quand on est jeune, continue Gilles Latulippe. Je ne sais pas quand je serai vieux!»

«Le vieil âge et le rire» a remporté le prix du public Télé-Québec aux derniers Rendez-vous du cinéma québécois. Radio-Canada en assurera la diffusion en 2013.

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