Nouveaux maires, nouvelle façon de faire
SAINTE-ANNE-DES-MONTS, juillet 2018 – Ils sont nouveaux en politique municipale. Téléphone intelligent en main, ils sont branchés sur les réseaux sociaux et favorisent les rencontres citoyennes. Ils sont loin du rôle de maire omnipotent que s'appropriaient jadis certains de leurs prédécesseurs. Marie Gratton, Simon Deschênes et Guy Bernatchez représentent une nouvelle classe politique en Haute-Gaspésie.
Ils arrivent avec un nouveau regard sur la gouvernance municipale qui ne semble toutefois pas incompatible, selon eux, avec celui de leurs homologues de la vieille garde. « Ce qui nous distingue, c’est une nouvelle vision, estime le maire de Saint-Maxime-du-Mont-Louis, Guy Bernatchez. Ce qui nous différencie, c’est la transparence et la communication avec notre monde. Nos citoyens aiment ça. On a fait une assemblée citoyenne informelle, sans ordre du jour, où on a écouté les gens. On a fait ça à Gros-Morne. On veut en faire aux deux mois. À Saint-Maxime-du-Mont-Louis, on a trois localités. Il y avait des guerres de clochers. Cette façon de faire les atténue. »
De la politique autrement
« Le poste de maire était plus honorifique, soulève le maire de Sainte-Anne-des-Monts, Simon Deschênes, tout en précisant que son commentaire ne consiste pas à dénigrer le travail de ceux qui l’ont précédé. On n’est plus [davantage] là. Être maire, ça ne se résume pas à faire les chemins, les égouts et l’aqueduc. On est dans toutes les réunions, on est beaucoup sur le terrain. Je fais beaucoup de visites chez les citoyens. » Guy Bernatchez compare son rôle à celui d’un agent de développement. « C’est la nouvelle mentalité », endosse la mairesse de Cap-Chat, Marie Gratton.
M. Deschênes croit à l’efficacité des réseaux sociaux. « Les gens sont là », indique l’élu de 40 ans. « À Mont-Louis, on s’est fait une page Facebook, ajoute M. Bernatchez. J’implique beaucoup le conseil sur Facebook. »
M. Deschênes croit qu’aujourd’hui, il faut « faire de la politique autrement ». Pour Mme Gratton, cela se traduit par certains changements aussi simples que de tenir les assemblées du conseil municipal de façon plus démocratique. « Avant, il pouvait y avoir 25 points à l’ordre du jour et une demi-heure après, la réunion était finie, raconte la femme de 59 ans originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon, installée à Cap-Chat depuis 2013. Nous, on explique chaque point. »
Le goût du changement
Marie Gratton a réussi à déloger le maire Judes Landry, resté 17 ans à la tête de Cap-Chat. L’automne dernier, après 29 jours de campagne, la retraitée de la Sûreté du Québec a obtenu 69 % de majorité. « Les gens voulaient du changement, en conclut l’unique femme au conseil des maires de la MRC de La Haute-Gaspésie. Un soir, 125 citoyens sont venus me chercher lors d’une rencontre du Club des 50 ans et plus pour me demander de me présenter à la mairie. Moi, ce que je voulais, c’était de me présenter à la préfecture de la Haute-Gaspésie. »
Guy Bernatchez a pris la relève de son père, Paul-Hébert, qui a été maire de Saint-Maxime-du-Mont-Louis pendant dix ans. L’homme avoue qu’il ne rêvait pas de poursuivre l’œuvre de son père à la tête de la municipalité. « Je suis peut-être allé à une seule séance du conseil quand mon père était maire, raconte le contremaître forestier de 47 ans. J’étais probablement son citoyen le plus critique. Que mon père ait été maire n’a pas été l’élément déclencheur. Ce qui m’a amené en politique municipale, c’est l’amour de mon coin de pays. » La moyenne d’âge de six membres sur sept de son conseil est de 43 ans, note M. Bernatchez.
Après avoir été conseiller municipal pendant sept ans, Simon Deschênes a été élu maire de Sainte-Anne-des-Monts avec 94 % des voix lors des élections partielles de 2016, à la suite du décès de Micheline Pelletier. En novembre 2017, il a été reporté au pouvoir sans opposition. Trois membres de son conseil municipal sont âgés entre 34 et 44 ans. « On n’avait jamais vu ça avant », souligne-t-il.
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