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21 novembre 2025 13 h 53

Sonde, le plus récent livre de photos de Marius Jomphe

GASPÉ | Après Bruine en 2018 et Passage en 2021, Marius Jomphe récidive avec un troisième ouvrage de photographies, baptisé Sonde.

Cette fois, l’artiste a regroupé des clichés immortalisant tant sa Gaspésie adoptive que sa Côte-Nord native. « Ce sont deux territoires que j’aime travailler. J’ai appelé le livre ainsi parce que le sujet pourrait être notre place en tant qu’espèce animale sur la planète. Ça parle de notre vie ici en braquant les projecteurs non pas sur l’être humain, mais sur d’où elle émerge. »

Fidèle à son habitude, celui qui a enseigné pendant 32 ans au campus de Gaspé du Cégep de la Gaspésie et des Îles s’amuse avec les angles, les profondeurs et les échelles pour jouer sur les perceptions entre le macroscopique et le télescopique. Ses deux terrains de jeu de part et d’autre de l’estuaire lui permettent de naviguer entre le granitaire et le sédimentaire pour composer des images déroutantes. Et bien malin celui qui pourrait discerner si une photo en particulier a été prise à Rivière-au-Tonnerre ou à Rivière-au-Renard.

« Les gens pensent toujours que ce sont des photographies de drone ou de satellite, mais je n’ai ni l’un ni l’autre, lance-t-il en boutade. Tout est une question de perception. Le titre, c’est parce que c’est comme si j’étais une sonde spatiale qui survolait ces deux territoires-là, comme si c’était une exoplanète. J’ai toujours regardé le monde de cette façon. Je faisais déjà des photos comme ça dans les années 1980. Je faisais du drone avant que ce soit inventé. C’est quelque chose qui m’habite depuis toujours. »

En 144 pages, l’homme né à Havre St-Pierre nous projette ainsi dans son univers unique. Bachelier ès arts de l’Université du Québec à Montréal en 1976, Marius Jomphe a également un intéret marqué pour les sciences. Ce n’est donc pas un hasard si la préface est signée par Boucar Diouf, biologiste et océanographe.

« J’ai toujours trouvé beaucoup de poésie dans la description du monde qui est faite par les sciences. Astronomie, biologie, neuroscience; ça m’a toujours fasciné, ce qui donne une certaine vision de l’espèce humaine et de ce que je fais. »

Sonde est également agrémenté d’un essai de Jean-François Aubé, avec qui il avait déjà collaboré comme directeur photo pour Le pays des naufrages. Les mots qui accompagnent les photos viennent contextualiser les images, avec un champ lexical scientifique.

Dans sa démarche photographique, Marius Jomphe aime prendre son temps. Sonde est le fruit d’un travail de cinq ans. Après une séance photo, il peut les laisser décanter pendant au moins un mois avant d’aller les regarder. Son
approche de son art est très organique, se laissant imprégner du monde qui l’entoure.

« Quand je vais à une place, je m’arrange pour y rester le plus longtemps possible. J’appelle ça de l’observation intuitive. Il n’y a pas de raisonnement préalable; c’est en regardant, y retournant et regardant de nouveau que la chose s’identifie. C’est seulement en voyant la photo que ça éclot comme idée. Sur le terrain, il vente, il y a du sable, il pleut, tu as faim et c’est tridimensionnel. Je ramasse du butin et je le regarde bien plus tard. Il faut laisser les choses aller. »

Pour ceux qui veulent admirer le fruit de ce travail, l’ouvrage est disponible dans quelques librairies gaspésiennes et sur le site Web de Marius Jomphe.


Marius Jomphe lors du lancement de Sonde aux Percéides. Photo : Festival Les Percéides