Taxes scolaires : une décision électoraliste et populiste
SAINTE-ANNE-DES-MONTS – Les deux commissions scolaires de la Gaspésie sont unanimes : le remboursement des taxes scolaires des deux prochaines années exigé par le gouvernement Marois a une saveur électoraliste et populiste.
« C’est un discours électoraliste pour avoir la majorité, croit le président de la Commission scolaire des Chic-Chocs, Jean-Pierre Pigeon. C’est une mesure populiste. »
Le point de vue de son homologue de la Commission scolaire René-Lévesque est sensiblement le même. « J’ai l’impression qu’on est dans une situation un peu fragile et qu’on en vient à une décision plus électoraliste et populiste », estime Jean Couture.
Refus et analyse
Pour Jean-Pierre Pigeon, il n’est pas question de se plier à la recommandation. « Je suis outré, fulmine-t-il. Je suis sans connaissance! Assez, c’est assez! Depuis 1998, on fait des coupures partout! Il n’est pas question qu’on rembourse. »
À la Commission scolaire René-Lévesque, on analyse la situation. « C’est désolant, mais je ne suis pas du genre à contrecarrer les règlements, nuance le président, Jean Couture. Mais l’attitude du gouvernement fait surprise. Si on avait eu un gouvernement majoritaire, on n’aurait probablement pas cette situation. C’est difficile à comprendre. »
« La ministre Malavoy nous avait dit d’augmenter les taxes, mais la maîtresse d’école Marois a dit autre chose, s’insurge M. Pigeon. Elle se tire dans le pied. Ce n’est justement pas ce qu’elle devait faire. Le gouvernement devrait plutôt regarder le nombre de fonctionnaires au Complexe G et dans les directions régionales! »
Les deux commissions scolaires sont unanimes : pas question de couper dans les services éducatifs. « On ne veut pas couper dans les services aux élèves », soutient de façon catégorique le président de la Commission scolaire René-Lévesque. « Devrons-nous fermer des écoles?, se questionne, pour sa part, le président de la Commission scolaire des Chic-Chocs. On a signé une convention de partenariat avec la ministre de l’Éducation pour la réussite scolaire. Comment on va faire pour remplir notre mandat? On en perd notre latin. Le gouvernement nous met dans une situation odieuse. »
Avenir des commissions scolaires
Au cours des six prochains mois, le gouvernement entend également, avec cette nouvelle mesure, mettre en place un comité d’experts visant à revoir la structure du système public d’éducation. « Je suis inquiet que Mme Marois parle d’un comité qui aura notamment pour mandat de parler de gouvernance, laisse savoir M. Couture. Le gouvernement pourrait arriver, par exemple, avec un genre de régie éducative avec des élus qui seraient à Rimouski et qui géreraient tout le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. Si c’est le cas, des écoles vont fermer et des services seront coupés. »
Néanmoins, le président de la Commission scolaire René-Lévesque se dit ouvert à une révision de son organisme. « On ne dit pas que les commissions scolaires n’ont pas besoin d’être rafraîchies, surtout au niveau du financement », admet M. Couture.
Sur la possible abolition des commissions scolaires, les deux présidents soutiennent que leur organisme a sa raison d’être. « En région, les gens sont plus proches de leur commission scolaire qu’en ville, estime Jean-Pierre Pigeon. La gestion serait trop lourde pour les écoles. La ministre Malavoy a dit qu’il n’en était pas question d’abolir les commissions scolaires. »
« À la Coalition Avenir Québec, c’est clair, ils veulent abolir, soutient, pour sa part, Jean Couture. Mais l’inconvénient, avec le Parti québécois, c’est qu’il y a une forme d’hypocrisie. Qu’on soit à Capucins ou à Val-d’Espoir, on a le droit aux mêmes services sur le plan constitutionnel. Il ne faut pas qu’on perde l’existence des commissions scolaires dans les régions. »