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Blogue citoyen

10 novembre 2015 17 h 00

EXPLORAMER, AQUAMER, MÊME COMBAT?

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C’est un musée me direz-vous, avec un volet éducatif et scientifique et qu’il y a d’autres institutions ailleurs qui ont des entrées de fonds récurrentes pour les garder en vie.

Soit, le point se discute et le ministre a clairement demandé une analyse et un plan de relance. Il a plutôt reçu une lettre annonçant la fermeture définitive. Difficile d’y voir clair.

Une chose est certaine cependant, on doit conserver nos acquis et se battre férocement. Si un gouvernement nous parachute un musée dans le milieu pour faire du développement et s’attend à ce qu’on le rentabilise, c’est un cadeau empoisonné. Ça ne fait pas de profit une organisation comme celle-là. Tu vises l’équilibre, un peu de surplus pour le développement et voilà.
De plus, je ne peux qu’être en admiration devant le travail accompli par la communauté de Ste-Anne-des-Monts pour conserver Exploramer. Les phrases du genre : « Vingt-six personnes, c’est comme si 2000 personnes perdaient leur emploi à Québec. La région recule de 20 ans », prononcées par M. Gilles Thériault furent reprises par les médias et ont marqué la population. Mme Micheline Pelletier, maire de Ste-Anne-des-Monts, a pris clairement position et le ministre Jean D’Amour a été forcé de se positionner à son tour. J’aime ça! Et je souhaite que cette aventure continue.

De l’autre côté de la péninsule, à Carleton-sur-Mer, il y a eu une autre fermeture. Une belle entreprise, à saveur maritime, qui a fait rayonner la ville durant de nombreuses années. Aquamer. Environ 30 emplois ont été perdus, presque le même nombre qu’Exploramer. Et comme Exploramer, Aquamer participait au dynamisme économique du coin. Les clients de la thalassothérapie représentaient une clientèle souvent aisée qui se plaisait à dépenser dans nos commerces locaux.
Contrairement à Exploramer, Aquamer était rentable et suffisait à ses besoins, sans ponction de fonds publics. Au même titre que le CA d’Exploramer a jeté la serviette, les propriétaires d’Aquamer, ont tiré leur révérence vers une retraite tardive très méritée.

On peut reprocher plusieurs choses aux deux organisations. Gérer une entreprise est du sport extrême, qu’elle soit publique, privée, à but lucratif ou non. Même combat. On doit tenter de tirer le meilleur du jeu que l’on a en main.
Et autant, je suis ravi de voir la bagarre pour conserver Exploramer, autant je suis demeuré perplexe devant le silence de la communauté devant la fermeture d’Aquamer. Les médias l’ont annoncée, et ce fut probablement le seul bruit entendu. Pourquoi?

Même nombre d’emplois, mission orientée vers la mer, création de dynamisme économique, apport de revenus neufs de l’extérieur.

Pas un mot de la communauté, pas un mot du maire. Aquamer ferme. Ah? Bon.

Oui, mais c’est une entreprise privée m’a-t-on dit. Ça change quoi? Les retombées pour la communauté sont les mêmes, mais quand c’est généré par une entreprise privée la perte n’est pas grave?

Tout ça pour dire que le silence de mort qui règne depuis la fermeture de l’Aquamer dans la Baie-des-Chaleurs met en exergue l’attention disproportionnée qu’on accorde aux organismes à but non lucratif. Ils ont une place très importante dans l’économie, il n’y a pas de doute. Mais qu’on laisse des entreprises privées fermer sans rien tenter me stupéfie.

Aquamer a eu son lot de financement public dans le passé. Plusieurs subventions ont accompagné son développement. Y’a un peu de nous autres là-dedans.

Est-ce que Ste-Anne-des-Monts peut se passer d’Exploramer?   Non.

Est-ce que Carleton-sur-Mer peut se passer d’Aquamer? Non.

La vie continue, on peut faire avec, mais on perd des actifs collectifs symboliques.

On rue dans les brancards pour sauver des organismes à but non lucratif et on laisse mourir de belles entreprises. L’entrepreneur honteux d’être dans une situation financière précaire ou de vivre l’absence de relève finit par disparaître sans faire de bruit.

« À mort les vilaines entreprises privées! »

« Sauvons les organismes à but non lucratif! »

Je caricature un peu, mais jetez un œil à l’actualité régionale et vous pourrez faire votre opinion sur le sujet.

En attendant, je vous suggère d’être solidaire avec une belle entreprise, qui vit des difficultés financières et qu’il serait catastrophique de perdre : la Ferme Bourdages. C’est une entreprise à but lucratif, un phare pour l’industrie agroalimentaire gaspésienne. Une des rares entreprises à faire de la deuxième transformation à partir de ses propres cultures. On ne fera pas de manifestation, et personne ne va appeler le ministre pour menacer de fermer. Mais si on met sur notre table leurs produits, ne serait-ce qu’une fois par semaine, on va leur donner un sacré coup de pouce. Ce n’est pas de la charité, car leurs produits sont de bonne qualité : pâté, tarte, confiture et leur gamme d’alcool est à découvrir.

La consommation locale sera toujours plus forte pour l’économie que les subventions du gouvernement.
Donc, sauvons Exploramer, sauvons la Ferme Bourdages, et pour ce qui est d’Aquamer, je n’en ai aucune idée. N’empêche que ça ferait une belle usine de chocolat 😉