Pétrole en mer : des appuis dans la région
La plupart des Gaspésiens rencontrés vendredi par le ministre Clément Gignac pourraient appuyer le développement des hydrocarbures en mer, en autant que la région obtienne des retombées.
Le nouveau ministre québécois des Ressources naturelles a fait une discrète visite à Gaspé le 7 octobre, pour entendre les préoccupations des Gaspésiens et pour les inciter à participer aux futures consultations sur le pétrole et le gaz en mer.
Le grand public et les médias n’étaient pas conviés, mais on a laissé entrer la journaliste de GRAFFICI.CA. Les invités du ministre étaient surtout des représentants de la pêche, de l’aquaculture et du tourisme, des maires, des préfets et des militants libéraux.
Gilbert Scantland, directeur de la Conférence régionale des élus, a souligné que la Gaspésie «est en train de se donner l’image d’une région verte, avec l’éolien et la mariculture. Le pétrole est un peu en porte-à-faux avec cette vision.» Des retombées économiques «intéressantes, qui dépassent [les redevances liées à] l’exploitation», pourraient aider la région à avaler la pilule, croit M. Scantland.
«Un rendez-vous à ne pas manquer»
Pour O’Neil Cloutier, représentant des homardiers, l’exploitation des hydrocarbures est «un rendez-vous à ne pas manquer». «Il faut s’associer à la démarche pour obtenir des redevances pour la capture, la mariculture et la transformation.» De l’argent qui pourrait servir à ensemencer du homard, ou à rediriger certains pêcheurs vers la mariculture, précise M. Cloutier.
Bastien Denis, de l’usine Crevette du Nord Atlantique, est d’avis «qu’on ne peut pas passer à côté de ça [le développement des hydrocarbures]». «Mais s’il faut arrêter la pêche pendant trois ans, est-ce qu’on va avoir un dédommagement égal à nos pertes?», demande-t-il.
Le maire de Gaspé, François Roussy, était absent, mais un de ses adjoints a lu sa lettre au ministre. Il y qualifie les risques de «grands, voire très grands. Nous voulons disposer d’information claire et impartiale, et ensuite, que les risques soient minimisés. (…) Dans une mer semi-fermée (comme le Golfe) les risques sont bien réels. Pourquoi risquer nos ressources renouvelables pour des ressources non renouvelables? Aura-t-on des retombées, des redevances locales?»
Prêt à «aller plus loin»
Québec a commandé à la firme Genivar une évaluation environnementale sur l’éventuelle mise en valeur des hydrocarbures du Golfe du Saint-Laurent. «Il n’y aura pas d’exploration ni d’exploitation tant que le rapport final ne sera pas déposé (à l’automne 2012)», a averti d’emblée M. Gignac.
Toutefois, le rapport préliminaire «l’incite à aller plus loin».
«On est en mer, pas dans le fleuve, souligne le ministre. Il faut comprendre aussi qu’à Terre-Neuve, ils ont eu ce genre de débat il y a 25 ans. Il ne faut pas ignorer leur expérience.»
Le ministre Gignac garde la même réserve que sa prédécesseure Nathalie Normandeau sur d’éventuelles redevances régionales. «Il faut d’abord que la région exprime ce souhait. Je ne vais pas l’écarter, mais il faut voir ce que ça crée comme précédent.»
Le rapport n’est pas très bavard sur les risques d’une marée noire, admet M. Gignac. C’est mon souhait qu’on en sache plus dans le rapport final.»