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19 mars 2015 12 h 02

FAIRE FACE À L’AUSTÉRITÉ, MODE D’EMPLOI

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ARÈNE POLITIQUE, COIN GAUCHE

L’AUSTÉRITÉ SELON PASCAL ALAIN

CARLETON-SUR-MER — Les architectes de l’austérité veulent nous amener sur l’autoroute néolibérale du XXIe siècle, en redéfinissant radicalement le rôle de l’état. En jetant aux poubelles le modèle québécois d’un État qui, jusqu’à tout récemment, intervenait dans l’économie en se souciant des travailleurs et qui accompagnait le citoyen en lui garantissant des droits (santé, éducation, programmes sociaux, etc.). Le gouvernement québécois crée une rupture dangereuse actuellement.

L’austérité revêt plusieurs masques. L’atteinte du déficit zéro est une étape parmi tant d’autres. Tout est réfléchi. Au-delà des chiffres, c’est la transformation profonde de l’état qui prime. Le Québécois moyen n’est plus un travailleur, un producteur de richesses. Il deviendra, si nous ne réagissons pas, un consommateur de services, un simple utilisateur-payeur. Plus un citoyen, en somme, mais un portefeuille monté sur pattes.

L’austérité entend briser ce pacte social entre l’État et le peuple québécois. Ce pacte était en vigueur depuis la Révolution tranquille. Il nous permettait d’utiliser l’État pour maintenir notre distinction comme société en Amérique du Nord.

MAIS QU’EST-CE QUE L’AUSTÉRITÉ?
Le mot « austérité » vient du latin austeritas qui signifie « saveur âpre, sévérité, gravité, sérieux ». Transposée sur le plan économique, l’austérité est une politique qui vise à compresser les dépenses publiques dans une situation où une économie connaît des difficultés ou se trouve en état de crise. En réduisant la taille de l’économie publique depuis 2010, le gouvernement du Québec applique donc une politique austère pour arriver à ses fins.

Pour quelle raison un État prend-il la voie de l’austérité? En théorie, l’austérité, par l’entremise de compressions budgétaires, nous permettra d’atteindre le sacro-saint équilibre budgétaire. On nous gave de cet argument depuis un certain temps. Par l’entremise de la démagogie, on parvient même à rallier à cette cause des gens de classes sociales très différentes. Dans les faits, l’austérité propose des changements beaucoup plus profonds

LIBÉRAUX ET PÉQUISTES DANS LE MÊME BATEAU
L’austérité est une tendance mondiale portée par les partis de droite. Le Québec n’est visiblement pas à l’abri de telles dérives idéologiques, que le gouvernement soit péquiste ou libéral.
En effet, il serait naïf de croire que le PQ ne portera jamais le masque de l’austérité, puisqu’au cours de leur dernier règne de dix-huit mois, le parti a flirté à sa façon avec l’idéologie, en compressant également les dépenses publiques.

Un changement de parti au pouvoir ne mettra donc pas fin aux politiques d’austérité, à moins de voir Québec Solidaire former le prochain gouvernement, ce qui est peu probable.

Les libéraux de Philippe Couillard n’ont jamais dit qu’ils adopteraient de telles politiques durant la campagne électorale. Pourquoi ne pas adopter une loi qui punirait tout gouvernement qui trompe le peuple avec ses promesses? Il perdrait alors le pouvoir et serait forcé de déclencher de nouvelles élections.

UNE LEVÉE DE BOUCLIERS S’IMPOSE
Quel genre de société voulons-nous? Doit-on redéfinir nos valeurs ou, au contraire, les consolider pour les générations futures? En appliquant une politique d’austérité, le gouvernement a-t-il tort ou raison? La question est légitime. Pour ma part, je crois qu’il fait vraiment fausse route et qu’une levée de boucliers historique s’impose. Voici pourquoi.

En s’informant le moindrement, on constate que l’austérité ne fonctionne pas depuis la Grande Dépression des années 1930. Néanmoins, des gouvernements élus s’acharnent à appliquer cette idéologie de droite, faisant ainsi croire aux électeurs qu’ils donnent l’exemple en dépensant prudemment, alors qu’il n’en est rien.

ÊTRE SOLIDAIRE!
Quoi faire? Ce que les Gaspésiens, pour ne pas dire les Québécois, ont, hélas, du mal à faire : être solidaire, sans limites.

L’austérité est au service de la minorité la plus nantie. Il n’y a donc aucune raison de ne pas voir la très grande majorité des Gaspésiens marcher dans la rue et se mobiliser contre un système qui ne fait que privilégier qu’une infime minorité de la population.

Il faut adhérer à la coalition Touche pas à ma région!

Il faut informer les gens, les sensibiliser!

Il faut former des citoyens au regard critique!

Les gouvernements austères cherchent à diviser la population en manipulant l’information et l’opinion publique. Cette division fonctionne puisque des Québécois sont en faveur de la fermeture de la Gaspésie…

La Gaspésie et tout le Québec doivent augmenter la mobilisation et s’offrir un véritable rapport de force face à ce gouvernement.

Il faut faire naître des mouvements sociaux et syndicaux qui déclencheront une grève sociale sans précédent.

Les défis sont considérables pour arriver à réunir les conditions nécessaires pour une mobilisation sociale et syndicale assez forte pour ébranler les colonnes du temple du gouvernement libéral.

L’ESPOIR RÉSIDE DANS LA MOBILISATION
Une fois pour toutes, si l’avenir de la Gaspésie nous préoccupe, nous devons mettre fin aux luttes sectorielles qui ne font que nous affaiblir et démontrer notre manque de solidarité.

Étudiants, écologistes, féministes, progressistes, gens d’affaires, de la santé, du communautaire doivent marcher ensemble. Tout le mouvement syndical doit se joindre à ce mouvement et voir au-delà de leurs revendications trop souvent sectaires.

L’austérité économique n’est que la pointe de l’iceberg. L’austérité sociale et politique nous fera reculer dangereusement sur le plan démocratique. On assiste à un important renforcement autoritaire de l’État.

COMME GASPÉSIEN, PRENONS NOTRE PLACE
Notre lutte contre un état qui s’adresse désormais à la classe la plus riche doit se faire au quotidien. Elle doit se faire de façon assumée dans tous les lieux de travail.

La précarité de nos finances publiques ne devrait pas nous empêcher, bien au contraire, de trouver des solutions pour augmenter les revenus de l’État et éviter l’austérité.

L’évasion fiscale, par exemple, prive le Québec de 3,5 milliards de dollars chaque année. Qu’attend-on pour s’occuper de ce problème, au lieu de démanteler des programmes sociaux et des structures régionales sans aucune consultation?

Le remède contre l’austérité ne proviendra pas de la Gaspésie, mais de TOUT le Québec.

Par contre, la Gaspésie doit se faire entendre! Nous devons jeter ensemble les bases d’une économie qui repose sur le coopératisme et qui tend vers l’autosuffisance. Plus que jamais, nous devons acheter local, bâtir des réseaux, militer pour préserver nos droits durement acquis.

Devant ce rouleau compresseur, résistons!