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2 avril 2021 9 h 07

Marsoui vibre au rythme de la danse professionnelle

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MARSOUI | Depuis bientôt trois ans, les paysages de Marsoui sont le théâtre de chorégraphies de danse où l’espace et le rapport au public se pensent autrement. Si la compagnie montréalaise Mandoline hybride a migré vers Marsoui en 2018 pour ses grands espaces et sa nature généreuse, sa dirigeante et danseuse professionnelle, Priscilla Guy, a découvert une communauté avec qui elle a développé des liens si forts qu’elle a décidé de s’y établir en permanence.

« Il y a cet attrait, dans les régions rurales, où on peut développer des liens intergénérationnels avec des gens qui ont des parcours de vie différents de nous, souligne Mme Guy. Dans les grandes villes, on se rassemble naturellement avec des gens qui font la même chose que nous. Dans les petites communautés, on n’a pas le choix d’être dans la mixité. Ça me nourrit beaucoup. »

Plusieurs chapeaux

Fondée il y a 13 ans, la compagnie Mandoline hybride est un organisme sans but lucratif qui porte plusieurs chapeaux, à l’image de sa fondatrice, Priscilla Guy, qui est à la fois artiste, chercheuse et commissaire. « Le premier mandat de Mandoline hybride est d’oeuvrer à la création, à la recherche et à la diffusion d’oeuvres artistiques qui convoquent souvent la danse, mais qui vont frayer avec d’autres disciplines artistiques, décrit-elle. On a fait des tournées au Québec et à l’international avec des projets de danse in situ. La compagnie me soutient aussi dans des projets de ciné-danse, cette rencontre entre la danse et le cinéma. »

Avec ce nouveau mandat de danse à l’écran est né le projet Regards hybrides. À Montréal, la compagnie n’avait pas accès à un lieu de résidences d’artistes et de performances artistiques permettant de créer en nature et d’accueillir des gens dans une formule différente de celle des salles de spectacles. C’est la raison pour laquelle Mandoline hybride a fondé Salon58 à Marsoui.

Avec Salon58 est apparu Furies, un festival de danse in situ. « La danse in situ se prête bien à des villages où on n’a pas les infrastructures pour accueillir de grands spectacles sur scène », explique Priscilla Guy. L’événement Furies a été présenté pour la première fois à l’été 2019. La deuxième édition, qui devait avoir lieu en 2020, a été reportée du 28 juillet au 1er août prochain.


Situé à Marsoui, Salon58 est un lieu de résidences d’artistes et de performances artistiques permettant de créer en nature et d’accueillir des gens dans une formule différente de celle des salles de spectacles. Photo : Offerte par Mandoline hybride

Pourquoi Marsoui?

« J’ai eu l’opportunité, à plusieurs reprises dans ma carrière, d’avoir des résidences dans des lieux ruraux, dont en particulier en Catalogne, raconte Mme Guy. Ça a transformé mon expérience de recherche et de création. Il y a quelque chose avec la nature qui est très aligné avec la création artistique en termes d’état d’esprit, de connexion avec le vivant. »

« Dans ma recherche d’un lieu pour faire des résidences d’artistes, il y avait plusieurs critères : être proche d’une communauté et d’un cours d’eau, être dans la forêt, avoir une maison avec trois ou quatre chambres, avoir un grand terrain, avoir des voisins, mais pas trop proches. En cherchant sur les sites de vente de maisons, je suis tombée sur cette maison de Marsoui. Je ne connaissais pas Marsoui.»

Public et financement

Le public de Mandoline hybride est très varié. « On a nos habitués de Marsoui qui viennent, indique l’artiste. Il y a aussi des gens de Mont-Louis jusqu’à Matane. Il y a des retraités qui sont revenus dans la région, des jeunes Néo-Gaspésiens qui habitent la région pour le travail ou pour des projets d’autonomie alimentaire. Il y a une mixité de publics. »

Mandoline hybride est principalement soutenue par différents programmes du Conseil des arts du Canada ainsi que du Conseil des arts et des lettres du Québec. Pour l’organisme oeuvrant en Gaspésie, le financement représente tout un défi, selon sa directrice générale et artistique. « C’est beaucoup plus difficile. Dans les petits villages, particulièrement en Haute- Gaspésie, il n’y a pas de soutien municipal, pas d’enveloppes pour les arts. Il n’y a pas de conseil des arts régional. »


L’événement Furies a été présenté pour la première fois à l’été 2019. La deuxième édition, qui devait avoir lieu en 2020, a été reportée du 28 juillet au 1er août prochain. Photo : René Faulkner

Rayonnement pour Marsoui

Pour le maire de Marsoui, Mandoline hybride est la bienvenue. « C’est un plus pour l’art, estime Ghislain Deschênes. J’espère que ça va être connu encore plus et qu’ils vont réussir à attirer encore plus de monde chez nous! » Priscilla Guy constate une curiosité de ses collègues montréalais pour Marsoui. « Maintenant, tout le monde sait où est Marsoui, alors qu’avant, ils ne savaient même pas que ça existait! »

Née à Sherbrooke, Priscilla Guy a fait ses études collégiales en danse au Cégep de Drummondville. La ballerine qu’elle était depuis sa plus tendre enfance était aussi attirée par les arts plastiques. Elle a donc obtenu un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia à Montréal, pour ensuite compléter une maîtrise en danse à Toronto. Depuis six ans, elle poursuit un doctorat en ciné-danse à l’Université de Lille, en France.


Directrice générale de Mandoline hybride, Priscilla Guy est aussi artiste, chercheuse et commissaire. Photo : Offerte par Priscilla Guy