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24 mai 2012 13 h 51

Les capitaines-propriétaires veulent se faire entendre

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Le directeur général de l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie, Jean-Pierre Couillard,  qui s’est rendu à Ottawa la semaine dernière pour dénoncer la politique fédérale de modernisation des pêches commerciales, souhaite que le message passe.

«C’était une offensive préventive, précise le directeur général de l’organisme à l’origine cette mobilisation, Jean-Pierre Couillard. On est allés là-bas pour débattre et dénoncer la démarche du gouvernement Harper qui changerait le modèle actuel de gestion des pêches qui, actuellement, favorise le développement économique communautaire.»

«Si la résolution du gouvernement conservateur est mise de l’avant, cela donnerait la possibilité à des gens, dont à des entreprises de l’extérieur, de pouvoir acheter des quotas et des contingents de pêche, poursuit-il. Ça couperait ainsi le lien de compétitivité de tous les autres secteurs, comme c’est le cas dans l’Ouest canadien.»

Les craintes

Par ce projet, M. Couillard craint notamment l’abolition de deux principes importants, soit celui du propriétaire exploitant et celui de la séparation des flottilles. Ceux-ci accordent actuellement aux pêcheurs propriétaires de bateaux de 65 pieds et moins les permis de capture de la ressource.

Or, par sa démarche de modernisation des pêches entreprise à la fin de 2011, Ottawa préconise que les usines, qu’elles soient de propriété canadienne ou étrangère, puissent obtenir ces permis. Selon le porte-parole des capitaines-propriétaires, il revient plutôt aux collectivités, aux représentants d’organismes de développement régional et aux MRC de prendre en main le développement de l’industrie de la pêche.

Si le gouvernement met en application son projet, cela pourrait signifier la disparition des communautés rurales de pêcheurs, croit le directeur général de l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie. «Cela affecterait aussi indirectement plusieurs entreprises régionales, soutient-il. J’ai comme exemple deux propriétaires de bateaux qui, récemment, ont dépensé 500 000 $ chacun en réparation. Ils ont donc fait affaires avec des soudeurs, des mécaniciens, des électriciens et d’autres entrepreneurs de leur région.»

M. Couillard mentionne le cas de l’Ouest canadien où les permis de pêche des villages côtiers et autochtones sont disparus. Ainsi, selon lui, il n’y a plus de retombées économiques de la pêche dans cette région.

Les appuis

Lors de la mobilisation à Ottawa, l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie a reçu l’appui d’une coalition de pêcheurs provenant de toutes les provinces maritimes et de la Conférence régionale des élus Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (CRÉGÎM).

«C’est d’une extrême importance pour la sauvegarde de l’autonomie des pêcheurs et la survie des collectivités, a indiqué le vice-président de la CRÉGÎM et maire des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, qui a également pris part à l’événement. L’industrie des pêches est une des bases de l’économie de la Gaspésie et des Îles et l’on s’attend à ce que les politiques gouvernementales consolident l’industrie plutôt que de l’affaiblir.»

La CRÉGÎM a d’ailleurs adopté, en mars, le Mémoire dans le cadre de consultations sur l’avenir des pêches commerciales canadiennes sur la modernisation des pêches. Par ce document, les élus recommandent à Pêches et Océans Canada de faire en sorte que les politiques de séparation des flottilles et du pêcheur-propriétaire soient enchâssées dans la Loi sur les pêches. Cela aurait pour objectif de protéger l’industrie et la ressource ainsi que d’offrir aux communautés concernées un avenir plus prometteur dans un secteur qui, selon la CRÉGÎM, a été malmené au cours des dernières décennies.

La région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine compte environ 800 pêcheurs, près de 1 000 entreprises de capture et une soixantaine d’entreprises de transformation qui procurent de l’emploi annuellement à plus de 3 600 travailleurs.