TROIS SOUS ET DEMI PAR QUÉBÉCOIS, ÇA SAUVERAIT LE FESTIVAL EN CHANSON
Trois sous et demi par Québécois, ça sauverait le Festival en chanson
PETITE-VALLÉE — Le Festival en chanson de Petite-Vallée connaît de durs moments financièrement, à cause d’un déficit accumulé de 272 000 $. Le problème découle notamment de coupes de Tourisme Québec depuis 2012, et de l’abolition de la Conférence régionale des élus (CRÉ) et du Centre local de développement (CLD), donc de l’idéologie du gouvernement libéral québécois.
Ces deux facteurs ont coûté 105 000 $ au Festival en chanson, à raison de 80 000 $ n’étant pas venus de Tourisme Québec depuis trois ans, et de 25 000 $ non versés par la CRÉ et le CLD.
La baisse des subventions de Tourisme Québec découle du rapport Rozon, qui recommandait de baser l’appui financier sur la taille des événements, un critère désavantageant les régions, banalisant ainsi le rôle de ciment communautaire joué par les festivals.
Ce ne sont évidemment pas les seules raisons expliquant le difficile passage de Petite-Vallée. Au fil des ans, l’organisation du Festival en chanson s’est très légitimement dotée de moyens pour croître, en agrandissant le Théâtre de la Vieille forge et en créant ses camps. Ces camps de la chanson constituent une nécessité pour former les auteurs-compositeurs-interprètes de demain, et afin de garder des jeunes dans le village de 175 personnes, puisque cinq à six personnes travaillent au camp.
En 2013, l’année financière s’est soldée par un déficit de 170 000 $, dont 45 000 $ découlant du camp. En 2014, la saison touristique a été particulièrement ardue dans le secteur de l’Estran, où se trouve Petite-Vallée.
Or, les 1,5 M$ composant le budget du Festival en chanson ne sont pas générés uniquement par l’événement de 10 jours, mais par un assortiment d’activités, dont les spectacles de l’été et du reste de l’année, par le théâtre, dont la pièce Attention, quatre chasseurs, et par des événements et des campagnes de financement à Montréal et en Gaspésie. Ainsi, quand la saison touristique est ordinaire à Petite-Vallée, elle affecte le financement du festival.
Les administrateurs du festival ne sont pas restés les bras ballants devant les écueils des trois dernières années. Le directeur Alan Côté et son équipe ont pris les moyens pour que les camps s’autofinancent, ce qui devrait être le cas en 2015.
La pièce Attention, quatre chasseurs est jouée à Québec tout l’été, ce qui devrait apporter de l’eau au moulin. Cette pièce a rapporté annuellement entre 40 000 et 50 000 $ nets pendant une décennie. Ce pourrait être davantage cette année.
Aussi, le Festival en chanson s’internationalise, et des alliances avec la France, la Belgique et même des francophiles américains vont vraisemblablement apporter encore de l’eau au moulin.
Le déficit pourrait donc être abaissé quand le Festival en chanson fera ses comptes, le 30 septembre. Mais il serait illusoire de croire qu’il sera réduit au point de crier victoire.
Les besoins créés par une infrastructure importante et le fait d’évoluer dans l’un des plus petits villages du Québec constituent d’importants défis pour l’équipe du festival. Le charme extraordinaire du lieu donne beaucoup d’oxygène à l’événement, puisqu’il est plus facile d’y attirer des cerveaux et des bras pour l’été, mais durant le reste de l’année, peu de personnes le tiennent à bout de bras.
Bref, le Festival en chanson a besoin d’aide. À l’échelle de l’axe Mont-Louis – Madeleine – Grande-Vallée – Petite-Vallée – Cloridorme, redresser un déficit accumulé de 272 000 $ semble insurmontable, et ce l’est probablement.
Le reste de la Gaspésie, qui profite notamment de l’École en chanson, et tout le Québec doivent donc contribuer à sauver l’événement.
Mathématiquement, l’équation est simple. Si chaque Québécois verse trois cents et demi au Festival en chanson, le déficit sera effacé dès cette année.
Il faut collectivement sauver un événement qui représente l’un des meilleurs ambassadeurs de la chanson québécoise depuis 30 ans, sinon le meilleur.
Des retombées importantes pour tout le Québec
Le nombre d’artistes issus de Petite-Vallée est hallucinant. Sans ordre particulier, Daniel Boucher, Catherine Major, Patrice Michaud, Guillaume Arsenault, Bernard Adamus, Lisa Leblanc, Vincent Vallières, Louis-Jean Cormier, Marie-Pierre Arthur et les membres des Hay Babies y sont passés depuis 20 ans.
La nécessité de le sauver va toutefois au-delà de la renommée de ses ressortissants. Combien de chanteurs et de musiciens établis, parce qu’ils y donnent des ateliers de formation, en sortent tout aussi grandis que les concurrents d’hier, devenus auteurs, compositeurs et interprètes depuis que la compétition a été mise de côté à Petite-Vallée?
La musique permet minimalement de rendre les épreuves de la vie supportables, quand elle ne constitue tout simplement pas l’une de ses principales sources de bonheur.
Ainsi, peut-on mettre un prix sur les bienfaits générés par l’événement de Petite-Vallée? Probablement pas, mais il est certain que c’est beaucoup plus élevé que 272 000 $.
Combien de villages de 175 personnes peuvent se passer de spécifications géographiques sur leur région quand ils sont mentionnés dans les médias nationaux? Sans doute aucun à l’exception de Petite-Vallée, et c’est le tour de force qu’ont réussi les artisans du Festival en chanson depuis que le Festival de la parenté, son ancêtre, a été créé en 1983.
Il faut conséquemment leur donner les moyens de continuer.