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Éditorial
15 octobre 2014 19 h 28

Reviendra-t-elle?

Thierry Haroun

Libre arbitre

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L’ex-ministre Nathalie Normandeau, qui continue à défrayer la manchette, cèdera-t-elle à la tentation de revenir en politique? Tout indique que oui, pour l’instant du moins.

Mme Normandeau n’en est pas à une controverse près concernant son retour en politique. La dernière en date a forcé l’ex-ministre à admettre qu’elle a été « courtisée » par le Parti libéral du Canada pour se présenter comme candidate aux prochaines élections fédérales prévues en octobre 2015. « Par contre, elle ne fera pas d’autres commentaires », avait indiqué son relationniste, David Couturier. Une réponse courte, mais qui en dit long sur ses intentions de retour. Quand on traduit ces mots en termes politiques, ça donne ceci : « Je suis en réflexion ». En effet, car si elle voulait vraiment tuer la rumeur dans l’œuf, elle aurait fait dire ceci à son relationniste : « J’ai été courtisée par le PLC, mais je ne compte pas revenir en politique ». Depuis son passage à la commission Charbonneau, la voie n’a jamais été aussi ouverte pour un éventuel retour. Toutes les allégations éventées sur la place publique sont désormais derrière elle. La tentation est donc grande. Mais où se présentera-t-elle, le cas échéant : dans notre région ou ailleurs?

Dans l’optique où elle se présente dans notre région, ses chances de l’emporter contre le député néo-démocrate Philip Toone sont minces, très minces. Il s’agit de regarder de près le récent sondage web de CHAU TVA. À la question  « voteriez-vous pour Nathalie Normandeau si elle se présentait comme députée fédérale dans la circonscription Gaspésie-Île-de-la-Madeleine? », 72 % ont dit non et 28 % ont dit oui. Vous allez sûrement opposer le fait que ce sondage n’est pas scientifique. C’est vrai, mais le fait que 5200 personnes y aient répondu est à prendre très au sérieux, quand on sait que les sondages scientifiques faits par Internet sont pris en considération du moment où au moins 1100 personnes y répondent. Si cela ne vous convainc toujours pas, regardons alors les chiffres de la dernière élection fédérale tenue en 2011 dans la circonscription Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine avec la réalité politique d’aujourd’hui. Philip Toone du NPD avait obtenu 33,7 %, le bloquiste Daniel Côté 31,6 %, le Parti conservateur 17 %, le PLC 15 % et le Parti vert 2,4 %. Sachant que le Bloc québécois n’est plus que l’ombre de lui-même, le vote bloquiste ira davantage à Toone qu’à Normandeau pour diverses raisons. Les souverainistes ne peuvent pas sentir les libéraux. C’est historique : ça date du temps de Trudeau père. Deuxièmement, sur le plan des valeurs politiques, le NPD et le Bloc sont de la même farine, à l’exception près de la souveraineté.

Par ailleurs, Philip Toone fait consensus dans la région pour son travail. Même les libéraux de la région vantent ses mérites. Enfin, la « Trudeaumanie » version 2.0 pourra, au mieux, doubler le score du PLC de 2011. On est loin de la coupe aux lèvres. Mme Normandeau a davantage de chance d’être élue dans un bastion du PLC dans la grande région de Montréal où elle aura le prétexte d’invoquer « un nouveau départ » plutôt que d’être taxée de has been par ses adversaires ici.

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La cimenterie de Port-Daniel défraie aussi la chronique. Les dernières controverses en date concernent une manchette du Journal de Québec qui l’a étiquetée de « poubelle de l’Amérique ». Et l’autre portait sur une prise de bec entre l’écologiste Bilbo Cyr et le préfet de Bonaventure, Jean-Guy Poirier, en lien avec la contestation de Lafarge et des groupes écologistes, devant les tribunaux, du permis accordé par Québec à Ciment McInnis. Poirier d’accuser Cyr de manquer de crédibilité et Cyr d’accuser Poirier de manquer à son devoir d’élu de représenter tous ses concitoyens. Mettons ces petits bobos locaux dans une perspective mondiale. « Au Guatemala, une dispute entre villageois concernant la construction éventuelle d’une cimenterie et d’une autoroute a mené à une violente bagarre où des armes à feu et des machettes ont été utilisées. Au moins huit personnes ont été tuées », rapportait l’Associated Press. La cimenterie de Lafarge en Syrie est « aux mains de l’État islamique » et a « été en partie brûlée », rapportait récemment l’AFP. Oui, ceux-là mêmes qui vous tranchent la gorge…