Tourisme : le modèle coopératif appelé à prendre sa place
CARLETON-SUR-MER - Le modèle coopératif gagne tranquillement du terrain dans le milieu touristique du Québec. Bien que marginal, le phénomène n'échappe pas à la Gaspésie, mais la voie coopérative gagne à être connue.
C’est du moins ce que pensent des participants au forum Coopérative et tourisme, un duo novateur en développement, qui s’est tenu mercredi à Carleton-sur-Mer.
Organisé par la Coopérative de développement régional Gaspésie-les-Îles, l’événement visait à présenter le modèle coopératif aux intervenants du milieu touristique. Une soixantaine d’organismes, d’entreprises et de citoyens ont accepté l’invitation de la CDR.
Actuellement, en Gaspésie, une dizaine de coopératives œuvrent dans le secteur touristique, dont Accès Chics-Chocs, Aube Aventure, et le Géoparc de Percé. Plus de 60 % d’entre-elles ont moins de neuf ans, selon une étude de la Fédération des Coopératives de développement régional du Québec.
« C’est encore méconnu, souligne Yan Tremblay, de la CDR. Alors on tenait à présenter ce modèle, particulièrement celui qui peut regrouper des entreprises, comme les coopératives de solidarité. De par sa capacité à mobiliser des acteurs privés, des citoyens et les intervenants socioéconomiques, on croit que ça peut être porteur pour la région », ajoute-t-il.
Bien que son mode de gouvernance démocratique peut parfois paraître « lourd », la coopérative offre un potentiel intéressant en matière de mobilisation du milieu derrière des objectifs communs, pense M. Tremblay.
Le Géoparc de Percé, qui a mobilisé 25 membres qui ont investi 10 000 $ chacun dans le projet, illustre bien cette dynamique. « Ça pourrait s’appliquer ailleurs aussi, par exemple avec le Mont St-Joseph à Carleton. Actuellement, il y a une corporation de développement, qui pourrait regrouper différents acteurs sous cette approche-là, qui auraient tous l’objectif de développer des infrastructures et services reliés au mont », donne-t-il en exemple.
Le modèle coopératif n’est cependant pas le seul qui permet aux promoteurs touristiques de travailler avec la même vision. « Ça peut se faire avec l’approche d’un organisme à but non lucratif ou avec une entreprise par action ». L’important, selon lui, est de mettre les forces en commun. « On me dit souvent que le modèle en place est archaïque, que tout le monde travaille en silo, chacun de son côté. Pourtant, en tourisme, il y a plein d’occasion dans la région de travailler ensemble sur des produits et services qui peuvent profiter à tous », dit-il.
Trois panélistes ont été invités à présenter leur projet à l’occasion du forum, dont la présidente du Géoparc de Percé, un membre de la Coop VERTE de Saguenay (une auberge jeunesse) et un des membres fondateurs de la Coopérative la Vallée Bras-du-Nord, basée à St-Raymond.
Créée en 2002, cette dernière offre des services de plein-air, dont du vélo de montagne, de la randonnée équestre et du canyoning. En période de pointe, l’entreprise compte une quarantaine d’employés. Son directeur adjoint, Étienne Beaumont, raconte que sans la formule coopérative, l’entreprise n’aurait sans doute pas pu se développer autant.
La coopérative compte parmi ses membres des résidants, agriculteurs, travailleurs forestiers, villégiateurs et entreprises touristiques. « On opère nos activités sur un territoire qui est à la fois en terre privée et publique. Alors ça prenait un modèle d’affaires qui permettait d’intégrer le plus de personnes possible qui, veut veut pas, avaient des intérêts différents. La formule coopérative a permis aux propriétaires privés d’avoir leur mot à dire. C’est comme ça qu’on a réussi à intégrer la communauté dans le projet », raconte-t-il.
Pour plus d’information sur l’économie sociale et les coopératives oeuvrant dans la région, consultez le prochain numéro de notre magazine Graffici Entrepreneuriat Gaspésie Îles-de-la-Madeleine qui sera distribué à la fin du mois d’octobre.