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19 mars 2013 15 h 13

Pétrole : fracturer à Haldimand, est-ce nécessaire ou pas?

Exploiter le pétrole gaspésien sans avoir recours à la fracturation, est-ce possible? Deux experts se prononcent.

Pétrolia répète depuis plusieurs mois que son objectif est de produire sans fracturer à Haldimand. La firme n’exclut toutefois pas de recourir à cette technique, qui consiste à injecter sous haute pression un mélange d’eau (ou d’un autre liquide) de sable et de produits chimiques pour fracturer la roche en profondeur et libérer le pétrole.

«Clairement» possible

Il est «clairement dans le domaine des possibilités» que le pétrole gaspésien puisse être extrait sans fracturation, juge Denis Lavoie, chercheur en géologie sédimentaire à la Commission géologique du Canada.

Dans des réservoirs «conventionnels» comme ceux d’Haldimand ou de Bourque (entre Murdochville et Grande-Vallée), dit-il, un réseau de fractures naturelles pourrait permettre au pétrole de se déplacer librement vers le tube de production. Le forage horizontal prévu à Haldimand n° 4 vise d’ailleurs à «intercepter à angle droit un maximum de ces fractures», explique Denis Lavoie.

Certains réservoirs sont toutefois «à la limite» d’une production commerciale sans fracturer. Est-ce le cas d’Haldimand? «C’est ce que les prochains forages vont nous donner comme info», répond Denis Lavoie. Un débit économiquement viable pour Pétrolia serait moindre que pour une grande compagnie comme Shell, fait remarquer le chercheur.

Denis Lavoie travaille depuis 25 ans à évaluer le potentiel en hydrocarbures de l’Est du Canada. «Les grès évalués par Pétrolia [à Haldimand] faisaient partie de notre évaluation», dit-il.

«Peu de chance» sans fracturer

Le chef de la direction de Junex, Jean-Yves Lavoie, estime au contraire que la fracturation sera nécessaire à Haldimand. «D’après les essais faits, les données recueillies, il n’y a pas tellement de chance de produire de façon commerciale sans fracturer», affirme l’ingénieur.

«Il y a toujours un bémol, on est dans un secteur exploratoire, ajoute-t-il. Quelqu’un d’autre peut faire une autre analyse que nous.»

Jusqu’en décembre 2011, Junex possédait 36 % des droits dans le projet Haldimand. La firme a repris ses billes pour se concentrer sur son projet de Galt, à une vingtaine de kilomètres de Gaspé.

Et à Galt?

Les premiers forages de Galt sont situés dans une zone où Junex a fini par conclure qu’on «ne peut pas produire de façon commerciale sans fracturer, la roche est trop « serrée »», affirme Jean-Yves Lavoie.

Mais en forant Galt n° 4 l’été dernier, 2,5 kilomètres plus à l’ouest, «on s’est approchés d’une zone de failles. Peut-être qu’on peut produire de façon conventionnelle», croit le chef de la direction de Junex. Cet été, Junex réalisera  un ou deux forages horizontaux à partir de Galt n° 4 pour vérifier cette hypothèse.

Malgré ses espoirs pour Galt, Jean-Yves Lavoie appelle Québec à permettre la fracturation. «Ce qui a mis le Québec sur la carte, c’est la découverte des shales de l’Utica et la fracturation hydraulique.» Interdire la fracturation reviendrait à soustraire une trop grande partie du territoire à l’exploitation, juge-t-il.

Selon Jean-Yves Lavoie, il faut «un projet de démonstration» de fracturation en Gaspésie ou à Anticosti pour «voir si on est capables de casser la roche». Le projet devrait être doublé d’une surveillance environnementale pour identifier d’éventuels dommages.