Pétrole en mer : plus d’information souhaitée en Haute-Gaspésie
Plusieurs intervenants de la MRC de la Haute-Gaspésie se montrent soucieux des conséquences que pourraient avoir l’exploitation pétrolière en mer sur les industries du tourisme et des pêcheries. Selon eux, il est vital d’avoir plus d’informations avant de donner le feu vert au projet.
«Il faut toujours garder en tête que les industries de la pêche et du tourisme sont très importantes chez nous et génératrices de plusieurs milliers d’emplois, commente Allen Cormier, préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie. Puisque ces emplois pourraient être menacés par l’exploitation des hydrocarbures, il faut donc être très prudent.»
«La richesse créée par les hydrocarbures devra profiter à la Gaspésie dans son ensemble et pas seulement aux pétrolières, rapporte-t-il. Ça vaut la peine d’étudier s’il serait possible de créer des bourses d’études, de programmes de diversification économique en complément, poursuit-il. Les villes de la Gaspésie pourraient-elles être partenaires, comme ça s’est déjà vu dans le développement de parcs éoliens? C’est un scénario qui serait envisageable.»
Les résidents des villages côtiers, peu informés
«Grosso modo, la population ne me semble pas conscientisée du tout, s’inquiète Sandra Gauthier, directrice générale d’Exploramer, un musée maritime basé à Sainte-Anne-des-Monts dont la mission consiste notamment à informer la population sur des enjeux écologiques. Il ne faut penser qu’une exploitation pétrolière au large des Îles-de-la-Madelaine, c’est loin de nous!, s’exclame-t-elle. Avec les courants de fonds, s’il advenait un déversement, c’est dangereux que ça se retrouve par ici. Et les animaux marins, comme les phoques par exemple, ne demeurent pas en un seul endroit; ils sont donc très vulnérables», précise-t-elle.
Pour le moment, la directrice estime qu’un moratoire s’impose pour étudier les risques associés à l’exploitation pétrolière. «On n’est pas pour ou contre; il nous manque cependant encore beaucoup de données pour prendre position.»
Un entrepreneur dit «non»
Alexis Poirier, président de l’Auberge festive Sea Shack, est catégorique. «Je ne veux pas d’exploitation pétrolière dans le Saint-Laurent, même si c’est pour créer 5000 jobs, peste-t-il. Dans 50 ou 100 ans, je crois que l’on va avoir créé bien plus de richesse en ayant pris soin de préserver l’environnement.»
«Si ça nous rapportait vraiment beaucoup, peut-être qu’on pourrait prendre le risque de scraper ce que l’on a.»
Pour l’entrepreneur, le développement durable et la conservation de la nature constituent des valeurs essentielles à la pérennité de son commerce. «Les grands espaces, la nature, les baleines, le paysage, c’est là-dessus que repose notre business.»