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Économie
21 juin 2016 11 h 42

Droits pétroliers et légitimité de l’habitation en région

Du même souffle, il continue de mettre en demeure les régions du Québec d’exister dignement et de prospérer à travers une logique de développement patrimoniale de leurs richesses collectives.

Ce modèle de prédation volontaire et affiché – sans gène – n’a d’égal par ailleurs que les traités de libre-échange transnationaux, pour lesquels nos meilleurs défenseurs québécois du néo-libéralisme globalisant, notamment les libéraux de Charest et Couillard, sont prêt à se poser en véritable chevalier de l’apocalypse. Prêt qu’ils sont à toutes les bassesses pour limiter les entraves que pourrait représenter les revendications à la prospérité de leur propre peuple face à ce capital insatiable.

À une autre époque, on parlait de bourgeoise comprador, aujourd’hui on peu parler de la révolte des élites qui se retournent contre leur propre population pour accéder aux bénéfices de faire partie d’une certaine élite mondiale du capital. Si tant est qu’elle existe vraiment, cette élide apatride qui n’habite clairement plus la planète depuis quelques décennies. Pas surprenant qu’elle n’est aucun égard face à son avenir et les populations qui en revendiquent toujours le droit de l’habiter dignement. Ce qui est encore plus consternant, c’est de constater que notre élite politique se colle, comme de vrais petits chiens de poche, à ces extra-terrestres plutôt que regarder avec fierté et audace les meilleures pratiques déjà développées en leur propre pays. Ils nous croient tellement mieux minoritaires dans la grande agglomération que leader et audacieux face aux défis, innombrables, du 21e siècle. Quelle pitié!

Je pense entre autres au modèle d’Esdras Minville, ou encore à Léonard Otis qui, à 92 ans, se bat encore avec toute la dignité qu’on lui connaît pour faire reconnaître le modèle des fermes forestières qui, après 60 ans, produisent encore plus de bois de qualité, de sirop et de territoire de chasse et pêche, et font vivre encore mieux les populations qui les exploitent, contrairement aux projets miniers et pétroliers, prévus pour 25 ans sur des ressources non renouvelables!

Ce qui est aussi paradoxal dans ce projet de loi, notamment par le maintien de l’article concernant le droit d’expropriation des pétrolières, c’est que les populations sont mises en demeure d’exister par leurs moyens propres, alors même que les accords de libre-échange peuvent poursuivre un État qui limite les capacités de croissance du capital d’une corporation s’il applique des lois pour protéger des modèles économiques patrimoniaux, aujourd’hui en violente confrontation avec le modèle financier mondial. L’application de nos lois étant considérée, pour les tenants du libre-échange, comme l’équivalent d’une expropriation des capacités de croissance future du capital!

Devinez quel camp a choisi notre élite apatride. Il faudra donc appliquer de la résistance en société pour arriver à infléchir cette loi déjantée. Il faut réapprendre à constituer des corps sociaux forts pour arrêter ces bulldozers, car actuellement, ils avancent sans être vraiment embêtés.

Une société qui s’appartient et s’envisage ensemble, à travers des lois qui lui donnent corps et qu’elle place, comme un devoir, au dessus d’elle et qui lui propose un avenir doit émerger bientôt du no mans land politique à l’intérieur duquel nous naviguons à vue. Et le naufrage est tout proche, on entend les vagues se briser sur le haut-fond!

Il faut refuser de négocier et de céder une seule parcelle de terre, représentant autant de part d’avenir, à ces pétrolières. Et notre société doit protéger ceux qui se battront contre cette destruction. En même temps, il faut se préparer au projet ultime que représente le pipeline « Energy-East ». Il y a là des enjeux qui dépassent largement ceux de l’acceptabilité sociale, critère subversif d’anesthésie du débat public.

Et en même temps, il faut se battre pour revendiquer les modèles économiques brillants que nos anciens ont bâtis, car après 100 ans, ils enrichissent encore les régions du Québec. Quand on parle de développement durable…