FORÊT EN PARLER SÉRIEUSEMENT!
Ça me rappelle aussi que plusieurs Gaspésiens vivent de la forêt et que, malgré les crises successives affrontées par cette industrie, plusieurs centaines des nôtres en vivent toujours. En 2013, ils étaient 1 170 à faire leur pain et leur beurre de cette industrie.
Cela me ramène à songer également que la Gaspésie est une « région ressource », c’est-à-dire qu’une part importante de notre économie est basée sur l’exploitation des ressources naturelles. Dans une région ressources on exploite beaucoup et on transforme peu. Trop peu! C’est donc dire qu’il y a d’autres régions qui transforment nos ressources et qui, ainsi, génèrent le plus de richesses pour elles que pour nous.
Selon Statistiques Canada, entre 1997 et 2002, l’industrie productrice de biens générait en moyenne 49,05 $ de PIB de l’heure travaillée alors que l’agriculture, la foresterie et l’extraction minière généraient chacune 38,15 $ de PIB. Autrement dit, transformer la ressource génère 25 % plus de PIB que la cueillir. Ce n’est pas peu dire!
Mais revenons spécifiquement à l’industrie forestière. En 2013, avec ses 19 530 km2, la forêt gaspésienne fournissait du boulot, sans jeu de mots, à 1170 Gaspésiens. De ce nombre 77 % (900) travaillait en forêt à la cueillette ou à la gestion de la ressource.
Parallèlement à nos activités de « jardiniers », avec ses 41 km2 de forêt, essentiellement le mont Royal, la région de Montréal comptait pour elle seule quelque 5 022 emplois reliés à la forêt. Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre que notre bois créer de la richesse ailleurs. Vous savez? Cet « Ailleurs », qui trouve que nos régions coûtent trop cher… Cet « Ailleurs », qui nourrit une foule de préjugés à notre égard.
Certes, l’exemple de la métropole est patent, mais il n’y a pas que les Montréalais qui vivent aux dépens de nos ressources. Prenons l’exemple de Laval qui, avec ses 246 km2 de forêt, fournit du travail à 486 personnes, mais aucun d’eux n’œuvre à la cueillette ni à la gestion ou à la préservation de la ressource. Non!
Chaque fois que j’analyse la réalité des régions et que je la compare à la réalité plus large du Québec urbain, un fait m’apparaît évident. Nos régions, spécialement la Gaspésie, sont le poumon économique, démographique et culturel des grands centres.
Je sais. Je radote! Mais, tant et aussi longtemps qu’il y aura des Gaspésiens qui n’en seront pas convaincus, tant et aussi longtemps qu’il y aura un nombre important de Québécois qui pensent que les Gaspésiens sont paresseux et vivent aux dépens de l’État, tant et aussi longtemps que je serai suffisamment attaché à mon Québec pour ne pas être indifférent à la bêtise de certains de ses habitants… je martèlerai ce message.
Car, appauvrir les régions ressources se traduit, à moyen et long terme, par un appauvrissement des régions périphériques… et, inévitablement, du Québec tout entier. Qu’on se le dise!
En terminant, j’aimerais vous soumettre une idée sur la mobilisation et cela m’est venu de la sortie faite par des élus locaux lors de la visite du président de leur union municipale, la Fédération québécoise des municipalités (FQM), en Gaspésie récemment.
On le sait, les municipalités auront bientôt à négocier un nouveau pacte fiscal avec le gouvernement du Québec et on sent l’inquiétude chez les élus. La sortie du préfet sortant Jean-Guy Poirier et du maire de Percé André Boudreau, a été claire à cet égard et, normalement, les élus municipaux, nos élus municipaux, devraient nous appeler, nous les contribuables, à la mobilisation.
Serons-nous derrière eux pour les soutenir? Sommes-nous prêts à nous mobiliser pour supporter notre gouvernement de proximité? J’en doute, malheureusement. Pour toutes sortes de raisons. Spécialement parce que, avec le temps, on devient insensible aux catastrophes.
Je vais donc me consoler avec le bruit des marteaux. Déjà, les murs de l’atelier de mon voisin prennent forme.