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16 novembre 2011 7 h 35

Pétrole à Haldimand : la nappe phréatique à l’étude

Des chercheurs analyseront le sous-sol d’Haldimand et de Tar Point (Douglastown) afin de déterminer les risques de l’exploration pétrolière pour la nappe phréatique, a annoncé Pétrolia lundi soir lors d’une rencontre publique à Gaspé.

Les citoyens présents ne sont pas rassurés pour autant, et certains se sont plaints que la firme ait effectué des travaux sur leurs terres sans leur consentement.

Une quinzaine de puits d’observation de la nappe phréatique, d’une profondeur de 50 mètres, seront forés d’ici les fêtes. Des chercheurs de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) analyseront l’écoulement de l’eau souterraine. «On veut voir s’il y a un lien entre les réservoirs [de pétrole] et la nappe phréatique, explique René Lefebvre, hydrogéologue à l’INRS. [En conséquence], y a-t-il moyen de moduler les pratiques pour réduire les risques?»

Des craintes persistent voulant que la fracturation puisse contaminer la nappe phréatique. Le procédé envisagé par Pétrolia consiste à injecter un liquide sous haute pression pour casser la roche en profondeur, et libérer le pétrole.

Comité de suivi

Nicole Huybens, chercheure en éco-conseil à l’Université du Québec à Chicoutimi, animera un comité de suivi des travaux de Pétrolia. «On veut voir si, au Québec, l’exploitation pétrolière peut participer à un monde plus juste, plus libre, plus vert et plus responsable», dit-elle.

Pétrolia financera les deux projets, mais les chercheurs ont défendu leur indépendance, arguant que leurs salaires ne dépendent pas de Pétrolia.
Présente à la rencontre, Samuel Pinna s’est dit «content» qu’une recherche s’entame. «Mais si les conclusions sont que les risques sont trop élevés, qu’est-ce qu’on peut faire? L’encadrement légal est minime.»

Quant à Danielle Haché, elle bouillait à la fin de la rencontre. «C’est du violon pour nous endormir, a-t-elle lancé. Ça me choque que des universitaires mettent leur savoir à profit pour faire avaler ce projet aux gens.»

Les Gaspésiens demandaient une rencontre publique avec Pétrolia depuis plusieurs mois. «Ça va faire partie d’une bonne habitude», a promis Isabelle Proulx, vice-présidente de l’entreprise.

Erreurs à répétition

Parmi les 50 personnes présentes, plusieurs avaient des inquiétudes ou des plaintes à exprimer. Sylvie Paradis, résidante de York Sud, a rapporté que Pétrolia a fait des levés géophysiques sur son terrain cet été, malgré son refus. Il s’agit d’une erreur, selon Mme Proulx, qui s’est excusée.

Pierre-Paul Synnott a reçu de Pétrolia, par la poste, une lettre d’entente et un chèque au nom d’une autre personne. Ce propriétaire de deux terrains à Haldimand croit que la firme a passé sur ses terres sans permission. Mme Proulx l’a invité à éclaircir la situation après la rencontre.

En 2008, Nathalie Souchet a découvert un travailleur en VTT en train de poser des câbles sur son terrain de Sandy Beach. Elle n’avait jamais été avertie. «Ça fait beaucoup d’erreurs, vous avez une façon cavalière de travailler», a-t-elle lancé. Mme Proulx a répondu qu’en 2008, Junex dirigeait les travaux, et non Pétrolia. «C’est votre numéro que le travailleur m’a donné», a rétorqué Mme Souchet.

GRAFFICI a documenté deux autres cas d’erreurs de Pétrolia dans le passé. Une résidante d’Haldimand, Cathy Archambault, avait dit non à des travaux sur son terrain. Elle a tout de même reçu un chèque sur lequel était inscrit que l’encaisser équivalait à consentir.

En 2009 à Douglastown, Sylvain Trudel a vu surgir sur ses terres un travailleur en VTT qui effectuait des levés géodésiques. M. Trudel n’avait jamais été consulté.