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25 ans
21 novembre 2025 15 h 33

Les 25 ans du GRAFFICI

Juin 2020 / UN TEMPS D’ARRÊT GASPÉSIEN AVEC LAURENT DUVERNAY-TARDIF par Olivier Béland-Côté

GASPÉ | Pour un journaliste de presse écrite, la phase frénétique de la rédaction et le moment enthousiasmant de la publication sont précédés d’une étape cruciale : dénicher une histoire.

Mais avant d’y consacrer un article, des questions s’imposent : celle que l’on tient entre les mains est-elle d’actualité ? Est-elle inédite ou, si ce n’est pas le cas, doit-elle être abordée sous un autre angle ? Enfin, et surtout, est-elle d’intérêt public, notamment pour la population gaspésienne ? Si les histoires répondant à l’ensemble de ces critères ne sont pas légion, parfois, les étoiles s’alignent. C’était le cas pour le portrait consacré à l’exfootballeur médecin et désormais personnalité publique, Laurent Duvernay-Tardif.

Pour dire avec justesse les motifs derrière le choix d’un sujet d’article, il faut toutefois revenir sur le contexte dans lequel celui-ci s’est fait. Revenons donc en arrière, plus précisément au mois de juin 2020.

Toujours sidéré par la crise dans laquelle nous a entraînés la pandémie mondiale, chacun essaie tant bien que mal de retrouver une vie normale. Mais, à ce moment-là, qui y croit vraiment encore ? En Gaspésie, un afflux sans précédent de touristes est sur le point de converger vers nos plages, nos forêts et nos parcs, ces grands espaces moins contraignants sur le plan sanitaire. Après des semaines, voire des mois de confinement, tous ont besoin d’un peu d’air. Et Laurent Duvernay-Tardif ne fait pas exception à la règle.

Mais au contraire d’une majorité de gens qui visite la région pour une première fois, l’homme qui n’a plus besoin de présentation est un habitué, lui qui revient dans la région pratiquement tous les étés depuis son adolescence. Alors, en quoi sa venue en 2020 revêt un caractère particulier ?

D’abord, parce que le gaillard venait d’accomplir un exploit sportif exceptionnel : en février, il était de la formation partante des Chiefs de Kansas City, équipe ayant remporté le prestigieux Super Bowl, faisant de lui le premier joueur né au Québec à soulever le trophée récompensant les champions de la NFL (Ligue nationale de football).

Ensuite, parce qu’il était alors devenu sans le vouloir l’un des emblèmes de ceux et celles qui se sont mobilisés dans la lutte contre la pandémie, troquant l’uniforme de football pour l’uniforme médical. Inconfortable avec l’idée de retourner « jouer », alors que des deux côtés de la frontière beaucoup souffrent, il fera l’impasse sur la saison suivante.

Enfin, si ces deux éléments pouvaient justifier à eux seuls la rédaction d’un article, un troisième, jusqu’alors insoupçonné par le public, confirme que l’on tient une histoire qui rejoindra les Gaspésiennes et les Gaspésiens : son attachement profond à la région.

C’est d’ailleurs sur la foi de cet élément que j’ai soumis à l’époque ce sujet d’article – mon premier – au rédacteur en chef de GRAFFICI. Je suppose qu’il y a vu lui aussi une histoire intéressante, puisque la planification du journal était alors complétée et surtout, que nous ne nous connaissions pas !

Extrait
À l’évidence, l’équilibre semble être credo chez Laurent Duvernay-Tardif, en fait foi la trinité football, médecine et art dictant son quotidien, un canevas qu’il transpose également à la mission de sa fondation mise sur pied en 2017 : promouvoir l’équilibre entre le sport, les arts et les études Celui qui fait la navette entre Montréal et Kansas City se dépose ainsi régulièrement à Gaspé avec sa copine de longue date, Florence Dubé-Moreau (le volet arts de la fondation, c’est elle). Cet arrêt annuel lui permet d’atteindre cet équilibre recherché : Gaspé, comme la troisième assise du trépied qui jalonne sa vie des six dernières années.

« Entre Kansas City, Montréal, tous les projets, ma fondation et la présence médiatique, Gaspé devient un peu une escapade où je sens que je suis là, pas à titre de joueur de football ou de gagnant du Super Bowl, mais à titre de Laurent le chum qui a envie de venir voir ses amis et de s’amuser », dévoile-t-il, laissant apparaître un besoin de normalité dans cette vie menée à haute vitesse.

Et en fait, qu’en est-il de l’attachement de Laurent à la Gaspésie, cinq ans plus tard ? Il semble toujours aussi solide, lui qui a encore une fois choisi la région l’été dernier, et ce, au moment d’effectuer un stage de médecine, enfilant pendant deux mois sarrau et stéthoscope auprès de l’équipe de l’urgence et du Groupe de médecine familiale universitaire de l’hôpital de Gaspé.


Photo : Charles Bilodeau

Avril 2020 / GRAFFICI A 25 ANS : QUAND LA COVID A SUSPENDU LE TEMPS… par Gilles Gagné

CARLETON-SUR-MER | La pandémie de COVID-19 a créé un impact majeur sur les journaux et les personnes qui y travaillent. Il a suspendu le temps, mais en fonction de perceptions très variables, selon les personnes évoluant en journalisme.

Certains journalistes ont perdu leur emploi le matin du 16 mars 2020, au lendemain des quatre terribles journées s’échelonnant du 12 au 15, alors que les pouvoirs publics mettaient la province et le pays sur pause. Le temps passait
vite et lentement à la fois. On avait l’impression que cinq ans s’étaient écoulés depuis le budget du 10 mars déposé par le ministre des Finances Éric Girard, et en même temps, le chômage qui semblait guetter l’essentiel de la société suspendait les minutes, les heures et les journées.

Puis, les publicités de prévention face à la COVID sont entrées. Elles ont sauvé les médias écrits et bien des médias électroniques, mais en même temps, les autorités pouvaient-elles prendre la chance de ne pas marteler des messages de prévention, alors que le public était attentif comme jamais? Bien sûr que non.

C’est dans ce contexte que l’équipe de GRAFFICI a choisi de publier un journal en avril 2020, journal dont la préparation doit se faire en mars, alors que l’incertitude régnait encore.

Un matin, ou un après-midi, le temps étant suspendu en ce début de printemps, je reçois donc une proposition de sujet d’une journaliste résidant temporairement à Gaspé, Geneviève Patterson. Elle est porteuse d’une idée lumineuse en ces temps troubles : un reportage sur les oiseaux de la Gaspésie ferait du bien aux lecteurs. L’idée est vite acceptée.

Elle contacte un ou deux ornithologues, dont Pierre Poulin de Chandler, et on déniche un photographe hors pair, Hugues Deglaire, qui nous envoie une vingtaine de superbes photos d’oiseaux de toutes sortes, des espèces séjournant ou vivant en Gaspésie. Anie Cayouette, notre graphiste à l’époque, fait un travail remarquable de mise en page, et la faune ailée domine l’édition d’avril.

C’est un succès. Les rares interactions directes permises par les autorités en avril et mai 2020 se traduisent par des remerciements, encore plus souvent que par des félicitations! La même tendance frappe les communications écrites.

Les éditions suivantes de GRAFFICI feront place à des reportages davantage orientés vers la COVID elle-même, et les acrobaties qu’elle a suscitées.

Roxanne Langlois, alors membre de l’équipe du journal, a écrit une chronique fort touchante sur le fait qu’elle avait été obligée de se trouver un emploi d’appoint pour pallier la fermeture du défunt hebdomadaire Chaleurs Nouvelles, où elle travaillait depuis avril 2019.

GRAFFICI a notamment publié des textes sur la diplomation de l’école Aux quatre vents de Bonaventure, en fonction de l’adaptation des célébrations, notamment ponctuées par une parade devant le domicile de chaque étudiant obtenant son diplôme de cinquième secondaire. Aude Buévoz, de Carleton-sur-Mer, a obtenu sa citoyenneté canadienne à l’occasion d’une cérémonie tenue sur Zoom!

Imaginez que le port du masque n’a été obligatoire qu’en juillet 2020. Imaginez aussi qu’avant la toute fin de 2020, il n’y avait pas de vaccin, et qu’en avril 2021, la plupart du monde plus jeune que 60 ans commençait à peine à y avoir accès.

Combien de personnes les journalistes ont-ils incité à sortir dehors pour prendre des photos d’elles?

Le 10 novembre 2020, par une chaude journée d’automne, à 20°C dans la MRC du Rocher-Percé, j’ai fait sortir de chez elle une amie de 89 ans, Nicole Deschamps, aujourd’hui décédée, afin de prendre un cliché d’elle destiné à accompagner le profil que j’avais rédigé à propos de sa carrière exceptionnelle de professeur de littérature et de psychanalyste.

Nicole a insisté pour que j’entre dans sa maison de Percé, afin que je prenne une photo d’elle à son bureau, en plus de photos extérieures. Je n’ai jamais été aussi nerveux de transmettre la COVID à quelqu’un, même si le risque était limité. Je travaillais et je travaille toujours à partir de la maison. Mes contacts sociaux étaient rares en 2020, excepté dehors.

C’était ça, le journalisme en situation de COVID, pendant la première année de pandémie. Il y avait cependant bien pire pour les gens ayant perdu leur emploi, et le personnel de la santé.


Photo : Hugues Deglaires

Avril 2023 / LE SÉBASTE SOUS TOUS SES ANGLES par Jean-Philippe Thibault

GASPÉ | S’il y a un dossier qui peut être intimidant pour un journaliste qui vient de l’extérieur du monde maritime, c’est bien celui des pêches. C’est mon cas, moi qui suis plutôt côté forêt que côté mer.

Entre les juridictions provinciale et fédérale, les différentes sortes de pêche, leurs périodes de capture, les zones attitrées pour chacune, les quotas, les sortes de flottilles, les engins de pêche autorisés, la délivrance de nouveaux permis, les multiples associations qui représentent les pêcheurs ou encore l’industrie, le volet politique, le volet scientifique, le volume de captures, leur valeur à quai, le prix donné selon la grosseur des crevettes et tutti quanti : il y a de quoi en perdre son latin pour les néophytes.

C’est donc avec une certaine réticence que j’ai accepté de me plonger dans le dossier du sébaste, un poisson qui était sous moratoire depuis près de 30 ans (mais pas partout, seulement dans une certaine partie du Saint- Laurent, sinon ce serait trop simple). On dit aussi le sébaste pour couper court … mais évidemment il coexiste deux différentes populations : le sébaste atlantique (Sebastes mentella) et le sébaste acadien (Sebastes fasciatus), qui ont des habitats et des patrons de reproduction différents. Ils sont pratiquement semblables morphologiquement et très difficiles à différencier à l’oeil nu pour les non-initiés. Voyez comme c’est simple, les dossiers reliés aux pêches.

Mais c’est un peu notre travail de vulgariser tout ça et de rendre quelque chose de plus clair. Et ça adonne bien parce qu’à GRAFFICI, on a le temps et surtout l’espace pour faire ce genre de chose; bien décortiquer un sujet et penser à tous les angles.

En mars 2023, on savait bien que le retour de la pêche au sébaste n’était qu’une question de temps. On a donc épluché le dossier au grand complet en appelant au Japon le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie halieutique, puis une biologiste en évaluation de stocks à l’Institut Maurice-Lamontagne spécialisée dans le sébaste, un pêcheur de crevettes prêt à faire le saut, le directeur général de l’Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie, trois propriétaires d’usines de transformation et la directrice d’Exploramer.

Je crois qu’on peut dire sans trop se tromper qu’on a retourné pas mal toutes les pierres. Aujourd’hui, la pêche au sébaste demeure encore marginale et seulement une fraction – environ 5 % – des 60 000 tonnes de quota autorisé annuellement avait été pêchée au moment d’écrire ces lignes. Le prix reçu par livre est difficile à rentabiliser. Mais des avancées sont faites, comme en témoignent les investissements à terme de 4,5 millions de dollars dans l’usine des Pêcheries Gaspésiennes à Rivière-au-Renard pour automatiser une ligne de production. Ce dossier est plus pertinent que jamais et je retourne le lire à l’occasion.


Photo : Offerte par Denis Éloquin

Avril 2022 / LE REDRESSEMENT DU STOCK DE HOMARD par Gilles Gagné

CARLETON-SUR-MER | Quand j’ai déménagé à Carleton-sur-Mer, en octobre 1993, la situation des homardiers et de leur ressource était très préoccupante. Un contingent de 227 pêcheurs se partageaient une ressource éparse, qui n’arrivait pas à croître.

Un rapport du Conseil pour la conservation des ressources halieutiques avait conclu à un contexte de surpêche du homard dans l’est du Canada. Plus spécifiquement à la Gaspésie, la biologiste Louise Gendron, de l’Institut Maurice-Lamontagne, martelait qu’il fallait réduire l’effort de capture de plusieurs façons, et qu’il fallait augmenter la taille des homards conservés comme prises commerciales, afin de laisser un plus grand nombre de géniteurs à l’eau et assurer une plus grande ponte.

Des mesures de protection de l’espèce ont été graduellement instaurées à compter de la saison 1997. La liste est impressionnante : augmentation de la taille légale des prises en quatre étapes de 1997 à 2003, rachats de permis, diminution du nombre de jours de pêche de 70 à 68 par saison, diminution du nombre de casiers de 250 à 235 et instauration d’une taille maximale de 145 millimètres au céphalothorax au lieu de 155, dans le but de laisser les plus gros homards à l’eau, afin qu’ils génèrent d’autres gros homards.

Les homardiers ont aussi racheté quatre permis de pétoncle, parce que les dragues utilisées raclaient le fond marin. Le financement du rachat de permis a été majoritairement assuré par des allocations de crabe des neiges obtenues au milieu des années 1990, et à l’occasion par des marges de crédit obtenues des gouvernements québécois et canadien. Une assez modeste subvention de 91 000 $ par permis a été accordée par le gouvernement fédéral en 2009, aussi pour racheter des permis.

Les homardiers ont également embauché un biologiste à temps complet, Jean Côté, pour effectuer des suivis scientifiques, mais aussi pour voir à l’ensemencement annuel de 240 000 homards juvéniles, afin d’appuyer la reproduction naturelle.

Dans l’édition d’avril 2021 de GRAFFICI, on peut lire, après un long entretien avec O’Neil Cloutier, directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, qu’il y a de l’impatience dans les rangs, devant des progrès modestes :

En 2007, les revenus globaux des homardiers gaspésiens oscillent entre 11 et 12 millions $ par an, surtout en raison d’un prix en hausse, à 5,66 $ la livre en 2007. Les prises fléchissent à 775 tonnes métriques cette année-là. O’Neil Cloutier se fait parfois apostropher par certains de ses membres.

« Ça fait 10 ans que la taille légale a augmenté! Je me fais dire : “Tes hosties de mesures, quand est-ce qu’elles vont faire effet?” Ce n’était pas évident. »

Le déblocage est survenu à compter de 2013. Le volume des prises est graduellement passé d’une moyenne de 1000 tonnes métriques par an entre 2000 et 2012, à 4643,9 tonnes métriques en 2021, pour une valeur de 86 660 292 $. Ces données incluaient toutefois la part gaspésienne capturée à l’île d’Anticosti, part qui représente autour de 10 % du total.

Le revenu moyen par permis de 25 800 $ en 1993, s’établissait à 456 000 $ en 2021. Il restait alors 156 détenteurs de permis, incluant les Autochtones. Ce sont 71 permis de moins qu’en 1993, une baisse volontaire de 31,3 %.

Aujourd’hui

En excluant les captures réalisées à Anticosti, les prises de homard en Gaspésie ont atteint un autre record en 2025, à 4949 tonnes métriques, d’une valeur de 83 316 658 $, aussi un record. Ces données sont préliminaires.

Ce montant exclut la valeur ajoutée en usine, et le fait que certaines usines gaspésiennes transforment maintenant du homard capturé au Nouveau-Brunswick. C’est un juste retour des choses, puisque pendant des décennies, les Gaspésiens ont envoyé de la morue à peine transformée sur le marché de Boston.

Les records s’alignent presque sans faille. Une année exempte de record découle généralement d’une météo capricieuse. Le homard est tellement abondant qu’un nombre grandissant de citoyens voudraient qu’une pêche communautaire débouche sur la possibilité d’un accès à la ressource.

Depuis maintenant cinq ans, le homard trône au sommet des espèces les plus lucratives, en Gaspésie comme au Québec. Ce statut a incité le ministère fédéral des Pêches et des Océans à délivrer 51 permis de pêche exploratoire du côté nord de la Gaspésie avant la saison 2025, sans évaluation préalable de l’état de la ressource, un facteur créant beaucoup d’inquiétude chez les homardiers traditionnels.


Photo : Gilles Gagné

Novembre 2024 / LE TEMPLE DE LA RENOMMÉE DU SPORT GASPÉSIEN par Gilles Gagné et Jean-Philippe Thibault

Gilles Gagné
Les sports m’ont intéressé depuis l’âge de six ans. Je suis né en 1960. J’ai un vague souvenir d’une déception vécue, peu après mon septième anniversaire, quand les Maple Leafs de Toronto ont gagné leur dernière Coupe Stanley devant les Canadiens de Montréal, par un mardi soir de printemps.

Au cours des dernières années, bien conscient qu’il n’y a pas de section sports dans GRAFFICI, seulement des articles ça et là, publiés au hasard de nos disponibilités, je me disais qu’il serait intéressant de publier une sorte de répertoire des athlètes gaspésiens s’étant illustrés au fil des décennies, un temple de la renommée. Je n’évoquais pas l’idée « publiquement », même pas à mon corédacteur en chef, que je sais grand sportif, de « peur » qu’il dise qu’il faut le faire maintenant.

En septembre ou en octobre, en prévision du journal de novembre, j’ai glissé quelques mots de mon idée à Jean-Philippe. Je sentais sans doute que ma réflexion avait assez duré. Je notais un peu partout sur des bouts de papier ou dans mon agenda des candidats potentiels, dans plusieurs sports, pas seulement des disciplines professionnelles. Jean-Philippe a immédiatement exprimé son intérêt, notamment en suggérant des noms qui ne m’étaient pas venus à l’esprit. Je reconnaissais en lui l’intérêt que je soupçonnais au départ.

La liste a rapidement explosé, tant et si bien que nous avons étalé le contenu, bien qu’incomplet, en deux éditions. Nous avons sondé quelques amateurs et connaisseurs de sports, qui nous ont fait de bien belles suggestions. Elles dupliquaient parfois les nôtres, mais loin de nous embarrasser, elles confirmaient que nous n’étions pas dans le champ.

Partout sur la planète, il y a malheureusement moins de femmes que d’hommes en mesure, pour des raisons organisationnelles et par manque de vision des financiers sportifs, de se démarquer médiatiquement parlant comme athlètes, d’atteindre le même degré de notoriété par exemple, que des hockeyeurs comme Jude Drouin, ex-joueur des Canadiens de Montréal, des North Stars du Minnesota et des Islanders de New York.

Nous avons donc sondé des amies sportives, et la Table de concertation féministe de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, afin d’aspirer à un meilleur équilibre, bien qu’un réel équilibre n’ait pas été atteint.

La recherche a parfois été ardue, parce que je tenais, et je pense que c’était la même chose pour Jean-Philippe, à garder un certain secret auprès des candidates et des candidats. Parfois, c’était impossible, afin d’obtenir une bonne photo, ou de vérifier certaines informations, comme dans le cas de Cindy Francoeur.

Choisir mène parfois à des déceptions. Nous avons sans doute oublié quelques candidates et candidats. Mais nous sommes toujours ouverts aux suggestions pour les éditions à venir. N’est-ce pas, Jean-Philippe?

Jean-Philippe Thibaulet
Tout à fait, Gilles! Je préciserais à ton commentaire, j’ajouterais pour ceux qui l’ignorent qu’on s’appelle régulièrement pour parler de nos sujets, de leur avancement, de nos frustrations, des performances du Canadien (non quand même pas) et parfois de la vie en général.

Lors d’un de ces appels, Gilles lance l’idée de faire un Temple de la renommée du sport en Gaspésie, avec un grand T. Il mijote l’idée depuis longtemps. Le but était de recenser tous les grands sportifs de la région et d’en faire une brève description. On ne parle pas souvent de sports dans nos pages, comme Gilles le mentionnait plus haut, alors on a sauté à pieds joints dans le projet, malgré l’ampleur de la tâche. Ça ne paraît peut-être pas de l’extérieur, mais le défi était énorme. On s’est aperçu rapidement qu’on risquait de s’être mis le bras dans le tordeur.

C’est quoi, le point bascule pour faire partie du Temple? Est-ce qu’il faut être né en Gaspésie ou « seulement » y habiter? Jusqu’à quel niveau faut-il avoir évolué pour en faire partie? Pourquoi l’un et pas l’autre? On devait trancher, dans quelque chose qui reste relativement arbitraire et qui attise les passions. Les chances qu’on échappe le ballon en cours de route étaient autour de 100 %. Pas grave. On a décidé de le faire quand même avec les risques
que ça implique.

Notre stratégie a été de séparer le dossier en deux numéros, en demandant à nos lecteurs de nous envoyer leurs suggestions, histoire de minimiser le risque d’oublis. Les athlètes qui nous auraient échappé pourraient être repris ultérieurement.

Heureusement, on peut aussi compter sur la mémoire photographique de Gilles, qui me parlait de sportifs dont je n’avais même jamais entendu le nom. On a sollicité aussi des intervenants proches du monde du sport pour des suggestions. Et également des groupes de femmes, parce que l’exercice était un peu trop androcentriste à notre goût.

Ç’a été plusieurs journées de délibérations pour en arriver à une liste finale et une longue partie de ping-pong, de relances, d’ajouts et de soustractions. On aurait facilement pu ajouter deux autres pages de hockeyeurs qui ont atteint des niveaux très élevés, mais on ne voulait pas surreprésenter ce sport déjà bien connu.

Finalement, on a reçu plusieurs commentaires constructifs et c’était en général plus positif que négatif. Grâce à GRAFFICI, la Gaspésie a maintenant son Temple de la renommée du sport. À vous toujours de le porter bien haut, comme dirait l’autre.

Février 2022 / LM WIND POWER : LA NAISSANCE D’UN GÉANT par Jean-Philippe Thibault

GASPÉ | Ce dossier-là, je m’en rappelle comme si c’était hier. C’était pour ma première édition complète comme corédacteur en chef, celle de février 2022. J’avais aidé à faire le montage pour le numéro précédent, mais les commandes avaient déjà été passées aux chroniqueurs et aux journalistes et les textes étaient tous pas mal écrits. J’apprivoisais seulement mes nouvelles tâches.

Là, j’avoue que je voulais marquer un grand coup. L’expression dit qu’on n’a jamais une deuxième chance de faire une bonne première impression. Il ne fallait pas que je me plante avec un truc bâclé, fais à la va-vite et avoir l’air d’un cul-terreux illettré. J’étais pas mal stressé de livrer la marchandise. Encore aujourd’hui, je ne crois pas avoir mis autant de temps et d’énergie sur tout autre dossier.

À la base, je dois dire que j’ai toujours eu une fascination et un respect pour les travailleurs d’usine. Ça remonte sûrement à une ancienne vie où, comme étudiant, j’ai travaillé à l’usine de panneaux particules d’Uniboard à Sayabec, dans la vallée de La Matapédia.

Pendant deux années, j’ai aussi été opérateur de machinerie lourde chez Marmen à Matane. Les sections de tours d’éoliennes, c’est moi et un collègue qui les déplacions partout sur le terrain de l’usine et qui les mettions sur leur fardier pour l’expédition vers les parcs éoliens, dont celui de Baie-des-Sables à l’époque. Ça me semblait beaucoup de responsabilités pour un étudiant payé 14 $ l’heure, mais ç’a été très formateur. J’en garde de bons souvenirs, et, surtout, un respect infini pour ceux et celles qui se lèvent à l’aube (même avant) pour aller faire des quarts de travail de 12 heures – voire plus – cinq, six ou sept fois par semaine. C’est sûrement pourquoi je voulais faire un dossier sur la naissance de LM Wind Power à Gaspé. Fin de la parenthèse d’autopsychanalyse.

Sauf que pour ce sujet, certaines difficultés sont rapidement apparues. Premièrement, les archives. L’idéation d’une telle usine et les premières bribes d’information remontent aux alentours des années 2000. Ça ne fait pas un siècle, mais à cette époque naissante des nouvelles en ligne où tout le monde pensait que tout serait archivé dans le Web pour toujours (non, ça ne l’est pas), disons que plusieurs documents se sont perdus dans la transition.

Heureusement, en journalisme, on ne se fait pas que des ennemis. On a aussi des amis précieux – parfois de l’ombre – qui sont bien prêts à nous donner un coup de main. L’un d’eux avait dans une boîte à peu près tout ce qui s’était écrit sur le sujet depuis les débuts. Juste avec ça, j’en avais pour des jours de lecture, alors ça m’a grandement aidé à mieux comprendre le contexte de l’époque et les différentes étapes du projet. Quand on dit que les contacts sont la chose la plus précieuse d’un journaliste, c’est vrai.

Ensuite, il fallait recueillir des commentaires. Les gens ont été particulièrement généreux. À peu près personne n’a refusé d’en parler, exception faite de la direction de LM Wind Pover qui, depuis le rachat de l’usine par General Electric, a les mains liées et ne commente à peu près jamais.

L’ex-maire de Gaspé, François Roussy, m’a par exemple expliqué la situation générale à l’époque. L’entrepreneur Évangéliste Bourdages m’a aiguillé sur la genèse de l’éolien en Gaspésie, notamment ses discussions de l’époque avec le premier ministre Bernard Landry. L’ex-professeur en maintenance industrielle Christian Babin, lui, a révélé quelques discussions de coulisses sur l’implantation des usines de pales et de tours d’éoliennes à Matane versus à Gaspé. Tout ça était fascinant!

Chez Nergica, Frédéric Côté a partagé avec moi son analyse de la filière éolienne et du chemin parcouru jusque-là. Pas mal de monde a contribué et je les remercie au passage. Même Simon Bujold, qui était alors au conseil d’administration de GRAFFICI, s’est porté volontaire pour aller prendre de superbes photos de l’agrandissement de l’édifice avec son drone. Parce qu’une usine, visuellement, ce n’est pas super sexy et il fallait trouver un visuel assez fort pour illustrer tout ça. Simon a réussi.

Finalement, mon texte était beaucoup trop long. Je visais trois ou quatre pages : il en a fait huit! J’avais peur d’endormir les lecteurs. J’ai proposé de couper, mais Gilles s’y refusait. Je crois qu’il a bien fait. Aujourd’hui encore, j’entends parler de ce dossier-là. La filière éolienne a évolué depuis, mais je crois qu’on a fait un bon coup en plongeant dans les origines de ce qu’on appelait jadis LM Glass Fiber. Je ne crois pas avoir trop bâclé le sujet.


Photo :Jonathan Desjarlais – La boîte flexible

Avril 2025 / POURQUOI J’AI CHOISI DE RACONTER L’IMMIGRATION EN HAUTE-GASPÉSIE? par Johanne Fournier

SAINTE-ANNE-DES-MONTS | Quand j’ai appris que près de 400 nouveaux arrivants s’étaient établis en Haute-Gaspésie, j’ai tout de suite su que je devais raconter cette histoire pour le numéro d’avril 2025. Pour ma terre natale, cette vague d’immigration a quelque chose d’absolument singulier, voire inédit.

La Haute-Gaspésie est la MRC la plus dévitalisée du Québec. Pendant des décennies, ce territoire a vu plusieurs de ses jeunes partir, de ses écoles fermer et de ses commerces mettre la clé sous la porte. L’exode rural a longtemps été le reflet de la réalité démographique. Alors, voir 400 personnes choisir de s’installer en Haute-Gaspésie, de choisir de faire leur vie dans ses villages, cela renverse complètement la tendance.

Ce qui me fascine particulièrement, c’est la diversité de ces nouveaux Gaspésiens : des Ivoiriens, des Camerounais, des Ukrainiens, des Français, des Belges et des Portugais. En deux ans, 125 personnes d’origine africaine ont joint cette communauté du nord de la Gaspésie. Cette richesse culturelle transforme le visage de la région.

Ces nouveaux arrivants représentent un moteur économique. Ils oeuvrent dans nos hôpitaux, nos résidences pour aînés et nos entreprises. Comme Bélinda Ahou, une infirmière ivoirienne qui a choisi de s’installer à Sainte-Anne-des-Monts, ces néo-Gaspésiens apportent des compétences dont nous avons besoin. J’ai aussi voulu raconter cette histoire parce qu’elle incarne l’espoir. Elle prouve que la région peut se réinventer, qu’elle peut attirer et retenir des familles venues d’ailleurs.

Extrait
Pour la première fois, l’organisme Haute-Gaspésie me voici!, en collaboration avec ses partenaires, a célébré l’arrivée d’une centaine de nouveaux arrivants. L’événement festif, qui s’est tenu le 7 février à la Maison de la culture de Sainte-Anne-des-Monts, a mis en lumière l’apport de ces personnes qui enrichissent le tissu social, partagent leur culture et contribuent à pourvoir des emplois locaux. En septembre, une première cérémonie de citoyenneté canadienne s’est tenue à Sainte-Anne-des-Monts.


Photo : Johanne Fournier

Juillet 2025 / MARIE-THÉRÈSE FOREST : IL CONVENAIT DE LA REMERCIER par Gilles Gagné

MARIA | J’avais entendu parler de Marie-Thérèse Forest avant de m’établir en Gaspésie en octobre 1993, et même avant de devenir journaliste, en octobre 1989, à Campbellton, au Nouveau-Brunswick. Pendant mes années à Québec, un bon ami militait en faveur de l’établissement d’une radio communautaire dans Charlevoix.

Dans la mesure de mes petits moyens, j’ai milité d’une part avec cet ami pour la naissance de Radio Charlevoix, CIHO, lors d’audiences du CRTC à Rimouski, en novembre 1984, audiences auxquelles j’ai assisté. J’ai ensuite suivi l’évolution de cette station, qui calquait en grande partie son modèle d’implantation sur celui de CIEU-FM, la radio de la Baie-des-Chaleurs.

Marie-Thérèse Forest était liée aux deux stations. En tant qu’employée de l’Association des radios communautaires, elle avait contribué à la formation du personnel de CIEU, jusqu’à la mise en ondes, et elle avait participé au développement de l’argumentaire de cette station, lors des audiences de Rimouski. CIEU y défendait son renouvellement de permis. CIHO déposait sa demande de permis.

Elle avait ensuite formé des employés de Radio Charlevoix, dont mon ami, Bertrand Dion, devenu animateur du matin.

Marie-Thérèse avait le sens de l’image. Elle se savait atteinte de l’ataxie spastique à compter de 1985. Elle savait qu’un jour, elle serait confinée à la chaise roulante, et qu’une radio entrant chez elle, et diffusant du contenu régional, lui permettrait de rester à jour. Elle le disait quand elle formait de futurs employés de stations de radio, et elle l’a probablement dit aux commissaires du CRTC.

Elle avait tort sur un point. Elle a été confinée à une chaise roulante, mais elle ne s’est jamais servi de cette limite de mobilité pour s’empêcher de participer, officiellement de 1986 à 2014, et au-delà malgré sa retraite il y a 11 ans, à l’émancipation des femmes, et à l’éveil des hommes par la bande, par son engagement dans ce qui est devenu la Table de concertation féministe de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.

En près de 30 ans d’efforts pour la cause, j’ai croisé Marie-Thérèse plusieurs dizaines de fois, par beau temps, sous la pluie battante, par vague de froid intense, lors d’abondantes chutes de neige, pour assister à une manifestation,
à un sommet quelconque, ou à une conférence de presse. Elle semblait capable de passer à travers tout, bancs de neige inclus!

Par un début de soirée de l’automne 2024, j’ai appris en croisant Mireille Carli, l’une des anges de Marie-Thérèse depuis son déménagement de Caplan à Maria, qu’elle avait décidé de demander l’aide médicale à mourir pour le 17 octobre 2025. J’ai assuré Mireille, l’une des premières personnes rencontrées après mon déménagement de 1993, que j’irais voir Marie-Thérèse en 2025.

Les mois ont passé. En mai, en planifiant les sujets de juillet avec Jean-Philippe Thibault, j’ai eu un électrochoc. Et si la condition de santé de Marie-Thérèse s’était détériorée au point qu’elle avance sa décision de partir?

J’ai su en contactant Mireille Carli que l’échéancier du 17 octobre tenait. Je suis allé la voir le 17 juin. C’était ma première entrevue avec quelqu’un recourant à l’aide médicale à mourir. Elle a été d’une générosité et d’un aplomb sans faille. Je suis sorti de l’entrevue secoué.

J’ai repoussé la rédaction de ce texte aussi longtemps que j’ai pu. Je l’ai rédigé le 23 juin. La perfection n’existe pas, mais j’y ai tout mis. Ce fut mon seul texte de la journée. J’ai volontairement choisi une photo sur laquelle Marie-Thérèse exprimait des émotions difficiles à cerner, un peu comme la Joconde, et une photo avec Mireille Carli.

Extrait
Elle veut partir pendant que la vie est encore belle. « La vie m’extasie encore, dans le sens que j’arrive dans la cuisine le matin : “Mon Dieu que c’est beau!” Je pars avec ce côté-là dans mon coeur. J’ai 72 ans; je ne pensais jamais me rendre là. J’en ai profité en masse, mais là, j’ai donné! », résume-t-elle. J’ai eu beaucoup de réactions à la suite de ce texte. J’en reçois encore. Je m’en doutais. Ce texte m’a fait peur. Le sujet était délicat. Je suis allé revoir Marie-Thérèse le 15 octobre, deux jours avant son départ. Je lui avais promis d’y retourner. Ce n’était pas prévu, mais je lui ai raconté la genèse du texte, de mon appréhension, de ma crainte même. Elle m’a écouté avec générosité et aplomb, comme en juin, l’âme en paix, libre comme les personnes qui ont tout donné.


Photo : Gilles Gagné

Juillet 2022 / RÊVER LA GASPÉSIE DE 2040 par Jean-Philippe Thibault

GASPÉ | Ce sujet aussi était plutôt ambitieux. L’idée était de donner la parole à des citoyens partout en Gaspésie pour connaître leurs aspirations, leurs désirs et leurs rêves dans un horizon d’à peu près une vingtaine d’années, autour de thèmes prédéterminés : culture, éducation, environnement, sport, société, santé et transport. Sinon, les auteurs avaient carte blanche pour leur texte, qui devait faire environ 400 mots. Ce qu’il faut dire ici, c’est qu’à GRAFFICI, depuis plusieurs années, les deux numéros estivaux se suivent d’environ un mois seulement. Traduction : c’est extrêmement court pour solliciter, recueillir, relancer et corriger les textes de 14 personnes différentes, en plus du reste du journal régulier et tout ce que ça implique. Moi qui pensais me la couler douce, c’était complètement manqué.

On a peut-être eu les yeux un peu plus grands que la panse. Certaines personnes se sont désistées à la dernière heure et d’autres ont dû prendre la plume à la dernière minute pour « combler un trou ». Remerciements d’ailleurs à la présidente du conseil d’administration du journal et ancienne journaliste Geneviève Gélinas qui, je soupçonne, a rédigé son papier quelque part dans la nuit avant la date de tombée en raison de notre demande inopinée dans la dernière ligne droite.

Gilles a travaillé plus que moi sur ce dossier. La majorité – pour ne pas dire la totalité – des intervenants du dossier proviennent de son réseau de contact. Ça nous a notamment permis de lire des plumes différentes, de mettre à contribution des auteurs externes et d’avoir un mince échantillon de ce à quoi les gens aspirent pour la Gaspésie. Un exercice rare, mais ô combien intéressant.


Photo : Fannie Desmarais

Février 2024 / LE HOCKEY MINEUR EN GASPÉSIE par Jean-Philippe Thibault

GASPÉ | Comme plusieurs sujets, celui-ci est né au simple tournant d’une discussion. Mon frère me disait que l’inscription de son plus vieux au hockey scolaire lui avait coûté … 3900 $. La somme est conséquente et siphonne assez rapidement un budget familial. À ce prix, les déplacements en autocar et l’hébergement dans les hôtels sont fournis, mais pas la nourriture lors des sorties à l’extérieur ni l’équipement. Bref, autour de 5000 $ pour toute une saison.

En en parlant avec Gilles, on se questionnait si ce modèle pouvait être applicable en Gaspésie et si l’idée avait déjà été amenée sur la table; si les avantages surpassaient ou non les inconvénients. On l’ignorait totalement, mais d’autres experts avaient un meilleur portrait d’ensemble.

Gabriel Vallée et Jean-François Plourde, deux piliers du hockey en Gaspésie, nous ont aiguillés sur le sujet, sans à priori ni jugements, en exposant les faits et la réalité des joueurs en Gaspésie, qui souvent s’exilent vers 12 ou 13 ans pour tenter leur chance dans de « plus grosses ligues », avec en toile de fond le fractionnement de l’offre et des structures dans les dernières années.

L’occasion était tout indiquée pour parler du principe de mettre le jeune au centre des décisions, des inscriptions en Gaspésie, de l’orientation du sport dans la région et même de la place des parents dans les estrades. Voici d’ailleurs un extrait assez évocateur. La citation est de Jean-François Plourde.

Il y a eu un éclatement des ligues au Québec. Ce que ça amène pour une petite région comme la nôtre et je le dis haut et fort, c’est que si dans un même niveau, pour les mêmes jeunes, il y a deux services différents, on va se tirer dans le pied avec un bazooka. Si par exemple en M15, on a une équipe élite civile et une autre avec le RSEQ, ça va faire comme ailleurs et assassiner les deux projets. Le nerf de la guerre, c’est que les instances se parlent. Il ne faut pas faire les mêmes erreurs qu’ailleurs. Au Bas-Saint-Laurent, ça ne se parle pas tant que ça. Pour le même groupe d’âge, il y a plusieurs services. On n’a pas le bassin pour ça ici. Il faut avoir la vision triennale ou quinquennale du hockey en Gaspésie. Il y a beaucoup d’enjeux. Les gens doivent se parler et oublier leur propre intérêt.

Ce résumé a quand même bien vieilli.


Photo : Jean-Philippe Thibault

ÉPILOGUE
Plusieurs lecteurs auraient sans doute suggéré d’autres dossiers déterminants publiés par GRAFFICI entre 2020 et 2025. Notre choix a été ardu. Si certains textes bien fouillés n’apparaissent pas dans la liste, c’est parfois parce qu’ils font partie d’une liste de sujets, le logement, la ZEC des Anses ou les services aux personnes handicapées, à propos desquels nous planifions un suivi dans un avenir prévisible. Vous pouvez aussi nous envoyer des suggestions à redaction@graffici.ca.