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25 septembre 2015 13 h 13

ENFIN LES VACANCES!

S’épanouiront-ils dans ce milieu? Se feront-ils d’autres amis avec lesquels ils s’inventeront des codes secrets pour me tenir à distance de leur conversation, avec lesquels ils échangeront leur collation en pensant que je l’ignore? Je me rappelle l’ambiance. Ma nervosité avant que j’entre dans l’école, cette minisociété en soi, puis la magie. L’accueil était grandiose, Hawaï, version gaspésienne : l’équipe scolaire rayonnante, la musique rythmée, les jupes à paillettes multicolores, les colliers à fleurs remis à chaque écolier… L’espace d’un instant, j’aurais voulu perdre quelques responsabilités, me fondre parmi les élèves et retrouver un peu de cette innocence. Les enfants auraient pu scander : « Enfin des vacances des parents! C’est malade l’école! » Ils s’embarquaient pour le voyage de l’éducation. J’aimais sentir que le plaisir était synonyme de passeport direct pour l’apprentissage. En 2015, sous le signe de l’austérité, les écoles publiques québécoises sont malades. L’éducation ne représente plus une priorité. Il n’y a que l’équilibre budgétaire qui compte. La leçon est tout autre. Le vocabulaire diffère. Cette année, ma descendance apprend à militer pour protéger son école publique. Par la force des événements, elle fera peut-être partie de cette nouvelle classe politique plus conscientisée. Dans les circonstances actuelles, j’avoue que son avenir est… hypothéqué. Fin de l’éditorial.

Mets le réveil, chéri
À chaque début des classes, je me sens un peu comme au Nouvel An. C’est-à-dire que je suis toujours remplie de bonnes intentions. En évitant d’utiliser le mot « résolutions », je prends des décisions importantes pour que l’année scolaire se déroule en beauté. Et, comme à l’habitude, je formule ma liste de vœux pieux. En pensée, mon cerveau s’applique à mettre fin aux matins désorganisés, à la course de qui arrivera le premier au chemin entre les enfants et l’autobus, aux devoirs dûment faits oubliés sur le coin de la table, aux soirées d’improvisation sur le thème de « Ce n’est pas moi qui prends mon bain en premier! », aux fins de journées interminables à préparer des goûters, dont la moitié aboutira dans le compost. Somme toute, je trouve difficile de ramener la routine délaissée pendant la période estivale et de sortir le réveille-matin perdu au fond d’un tiroir. Les sources de distractions sont multiples. Les grains de sable qui persistent à rester dans la maison même après plusieurs coups de balai et l’oursin qui a pris un aller simple dans la laveuse nous attirent plus vers la plage que vers l’école.

Maman, c’est quoi un Tanguy?
Nouveauté à la maison, j’officialise l’attribution des tâches ménagères. J’exige aussi la collaboration à la préparation des dîners afin de sensibiliser au gaspillage. Si par le passé, le tout se déroulait de façon ponctuelle et informelle, maintenant, chaque membre de la famille a hérité de corvées inscrites sur le calendrier. La répartition des légers travaux se déroule en démocratie sauf pour bébé à qui j’ai imposé le réveil des plus vieux. Sa tâche se résume à être mignonne dès le premier battement de cils de grand frère ou de grande sœur et de nous faire cadeau, tous les matins de la semaine, d’un réveil dans la joie. Pour les parents tentés par l’expérience, il existe plusieurs moyens de procéder : donner des responsabilités en échange d’argent, utiliser un système de points bonis menant à une récompense matérielle ou à une activité familiale spéciale, etc. L’objectif à (très) long terme vise à diminuer le fardeau des parents et à rendre les enfants, dans une certaine mesure, autonomes. Les loupiots en ressentent de la fierté. Ils peuvent même vous surprendre en s’entraidant et en prenant des initiatives. Vous serez également plus conciliant avec eux. Vous rirez à la place de vous emporter quand ils souffriront du syndrome du petit Poucet (État pathologique récurrent qui consiste à laisser derrière soi les moindres traces de son passage permettant à quiconque de reconstituer un événement sans même y avoir assisté.)

Lâcher prise est très 2015
En plus de planifier, de lâcher prise aide à diminuer les sources de stress du moins selon les magazines familiaux que je consulte. Pour vivre une année scolaire sans trop de stress, l’attitude y compte pour beaucoup. Les imprévus représentent autant d’occasions de nous prouver à nous-mêmes. Quel genre de parents êtes-vous?

Un enfant qui part pour l’école avec deux bas différents dans les pieds aura l’air d’être
a)    vraiment pauvre (quoique deux mitaines dans les orteils auraient été pires…),
b)    lunatique (imaginez si en plus il a mis le bas gauche dans le pied droit!),
c)    naïf (la laveuse ne se nourrit pas réellement de chaussettes…),
d)    débrouillard, écologique, voire artistique.

Un fiston qui revient à la maison avec un pantalon troué au genou et une semelle arrachée est selon vous
a)    le dernier d’une très grosse famille,
b)    une future vedette de rock,
c)    un adepte de la simplicité volontaire,
d)    un sportif, enjoué d’avoir marqué deux buts au soccer et aussi un peu dur sur le matériel.

Votre maison est sens dessus dessous parce que
a)    vous avez reconduit votre fille à son cours de piscine, puis votre fils à sa pratique de hockey et, à votre retour, vous avez ignoré la pile de linge, style tour de Pise, qui s’accumule dans la salle à laver;
b)    vous avez préféré jouer à un jeu de société avec les ti-loups plutôt que de vous ratatiner les mains dans l’eau de vaisselle;
c)    vous avez aidé les enfants dans leurs devoirs au lieu de passer la vadrouille et de renouer avec la véritable couleur de votre plancher;
d)    Toutes ces réponses.

Mon bilan
Après quelques semaines d’école, comment je m’en sors? Eh bien, en plein milieu de la semaine à 20 h 23, il n’y a pas âme qui s’active dans la maison. Que des ronflements! Nous sommes toujours en plein décalage scolaire. Et, le temps que la situation soit parfaitement maîtrisée, ce sera le temps de s’exclamer « Enfin les vacances des fêtes! »

NOTE DE LA RÉDACTION
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